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La Philosophie d'Alan Watts
22 juin 2015

Devoir de vacances 00

 

Donner pour titre « devoirs » à mes billets d’Été s'accompagne d'un humour ou d'une (auto) dérision que je suis (ou étais) seul à percevoir : Je n'ai jamais été très appliqué à l'exécution de mes devoirs, même en dehors de la période des vacances scolaires. Toutefois, je conserve un souvenir ébloui d'une jeune « bonne sœur », une novice, qui m'aida un Été dans cette obligation de rattrapage des écoles buissonnières du reste de l'année. Ébloui n'est pas exactement le mot, enivré est mieux puisqu'il s'agit des senteurs enivrantes de son corps, senteurs chastes et pures, lesquelles m'ont toujours préservées par la suite d'avoir un regard salace à l'endroit du corps ou des postures de femmes. (Le regard qui vient se substituer au sens olfactif, souvent déficient chez les humains.)

Est-ce bien « Le livre des fondations » qui rapporte que Thérèse d'Avila était prompt à déceler chez ses « filles » le passage de l'exaltation à l'exultation, laquelle glisse presque immanquablement dans la pâmoison ?

(Nota : Je ne m'écarte pas du thème central : l'exaltation relève déjà de la spiritualité, l'exultation relève de la psychologie, la pâmoison de la psychothérapie… Sainte Thérèse eut au reste des crises d'épilepsie ; elle sait de quoi elle parle…1)

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L'un et l'autre en contre-allées des projets d’Édition auxquels ils correspondent, je me suis donné comme défi de cet Été la rédaction de billets qui pourraient, à quelques phrases près, correspondre aussi bien à la Philosophie d'Alan Watts qu'à mon Roman du Tard. Et si, ici et là, je pourrai paraître m'éloigner de mon sujet, je ne manquerai d'indiquer en quoi la frontière en est proche. Exemple type : Alan Watts n'a jamais cité explicitement des auteurs surréalistes, mais il a récité et chanté des « Poèmes sans sens » et divers « Ring a Ding »2. Autre exemple : mes allusions, ou citations directes d'André Malraux, qui tient une place importante dans la 1° et 3ieme partie de mon roman. André Malraux, seul Ministre d’État français à exprimer dans la teneur de discours officiels des accents typiquement « guénoniens » au sujet de la différence Tradition et Monde Moderne. On le qualifiera de « délirant » sur la fin de sa vie (tout comme Salvator Dali), car ses allusions ne faisaient pas images pour les non-initiés, alors qu'elles sont parfaitement claires pour qui a fréquenté un minimum d'ouvrages de l’École Traditionnelle3, laquelle jouera un rôle de pivot de l’œuvre d'Alan Watts, dont le taoïsme sera l'aboutissement. (Je ne voudrais pas l'affirmer trop fermement, mais il me semble que le gros, l'énorme avantage du taoïsme sur tout autre courant de pensée est précisément de pouvoir s'appliquer aussi bien aux « Temps modernes » qu'aux Mondes et Sagesses anciennes sans rupture aucune, comme si son schéma fondamental d'entropie4 transcendait la cassure historique & géographique Orient-Occident.) L'opposition n'est pas entre nature et culture, elle est entre un être humain naturel & spirituel d'un seul tenant auquel les autres dimensions du vivant s'ordonnent et s'harmonisent et le rejet de la nature aussi bien que du spirituel au profit d'une conception de l'Homme exclusivement sociale et économique.

