Devoirs de Vacances (3/3)
Devoirs (& amusements) de vacances
Ego cosmétique et ego cosmique
Puisque le terme de signification de la splendeur du Soleil s'utilise comme signification de Dieu, il faut en dire un peu plus, au sujet du Signe : à priori il ne laisse qu'une alternative. Soit l'être humain est débiteur du signe1, soit il en est le créateur et sa nature est celle d'un producteur de signes.
Ce qui revient à dire que l'existence humaine a un sens ou n'en a pas.
Que le sens de l'existence nous vient du dehors ou de nous-mêmes,
Qu'il y a d'abord l'essence ou l'existence,
Que ce sens est transmis par diverses idéologies rivales, souvent en conflit – éventuellement guerrier.
Qu'elles pourraient peut-être aller ensemble... voire de concert !
Qu'à moins de se plier à la loi du plus fort (ou du plus avantageux pour soi-même, ce que Chogyam Trungpa qualifia de « matérialisme spirituel »), comment trouver le Juste Sens des choses et s'y accorder ?
Et, comment trouver cette part spécifiquement faite pour chacun d'entre nous ?
Mais, qu'à poser cette dernière question dépourvue de toute alternative se dénote un ''esprit religieux'', pour lequel le Tout a un Sens & Tout est signe de ce Sens de l'existence humaine & qu'il nous appartient de le déchiffrer, il convient d'y regarder d'un peu plus près. Le mot ''chiffre'' nous vient du sanskrit sunya (vide) qui passant par les arabes au Moyen-Age nous a donné chiffra, pour signifier ''zéro'' ou ''secret''. J'allais écrire : jusque là, c'est pas grave ! Car, ensuite, force est de constater que ce ''chiffre'' peut aussi bien concerner une réalité, un fait, un acte ou l'énoncé de ceux-ci. Et, dans ce deuxième cas, il est indispensable de connaître le langage utilisé, le mode d'emploi du déchiffrement. Tout français de ma génération et antérieure connaît au moins un vers de Verlaine du fait qu'il servit de chiffre au Débarquement Allié en Normandie, sa première partie « Les feuilles mortes de l'automne... » signifiant (= étant le signe de se mettre) en alerte et la seconde partie « …bercent mon cœur d'une langueur monotone » donnant le signal du commencement des opérations. On peut noter que ce chiffre est purement conventionnel. Par rapport au sujet de ces lignes, il s'agit d'autres choses, notamment deux :
La réalité d'un menhir (ou d'une stupa primitive) que les uns assurereront qu'il est un symbole religieux dont on ignore la signification exacte et les autres qu'il est un gros caillou planté en terre dont on se demande l'utilité. Le signe n'est plus exclusivement conventionnel : sa réalité objective peut peser plusieurs tonnes...
Le sens du Sacré, la relation directe à l'Univers, le comportement physique ou mental suscité par l'existence même d'une Nature, qui nous environne de toute part et nous affecte (par exemple de sa chaleur ou de sa puanteur), fonde toute religion comme toute science athée2. Empruntons sans attendre un chemin de traverse : les religions (& les libres penseurs eux-mêmes) énoncent ces réalités naturelles et dictent les comportements que l'on Doit avoir face à ces réalités. Et, elles ne sont pas toujours d'accord sur ces énoncés et ces comportements ''adaptés'' ; on peut remarquer que plus elles en font des discours, des doctrines, des règles plus elles ont tendance à oublier l'objet référencé par ces discours pour se concentrer sur la propagande de ceux-ci (joignant au besoin le sabre au goupillon). Leurs discours en devient aussi conventionnel qu'un chiffre de service secret, avec d'ailleurs des conséquences souvent aussi bellicistes.
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1- Ces billets de vacances, ajoutés les uns aux autres, produisent un effet assez loufoque (je suppose). Ils suivent la pente de mes associations d'idées, avec ses changements de niveaux, de catégories, voire de point de vue. Quel en est le fil conducteur ? Difficile à dire, c'est une jungle.
Mais, la Nature elle-même n'est-elle pas une immense jungle, un immense amas chaotique, que la pensée voudrait réduire à sa merci classifiante et géométriquement ordonnée ?
2- La première de toutes ces associations d'idées provient d'évidence (à mes yeux) de ce que j'ai été choqué d'une publicité à la télé dans laquelle une marque de déodorant ironise sur l'opposition de la sueur comme facteur positif et de la sueur comme facteur négatif. Elle entend nous faire penser que tout aspect positif de la sueur est une erreur, voire l'expression d'une certaine imbécillité générale, mais que – grâce à son produit d'une efficacité incomparable – le problème peut être purement et simplement supprimé : plus de sueur, donc d'interrogation à avoir sur ses aspect attrayants ou ses aspects repoussants. (Le spot publicitaire et moi-même laissons de côté la fonction d'homéostasie thermique de la sueur).
