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La Philosophie d'Alan Watts
25 février 2015

Psy Or Occ 03

Introduction (suite et fin)

C'est de façon aléatoire que j'ai « choisi » de terminer mes notes d'introduction par les citations qui suivent ; je les « assume » mais je ne prétends pas en être l'auteur ou l'agent libre – aussi surréaliste et fantaisiste qu'il s'affirme être.

 

A « Je ne pense pas que les disciplines orientales constituent le dernier mot d'une sacro-sainte et immémoriale sagesse au point que le monde entier doive venir se prosterner aux pieds de leurs maîtres. Je ne crois pas non plus qu'on puisse faire un évangile selon Freud ou selon Jung, où les grandes vérités psychologiques seraient à jamais établies. Le but de ce livre n'est pas de prononcer le dernier mot en la matière, mais de susciter la réflexion et l'expérience. » Introduction p ii

§ Il est admis que l'expérience peut être aussi trompeuse que la croyance : non seulement le plus beau discours sur l'eau ne désaltère pas mais il est susceptible de renforcer la soif éprouvée (ordinairement appelée « espérance ») et si prendre une corde pour un serpent relève de l'illusion et dénote un total manque « d'objectivité », la peur éprouvée est bel et bien « expérimentée », psychologiquement éprouvée, sans compter qu'elle peut conduire à des faits bien réels ceux-là, tel que faire un mouvement de frayeur, se buter contre une pierre est se casser une jambe – cassure occasionnant une réelle douleur aussi importante que l'illusoire frayeur initiale.

Et ça, ce n'est pas de la poésie pour adolescent ou de la rhétorique pour s'occuper au fumoir ; il suffit de regarder la « corde » du terrorisme pour découvrir les effets que la peur du serpent occasionne en termes de femmes et enfants massacrés.

§§ La fameuse « occidentalisation » des sagesses et disciplines orientales réside dans le fait (bien réel) de croire qu'elles puisse apporter un « dernier mot » en un quelconque domaine. Entre les « sagesses » d'Orient et les « sciences » occidentales du psychisme, le match fera toujours ex æquo quand l'usage qu'on en fait est plus nocif qu'utile. Sur ce plan, en discuter au zinc à l'heure de l'apéro ou au salon entre cigares et cocktails en devient préférable.

 

B « L'initié est celui qui sait que certaines institutions sociales se trouvent en contradiction interne ou en conflit réel avec la structure naturelle. Mais il sait aussi que ces institutions sont investies des émotions les plus puissantes. Elles sont les règles de communication par lesquelles les hommes se comprennent les uns les autres. » p 49

§ La propagande, la « liberté d'expression » aussi bien que le vulgaire « bourrage de crane » sont de l'ordre de la Communication & de l'émotion… et chacun sait combien il est plus facile de manipuler quelqu'un et/ou quelques-uns sous l'emprise de leurs émotions que de tenter de les convaincre, de façon réfléchie, de modifier leurs convictions, leurs attitudes et comportements. La dispute, même si elle dégénère en querelle de jugements de valeurs (subjectives) n'explosent, au pire, qu'en une sévère « gueule de bois » et non en « gueules cassés » lorsque les arguments sont d'acier et les illuminations d'incendies meurtriers & criminels. (Napalm, phosphore et autres prodiges technologiques, en option exclusivement!)

 

C « Si maintenant la maya ou irréalité réside non pas dans le monde physique ; mais dans les concepts et les formes de pensée qui le décrivent, il est clair que la maya se réfère aux institutions sociales ― au langage, à la logique et leurs constructions ― et à la façon dont elles modifient notre sentiment du monde. » p 45

§ La psychologie est justement apparue comme un chaînon manquant entre philosophie naturelle et philosophie sociale. Donc, leurs dysfonctionnements respectifs, le besoin de corriger ceux ci et de « soigner » les conséquences qui tournent mal (en ce qu'elles sont douloureuses ou gênantes, pour se sentir à l'aise ou pour agir).

