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La Philosophie d'Alan Watts
17 novembre 2012

Place de la Philosophie d'Alan Watts 1/2

Tout à la fin du XX° Siècle, il existait encore dans l'extrême sud de l'Amérique une petite population de vieillards possèdant une particularité génétique recessive remontant à plus de 15 000 ans. Cette particularité, depuis lors, a probablement disparue à tout jamais. Car, pour survivre, les enfants et petits enfants de cette petite population n'avait plus eu d'autre choix que celui de se fondre dans la masse des autres êtres humains. Je ne saurais vous en dire plus, faute d'une culture scientifique suffisante.

Je mentionne ce détail pour sa longueur de temps : 15 000 ans. Une particularité parmi toutes les variétés génétiques de la vie humaine vient de disparaître à tout jamais de la surface de la Terre. Voici à peine une dizaine ou une quinzaine d'années...

 

Mais, tout de même, cette particularité aura vécue 15 000 ans!

Telle qu'elle était encore voici une cinquantaine d'années, cette population constituait donc un peuple survivant de la protohistoire. Quand on parle des espèces en voie de disparition, on songe aux espèces animales, et rarement aux espèces humaines. On oublie aussi les échelles du temps, et cette caractéristique de toute vie, de toute espèce végétale, animale ou humaine : le temps plus ou moins long et pénible qu'elle met à naître, -à apparaître au royaume de l'existence des formes et des nominations-, ET le temps extrèmement bref et sans douleur qu'elle met à disparaître. Munissez-vous d'une pierre, allez voir votre voisin, fracassez son crane... vous saurez le plus "expérimentalement" du monde combien cette même vie, -si merveilleuse!-, est fragile. Je déconseille fortement le suicide : il ne saurait être "expérimental" puisque non renouvelable à volonté, contrairement au meurtre qu'il s'agisse de celui d'un minéral, d'un végêtal, d'un animal ou de votre voisin de palier.

Je ne me risquerai à aucun exposé précis. Le risque d'induire en erreur serait trop pesant.

 

Avant de traiter du Bouddha Sakyamuni, ou de la bouddhéité qui est en chacun, il n'est pas inutile de secouer un peu nos idées reçues et nos prêts-à-penser qui engonzent l'intuition que nous pourrions avoir de ce que signifient des expressions telles que "Tradition Primordiale", et donc "Philosophie Perenne", l'ésotérisme de notre corps génétique, physique, culturel, spirituel. Il est assez habituel de diviser les choses en trois Anima, Animus, Spiritus (ou si on veut, notre "animalité", notre "humanité" et notre "divinité"). Personnellement, je n'ai jamais tenté de les apprendre par coeur, mais il est bon de savoir que cette division peut se subdiviser en 21, 63 ou 99 parties, venant ainsi illustrer le célèbre apophregme taoïste : L'Un se fit Deux et créa les Dix Mille choses.

A propos de ces poussières de tapis mental - à fortement secouer, je signale que mon surf internautique m'a permis de me souvenir d'un fait (que je n'ai pas appris sur les bancs de la fac, mais en lisant James Bond, volume On ne vit que deux fois.) : si la culture japonaise est massivement d'origine chinoise, quelques peuplades du nord sont génétiquement d'origine tibétaine, d'autres plus récentes d'origine coréenne.

Moi, je suis d'origine celtique (bretonne) ; et vous ?

ATTENTION ! Je ne suis pas là en train de vous faire un cours quelconque de Culture Générale. Je tente de préparer la scène du théâtre de nos idées et opinions illusoires au milieu de laquelle je veux placer Alan Watts nous entretenant de nous-mêmes : moi, toi, lui ou elle, les autres, frères et soeurs en humanité terrienne autant que céleste !

 

Le point, pour sa part plus philosophiquement recevable et peu discutable, étant que je ne vois aucune raison d'accorder plus d'importance aux révolutions républicaine, laïque, freudienne, politique ou monétaire, lesquelles ne datent que de quelques années, qu'à la "protohistoire", qui nous fait au moins dans les 10 000 ans d'age.