Se laisser aller à ses associations d'idées peut être très amusant (de grands comiques, tels Fernand Raynaud ou Coluche le prouvent sans qu'il soit besoin de faire spécifiquement appel à la lexicographie comme Raymond Devos s'en était fait la spécialité) ; cela permet de se libérer de la biblio-latrie et faire l'expérience hilarante que débattre de mots sans avoir l'expérience de la chose à laquelle ils se référent est stérile et inutile pour avancer sur le terrain. Lequel ''terrain'' est celui de ma vie à moi de tous les jours à moi, les miens et pas ceux du voisin ou de ma voisine au demeurant charmante. Toute chose bien terre à terre...
Progresser sur une voie de libération ne consiste pas à passer d'un chapitre à l'autre de nos croyances, mais à marcher sur le terrain tel qu'il est, par un soleil ou une pluie tel qu'ils sont. Se contenter de croire en sa propre expérience de la vie humaine peut être aussi néfaste à long terme que de se fier, de croire sur parole ce qu'en dit le manuel.
D'un autre côté, d'obéir à la seule loi de son expérience personnelle peut induire à l'erreur. A court terme, l'expérience prouve qu'aller chez le dentiste est au moins, - le plus souvent -, désagréable. Donc, évitons de prendre rendez-vous....une leçon qu'inspire l'expérience ?
Clarifier intellectuellement un problème peut ne pas être inutile, si l'on dispose de moyens pour le résoudre...(il est absolument certain, aussi sûr que 2+2=4 que si j'avais été faire mes courses en voiture climatisée conduite par un chauffeur expérimenté, l'autre jour dont je vous entretiens ne m'aurait pas fait suer!)
L'exposé d'un ''problème'' ne vaut qu'en ce qu'il est le miroir d'une réelle difficulté existentielle et qu'à l'examiner à ciel ouvert soit il disparaît soit la solution s'impose d'elle-même. Ou encore, apparaît dans toute son absurdité. S'il est clairement établi que l'excès de sudation provient de ce que vous avez couru en plein Été en pardessus, mettez-vous en maillot...3
Mon devoir de vacances préparant mon sujet de la rentrée sociale4, on notera qu'il en va de la vie spirituelle comme de la sueur : le meilleur moyen de ne pas y accéder (en bien ou en mal, que serait par exemple une vie spirituelle réduite à un moyen de réconfort moral), c'est de supprimer ou de vider de tout sens l'idée même de l'existence d'une chose ou entité appelée «spiritualité», ou QI, ou Soma.
C'est de faire à «spiritualité» le même sale coup que l'on fit à «convivialité».
«Convivialité» était un concept permettant de comprendre comment on peut vivre, produire et être sociétale ment (!) utile tout en obtenant ou élargissant sa propre liberté d'action ; et l'idéologie dominante en a fait l'heure de l'apéritif, le verre de l'amitié ou un repas pris en toute ''convivialité''. L'usage du terme de ''convivialité'', ―tel qu'il fut initialement défini―, indiquant tout instrument dont l'individu demeure le maître et, en droit de s'en faire une fête, pourquoi se l'interdire à l'heure de l'apéro ? Certes. Il n'en demeure pas moins une Sortie individuel (ou d'individus) du Système.
« Spiritualité » ne sera jamais une sorte de raffinement de l'esprit (entendu comme psyché) ; « Spiritualité » est Sortie de l'Espace-temps tout comme de la Conscience du Corps-esprit (psychosomatique). Spiritualité est Déification (fut-elle athée) momentanée ou définitive. Spirtualité est un Au-Delà du Par delà (de toute conception ou pratique religieuse)... et entière et totale absence d'ingérence de l'ego. Ce qui le fait dire sublime et ineffable...
Surtout, n'en parlez pas à votre médecin ou à votre « psy »... il vous ferait enfermer !
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Pour la sueur (et sa potentielle convivialité, à propos!)
Le scientifique peut noter : « L’odeur corporelle, bien plus qu’une gêne »(13/08/13)
« Notre corps a une odeur. De même que tous les animaux de la Terre ont leur odeur. Les bactéries de notre peau décomposent la sueur et créent une empreinte personnelle de chacun de nous. Les émotions et l’attraction sexuelle ont elles aussi leur reflet olfactif. L’essor de l’hygiène personnelle ferait-il disparaître cette voie de communication ?
La peau est l’organe chargé de la réfrigération du corps (…) La flore microbienne prolifère dans les zones du corps où les glandes sudoripares et sébacées (qui sécrètent de la graisse) sont nombreuses et où l’humidité est retenue par les plis corporels, les vêtements et les chaussures. Il n’est donc pas étonnant que les aisselles, l’aine et les pieds soient les parties les plus odorantes de notre corps.