 

D « Transcendant à la pensée, l'Absolu est toutefois immanent dans l'expérience. » Cf. Wittgenstein : « Le mysticisme ne considère pas ce qu'est le monde, mais le fait qu'il soit… Il y a en effet l'inexprimable. Cela se montre de soi-même ; c'est le mystique. » note de la p 45

§ Détail sans importance pour le moment : cette transcendance/immanence expérientiellement constatée/mysticisme/mystique correspondront à ce que j'appelle « le spirituel », lequel mène au seuil de « mon1 » Apophatique générale.

§§ Au cours de l'ouvrage, Alan Watts va se servir du terme « champ », ce qui est déjà sortir des recommandations cartésiennes de diviser et de commencer par le plus simple.

(...diviser chacune des difficultés… commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître… )

§§§ On peut noter, provisoirement, qu'aux yeux du mystique, du poète ou du promeneur la beauté d'un paysage est un tout et non pas le total d'un petit cours d'eau+des arbres+de bons contrastes entre la luminosité et les zones d'ombre, etc. C'est quelque chose de global. Cette constatation esthétique se retrouve aussi dans la logique chinoise d'inclusion prioritaire à la division. Ainsi que dans la religion, sous la forme d'une hiérarchie. Dans ma vie personnelle, je veux bien croire qu'il me faut accéder au royaume des dieux, mais en pratique, mon Mont Meru à moi c'est la grande côte que je dois franchir pour sortir du village, et mon Vayu à moi c'est quand le vent souffle de norois ! Ces jours là, je me sens devenu comme un grand ascète.

A suivre, plus sérieusement, une prochaine fois…

J'allais l'oublier : pour Alan Watts la Connaissance acceptée des contraintes naturelles ou sociales ou de l'antinomie vindicative & sournoise2 nature et société est un pas, éventuellement un saut, dans le Bonheur et sa Liberté. Une danse érotique avec les éléments très divers du Cosmos.

1Les guillemets s'imposent en ce que je n'invente strictement rien. Seul (peut-être), l'usage que j'en fais en un XXI°siècle bien entamé est (peut-être) « mien ». Mien, au moins, en ce que je le pense.

2Je suis surpris du nombre de catastrophes dites « naturelles », qui, en fait, proviennent ou sont considérablement amplifiées en raison de dysfonctionnement sociétaux. (Précision : une TROP grande puissance de la pègre est à mes yeux un dysfonctionnement sociétal.)

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16 février 2015

Psy Or Occ 02

En philosophie & sciences (dites) humaines et/ou (dites) Sciences Humaines, il en va un peu comme pour les Écoles de Guerre : il s'y enseigne trop souvent le connu d'un passé/dépassé et rarement un connu, utilisable en actes, qui soit actuel.

En sorte qu'en 1914, la plupart des armées européennes étaient fin prêtes pour la guerre de 1870 ; et, qu'en 1939, elles l'étaient pour 14-18, que la cavalerie polonaise chargea vaillamment les panzers allemands et qu'une quarantaine d’élèves de Saint Cyr crurent bon l'épée à la main de s'opposer à l'envahisseur.

De mauvais esprits ne manqueront pas de remarquer que le meilleur allié du débarquement de Normandie furent cette espèce de schizoïdie régressive de Hitler et sa confiance en la valeur militaire de l'imprenabilité de sa « Ligne Maginot de l'Atlantique ». (Le visiteur voudra bien me pardonner d'insister : le « mur » de l'Atlantique ne fut pas plus « pris » que celui de Maginot… c'est simplement que son utilité militaire était quasi nulle. Et, ainsi en va-t-il de nombre de sciences humaines, semble-t-il. Ce n'est pas tant qu'elles soient fausses, c'est qu'elles sont trop souvent inutiles, voire nuisibles. Dans le même ordre d'idées des rapports de toute science, éthique et utilité dans la poursuite du Bonheur un savant eut l'occasion de déclarer : « Hiroshima & Nagasaki une horreur ; mais quelle belle équation mathématique pour y parvenir ! »)