Et ceci tout en gardant présent dans un coin de l'esprit l'échelle du temps : faites ce qu'on appelle un "rappel à soi", entrez en méditation ou "centrez vous dans l'oubli1", vous connaîtrez un instant d'éternité... quelques secondes fugaces.

 

La Contre-Culture, que l'on peut élargir sur une trentaine d'années, de 1950 à 1980, eut cette intuition de revoir, de ré-examiner cette question du rapport du temps et du sens de la durée vécue. Tout particulièrement lorsqu'elle visa un renouvellement poétique de notre approche du moderne, une sorte de Révolution Intérieure, la Contre-Culture avait pour première révolte le refus de se plier aux exigences horaires du travail, de la croissance économique comme des loisirs et leurs consommation & production de déchets. A un moment donné (en gros 1965-68), on aurait pu croire qu'une grande vague de fond secouait l'ensemble de la jeunesse mondiale. Le reflux ne tarda pas, laissant derrière lui quelques ilots où se réfugièrent quelques-uns, tels que Garry Snyder ou Allen Ginsberg pour ne citer que deux noms phares. La grande révolte mondiale, la douceur des "enfants fleurs" comme le sursaut libertaire, écologique et poétique devint ou redevint minoritaire, très minoritaire. Certains de ses aspects esthétiques et artistiques demeurent, comme de fragiles passerelles offertes aux communautés des nouvelles générations...

 

Hier au soir, en surfant sur la toile, je suis tombé sur cette définition : «Le vocable de communauté désigne toutes les expériences de fuite hors du monde moderne, ainsi que toutes les formes de recherches de vie nouvelle que cette fuite implique.» (Bernard Lacroix, Revue Française de Science Politique, juin 1974)

Plus près de nous, j'ai également trouvé un texte d' Henri Arvon, dont je connaissais déjà les travaux sur l'anarchisme : «C'est au travers une double hostilité envers le monde occidental et le monde socialiste, envers la société de consommation et la bureaucratie totalitaire, que le gauchisme revendique un monde où le bonheur dépende non pas de la conquête et de la destruction de la nature accomplies au profit d'une aveugle croissance économique mais de la réconciliation avec elle.» (Henri Arvon, Le gauchisme, PUF 74, reéd. 77, p 10) Je souligne...

 

Dans ma pérégrination cliquetante sur l'Internet, j'ai rencontré divers autres auteurs tels que Jean Baudrillard, pour son étude sur la société de consommation (1985), Pierre Clastres, pour sa Société contre l’État (1974, reéd 2011), Ivan Illich bien sûr (mais lui, je connais ses écrits depuis très longtemps, via son parallèle entre l'organisation de l’Église Catholique et celle de la General Motors, dans la revue Esprit). Avant "Socrate, fonctionnaire", de Thuillier, c'était en somme «Mon curé fait du management».

Il est à relever, me semble-t-il, que ces auteurs (auxquels on peut ajouter des personnages aussi différents que Malinowsky, Margaret Mead, Claude Levy-Strauss, Konrad Lorenz, Jean Malaurie, René Dumont, Théodore Monod et combien d'autres!2) ont en commun de ne pas faire dépendre le sort du monde de la sortie de quéquette de celui-ci ou des malversations boursières de celui-là.

 

On l'aura compris, je cherchais quelques repères pour y dessiner et y accrocher les décors de fond d'un imaginaire tréteau sur lequel le discours philosophique d'Alan Watts puisse prendre place dans sa singularité toujours actuelle (j'ai presque envie d'ajouter : hélas!).

Ces décors de fond dressés, j'y placerai des points de vue (en langue française) sur la Philosophie, ou du moins, la pensée philosophique d'Alan Watts.

 

Enfin, je vous indiquerai quelle est la direction exacte de la Libération, la Sagesse, l'Immortalité ou plus techniquement exprimé le Bonheur-Liberté. Mot composé par S. C. Kolm.