(…) En conséquence, notre odeur corporelle, réduite aujourd’hui au minimum, est passée du statut d’élément notoire de notre personnalité à celui d’objet d’études scientifiques. »
'Sources : « L’odeur corporelle, bien plus qu’une gêne »(13/08/13)
- www.leblogdelapeausaine.org
- International Journal of Cosmetic Science - History of Hygiene)
Auteur : Andrés Martínez, journaliste scientifique
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Et Le Soûtra du Lotus de la Bonne Loi nous Rappeler
« Le Bôdhisattva Mahâsattva qui possédera cette exposition de la loi, qui l’expliquera, qui la lira, qui l’écrira, obtiendra la perfection du sens de l’odorat, lequel deviendra pour lui doué de huit cents qualités. Avec cet organe de l’odorat ainsi perfectionné, il percevra les diverses odeurs … celle des fleurs... les divers parfums des fleurs aquatiques... les arbres... les diverses espèces de créatures, telles que l’éléphant, le cheval, le bœuf, la chèvre, les bestiaux, ainsi que celles qui s’échappent du corps des différentes créatures qui sont entrées dans des matrices d’animaux ; celles des enfants des deux sexes, des femmes et des hommes ; celles des herbes, des buissons, des plantes médicinales, des arbres, rois des forêts... celui des cent mille espèces de mélanges de fleurs divines de tout genre... il les reconnaîtra ; et l’organe de l’odorat ne sera pas pour cela blessé ni offensé chez lui de ces diverses odeurs.
(61.) Son corps devient parfaitement pur, pur comme s’il était de lapis-lazuli ; celui qui possède ce noble Sûtra est constamment un objet agréable aux yeux des créatures.
(62.) Il voit le monde sur son propre corps, comme on voit l’image réfléchie sur la surface d’un miroir, existant par lui-même, il ne voit pas d’autres êtres [hors de lui], car telle est la parfaite pureté de son corps.
(66.) La pureté de son corps est telle, qu’il y voit la totalité de cet univers ; et cependant il n’est pas en possession de l’état de Dêva ; c’est son corps naturel qui est ainsi doué. »
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J'ai découvert l’œuvre d'Alan Watts un an après avoir découvert l'étude et la pratique intensive du Yoga. Le Yoga m'avait laissé entendre que la seule utilité de l'ego est d'avoir conscience d'exister plutôt que d'être mort ou non-né, que l'ego n'est que la 1/21nième (voire 63nième) partie de l’Être selon les indiens, 1/99nième selon les tibétains. Si j'avais bien compris (mon étude/apprentissage est un peu lointaine : 1966-1967), la différence entre indiens et tibétains (ou chinois) tient au fait que ces derniers pensent qu'un problème philosophique ne peut être résolu s'il n'a d'abord été posé. Il n'y a rien à trouver ou à réaliser qui ne soit déjà là. Pourtant, c'est comme ça, des «problèmes» se posent à nous. Force nous ait de constater a-) qu'ils sont là b-) qu'ils n'ont pas lieu d'être là c ;-) qu'ils peuvent donc disparaître d ;-) qu'ils ont disparus.
Pour reprendre l'exemple si contingent de la sueur : il faut croire qu'elle existe, il faut expérimenter personnellement son existence «positive» ou «négative», il faut en tirer les conséquences et s'en libérer.
Si vous n'avez jamais sué de votre vie, il est peu probable que vous puissiez imaginer ce dont je parle.
Si lisant Alan Watts on ne remarque pas que ce qui vaut pour lui vaut pour soi, la lecture de son œuvre est inutile.
Ce pourrait être une première distinction fondamentale provisoire entre le psychologique et le spirituel : le psychologique observe le dehors, le spirituel (la chose de qualité spirituelle) vu au dehors trouve un écho ou un reflet directs en soi-même – et réciproquement. Dans la ''chose spirituelle'', le mot EST la chose. Le psychologue démontre - à juste raison - que la ligne Maginot du mental est infranchissable ; le spirituel passe par la Belgique du territoire Réel, du terrain tel qu'il est...
Mais, je ne pue la sueur qu'autant que vous la sentez.
«As I am also a you, this is going to be the king of book that I would like you to write for me.» (Comme je suis également vous, ça va être le genre de livre que je voudrais que vous écriviez sur moi.) nous dit Alan Watts en première ligne de In my own way.
Ambition passionnée d'un fervent de son œuvre, j'aimerais que mon prochain essai soit du genre de livre qu'Alan Watts aimerait lire sur sa philosophie.
Les notes de ce blog en seront l'ébauche dans les mois à venir.
1Tel que l'a chanté Rabindranath Tagore, par exemple.
2A mon avis, qui n'engage que moi, penser qu'une connaissance puisse être rigoureusement athée est aussi absurde que de prétendre que nous sommes les créateurs de la nature ; nous sommes les créateurs de ses chiffrements, tout au plus.
3Je dois d'ailleurs avouer que je me prépare à mettre en ligne ce devoir & amusement de vacances alors que cette fin d'après-midi j'étais de retour de mon parcours habituel, mais ayant été trempé jusqu'aux eaux par une averse bienfaisante que la chaleur ambiante s'est chargé de sécher sans avoir toutefois le temps que ne s'enclenche la moindre sudation : j'étais déjà de retour chez moi, mes vêtements secs, le corps frais et dispos, l'esprit clair. Ce qui m'a donné l'idée de relire ce devoir & amusement de vacances d’Été.
4Selon le calendrier citadin. Dans l'ancienne agriculture, l'automne marque la fin des récoltes accompagnée d'un ralentissement & changement d'activité.