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La Philosophie d'Alan Watts
11 août 2014

Un intermède supplémentaire 2/3 addenda

Faire et être en paix

 

L'autre jour, du mois de Juin, venant de mettre en ligne mon petit billet, j'ai éprouvé le besoin d'aller feuilleter quelques pages de Dostoïevsky. Une drôle d'idée, mais assez déprimante sur le moment, m'est alors venue : que les méfaits des débuts de l'ère industriel amena nombre d'auteurs, en tout genre et de tout pays, à soulever un ensemble de questions qui sans appartenir à la philosophia perennis, telle qu'habituellement définie – y touchaient de près. Un peu comme si de tous bords, on se serait rassemblé sur le parvis (le profane) d'une cathédrale (le sacré) mais sans oser y accéder pour en débattre. Comme si la maison de Dieu (qui peut être celui de la Bourse) ne saurait en aucun cas être la maison du Peuple (qui n'est pas forcément une foule manipulable à merci). Ensuite, il n'y eut plus matière à discussion. La parole fut aux canons.

Sans doute peut-on, ou du moins est-il possible de penser que l'on puisse se montrer philosophe sous un bombardement (quand on demandait à Teilhard de Chardin, brancardier en 14-18, comment il pouvait foncer ainsi sous un tir de mitrailleuse pour ramener un blessé, il répondait en substance que s'il était touché ce ne serait jamais qu'un peu de matière rencontrant un peu de matière ; ce qui est indubitablement une excellente manière de dépasser le dualisme – et son concept d'énergie-matière est bien « spirituel ». Et constatons qu'il est possible d'être philosophe sous les bombes, mais certainement pas de charpenter une réflexion en vue de faire avancer le débat philosophique ou d'apprendre une technique religieuse quelconque. (Après tout, l'acte de philosopher commence par une forme d'entretien avec soi-même, auquel il est possible, plaisant, utile ou nécessaire d'inviter un autre à participer. Et, hélas ! on imagine mal Teilhard, puisqu'il était prêtre, aller voir son Colonel pour lui demander ce qu'il comptait faire pour la messe et les vêpres, compte tenu du bruit assourdissant des canons !)

Du coup, nous héritons des questions « philosophiques » soulevées au 19° siècle (et dès la fin du 18° ) mais de bien peu de réponses pour le 21° siècle. Avec ce considérable « dommage collatéral » que la plupart des dirigeants politiques et économiques continuent de raisonner comme si le machinisme (& chômage) ou les problèmes écologiques n'existaient pas, comme si le Système de réflexion et d'action était inapte à mesurer les changements du monde opérés au cours des deux ou trois derniers siècles... l'urgence étant de « faire face à l'ennemi » qu'il soit de l'armée « X » ou de la concurrence commerciale « Y ». Nous avons inventé de véritables « sciences et techniques » (& commerce) de guerre. Nous n'avons pas eu le temps d'en concevoir pour la paix.

Nous savons faire la paix, mais pas vivre en paix, et politiquement nous nous comportons tous à la manière de l'humoriste qui disait pour la cigarette : « Arrêter de fumer ? Rien de plus facile ; je l'ai fait des centaines de fois ! »

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