Nous, en Occident Moderne (& Orient Moderne), nous avons tellement pris l'habitude de tout analyser (avant même la moindre compréhension de ce qui fait l'objet de cette analyse) qu'il n'est plus possible de traduire une conception orientale par un seul mot de nos langues occidentales modernes, et qu'il est devenu indispensable de rendre une notion orientale par un composé, éventuellement assorti d'un épithète venant en préciser le sens. (Certaines notions occidentales, antérieures au XIII° siècle, seraient à même de rendre mot pour mot divers concepts d'Orient, mais comme chacun l'apprend encore dans l'enseignement confessionnel aussi bien que laïc : les théologies et philosophies médiévales sont très-très moyenâgeuses, obscurantistes et pouilleuses... la peste et le choléra de la pensée positiviste, rationaliste, objectiviste et scientiste.)

Bien sûr, je n'en donnerai que la Direction (l'un des sens de "dao", un autre étant "dire"), qu'en regard d'un Tao indicible (Le Tao que l'on nomme n'est pas le Tao véritable ; le nom que l'on peut dire n'est pas le nom véritable.)

Ma prétention d'indiquer la bonne direction est bien moins grande qu'il n'y parait.

 

Il faut reconnaître qu'Alan Watts n'est pas accessible à illettré, mais il est non moins clair qu'il ne s'adresse pas à la société savante. J'avais beaucoup aimé le tout premier commentaire qui fut fait à la première édition en langue française de "Bouddhisme Zen" (Payot) : c'était un divulgateur.

Divulgateur des pensées orientales, il le reste mais bien peu. Les pensées, l'esthétique, la réalité quotidienne des peuples d'Orient abondent aux rayons des grandes librairies comme des disquaires, des vendeurs de produits audio-visuels les plus divers comme, gratis ou à faible coût, sur le Net.

Aussi invraisemblable que cela paraisse ainsi formulé : Alan Watts demeure un dangereux révolutionnaire sous un angle incroyable, celui que l'Orient me concerne moi et que "moi" (mais votre "moi" aussi) reste conditionné par l'alternative d'une antinomie supposée irréductible : vous "croyez en Dieu" ou vous "n'y croyez pas". Cette antinomie fausse toute approche de nos expériences tant corporelles que psychiques, religieuses que mystiques. On les a mis dans un fourre-tout de "spiritualité". On y embrouille tout. Et, surtout, on s'y embrouille soi-même et on trouble notre relation aux autres.

 

L'arbre se reconnaît à ses fruits. Peu importe que ceci soit vrai et que ceci soit faux ; il pèse seulement que ceci ou cela soit bénéfique dans ses résultats, source d'apaisement et de joie dans la relation aux autres et aux objets du monde.

En effet de retour, on s'aperçoit alors que somme toute je puis m'aimer moi-même et participer au festin du samsara, quoique de plus en plus ouvert et perméable au nirvana, ou, comme pour ainsi dire, s'en laisser aller au fil du Tao.

Il n'y a pas d'inconvénient à émettre l'idée de déification, sous réserve que ce dieu que l'on incarne soi-même soit compatissant, apaisant mais pas trop ennuyeux.

 

 

1Il est généralement dit "assis dans l'oubli" mais cette "assise" signifie plutôt "assiete" au sens de "l'assiète d'un cavalier", c'est à dire bien centré dans le ventre, ainsi qu'il est dit que l'on est bouddha couché, assis, debout. Les pratiquants du Chan/Zen ajoutant "immobile" et "en marche", et compliquant les choses en terminant l'explication de l'affirmation qu'il ne faut pas confondre le mouvement immobile et l'immobilité en mouvement (ce n'est pas un koan, c'est la simple constatation que l'on peut immobiliser son corps tout en vagabondant mentalement par monts et par vaux. Et, quoique plus subtil à percevoir, que la réciproque est également vraie.)

2cf. par exemple, http://www.fabula.org/atelier.php?La_collection_Terre_humaine%3A_dans_et_hors_de_la_litt%26eacute%3Brature

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