Psy Or Occ fut publié en 1961 aux États-Unis, soutenu notamment par des recherches datant de 1930. La discussion sur les ressemblances et les rapports du psychologique et du religieux n'est toujours pas close, ni dépassée. Elle s'est peut-être même compliquée de la mise à l'écart de certaines idées, telles la synergie autant animale que divine qui habite « L’Âme humaine ». Mais, il existe une psychologie et une sociologie religieuses, tout comme un « écologisme » étudiant ou militant la nature du dehors, sans en avoir grande expérience personnelle.

Les mots clés de Psy Or Occ sont assez habituels, sinon par l'usage qui en est fait de servir une réalité que je ne suis pas encore parvenu à formuler ; quelque chose comme « La Danse spontanée de l'océanique Tao » ou comme « Dans son océanique spontanéité, la danse cosmique du Tao ».

Toute la question paraît, dans un premier temps, se réduire au choix du critère de référence entre divers concepts d'apprentissage, d'adaptation et de normalité : nature ou société ? Avec en première conséquence le choix entre un « inconscient instinctuel » et un « inconscient éducationnel ». En seconde, que des sociétés se veulent obéir à « la nature » et d'autres s'y opposer ou la conquérir. (Par « société », ce peut être une institution religieuse aussi bien que politique.)

Ensuite, la conscience d'un « ego », qui pourrait être normal ou pathologie, sur lequel une action puisse « causer » la maladie ou la santé. Et, tous les ennuis commencent. Ne sachant ce qu'est un « ego », ni la nature exacte de « l'esprit psychologique », et si les hommes sont des systèmes d'action et non des agents, et si l'individu et le monde agissent l'un avec l'autre, l'un sur l'autre, de sorte qu'aucun d'eux n'est à l'origine de l'action, le problème est de savoir qui doit être considéré comme responsable lorsque les choses vont mal. (p 32)

De là, divers concepts sont passés en revue, tel celui de « double contrainte », mais il me faudra commenter qu'Alan Watts l'utilise dans plusieurs acceptions, certaines qui justifient mon slogan personnel sur la « réciproque du vrai », d'autres qui excluent toute relation. (Ce qui ne peut donc être qu'erroné, une exclusion du vrai et du faux ou une réciproque du vrai et du faux. Je le dis tout de suite : ma préférence penche vers cette dernière possibilité, laquelle réintègre mon slogan puisque le faux est vrai par rapport à lui-même – et réciproquement! Nul ne persévère dans l'erreur ou ne poursuit un raisonnement erroné sans conviction d'être dans le vrai.)

Suivent ensuite diverses notions sur la pluralité des egos, le sens du jeu entre illusions, vérités relatives et Absolu, le conflit de dukkha et la contre-mesure des upayas (auxquels, je me permettrai d'adjoindre « le mensonge des dieux »), la nécessité du temps, du langage et du silence pour devenir Immortel, toute psychothérapie comme préparation à la mort, ou encore cette constatation que « Le Tao n'a rien à voir avec la discipline. Si vous dites qu'on l'atteint par la discipline, à la fin la discipline fait perdre le Tao… Mais si vous dites qu'il n'y a pas de discipline, cela revient à vous conduire comme les hommes ordinaires (non libérés) » (p 119)

La normalité « mentale », la guérison « psychologique », peut-être même le simple désir d'adaptation sociale, ne sont qu'une intégration au Samsara et ses illusions addictives.

Au demeurant, se croire ou se vouloir « normal » est un symptôme psychiatrique.

Il se pourrait que je doive aussi me demander si le rappel de l'Inde et de la Chine ne serait pas aussi trompeur que son « oubli », et tout aussi nuisible à la Paix avec soi-même, avec les autres et les mondes « sociétals » et « naturels ».

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