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Un ami m'ayant demandé quelle était l'utilité de ce blog, je lui ai répondu en premier qu'il m'était utile, à moi, comme notes de brouillon, manière de jeter quelques idées sur le papier en vue d'un travail un peu plus approfondi destiné à la publication5. En second lieu, j'ai ajouté qu'il pouvait en aller de même pour des visiteurs qui se voudrait militant de la Paix sur Terre, qui voudrait approfondir leur réflexion, et éventuel engagement à cet égard, sans que cette « militance » ne s'inféode à une action politique partisane. Alan Watts, à l'instar de son Maître, était un pacifiste. Chaque fois qu'il parle de l'action de Dmitri Mitrienovic à ce niveau, il manifeste un humour inhabituel, une « politesse du désespoir ». L'incapacité des penseurs, religieux, intellectuels et « personnalités » diverses à jouer un rôle d'évitement de deux Guerres Mondiales fut un échec pour Mitrienovic, qui désespéra le jeune Alan et le dégoutta à.tout jamais de la politique quoique, par boutade, Timothy Leary évoqua l'idée qu'il se présenta comme gouverneur de Californie. (Il est beaucoup plus facile d'exciter les foules à la violence qu'aux embrassades, tout comme défendre la valeurs de compétition que celles d'entre-aide.) Son œcuménisme global se voudrait justement le premier fondement d'une Paix Mondiale. Un œcuménisme mondial comme exotérisme de l'unité spirituelle première (la philosophia perennis, « ésotérique ») de cette planète Terre.

Force est de constater que les religions, sans exception, ont toutes été à un moment ou un autre des facteurs de guerre, voire de persécutions. Curieusement, la guerre a trouvé ses lois de l'honneur, mais, il semble qu'il n'y ait aucune loi de l'honneur de paix, fut-elle qualifié de « paix dans l'honneur ». Le Chan/Zen, par définition synonyme de la « paix intérieure » que procure toute contemplation, a aisément viré à sa version « bushido ». Le Bushido, la voie du guerrier, par définition est une voie d'action envers laquelle Alan Watts exprima sa réserve avant que n'entre dans le domaine public la moindre allusion au « Zen en guerre ». (L'ahimsa/non violence, d'ailleurs étroitement associée au satyagraha/défense de la vérité, étant à envisager dans un registre différent que celui d'une alternative guerre et paix. Mais, au fond, pour aller au plus court : la quintessence du Bushido est non-violente. Ou Action sans Action. Et, elle est acceptation de sa propre mort, avant d'être l'acte de tuer un quelconque adversaire.)

L'écologie de la Terre est nécessairement appelée à devenir la préoccupation principale des êtres humains, qui devront bien cesser d'être en guerre inter-spécifique, avec les autres êtres vivants, l'environnement naturel en général. Un bon entraînement, en supposant que ce ne soit pas une urgence vitale, serait de cesser d'être en guerre INTRA-spécifique, de cesser de se battre entre membres de l'espèce humaine, de modérer les valeurs de compétition au profit de celles d'entre-aide. La « religion » comme facteur de Paix ou de Guerre ne peut qu'y avoir un rôle à jouer, sous réserve que le plus grand nombre découvre le rôle de la « religion », comme voie d'accès à la transcendance…. Étant entendu que Dieu-Esprit est Unique mais nommé de divers noms dans ses diverses incarnations et « avatars », ou Sans Nom comme dans le Taoïsme. Que la plupart des institutions sont structurellement liberticides est une autre affaire.

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Pour une fois, nul ne pourra m'accuser de vouloir me singulariser en allant à contre-courant. Je me sens même « dans le vent », dans le sens positif d'un « vent du karma » général. C'est à la suite de la publication de Pacem in Terris que j'avais effectué une incursion dans la théologie (avant même de savoir le moindre concept de « religion comparée » ou d'ésotérisme).

Avec Laudato si’ !, « Loué sois-tu ! », l'actuel Pape manifeste d'emblée la concomittance de son encyclique avec Pacem in Terris. La Paix avec la nature et tous ses vivants, en tant qu'elle est le prolongement naturel de la Paix entre les membres de l'espèce humaine... Je ne l'ai pas encore lue. J'espère qu'elle m'apportera autant de joie et d'espérance que le fit Pacem in Terris. Je n'ai plus treize ans. Je conserve mon Espérance d'enfant.

Nota : Espoir/désespoir et espérance/désespérance et/ou inespérance ne sont pas bien synonymes. L'espérance permet de vivre dès à présent ce qui ne fait qu'advenir mais est en cours. Je serais tenté de supposer que l'espoir/désespoir est de l'ordre de l'ego et de ses avoirs, l'espérance/inespérance de celui de l’Être.

1La manière de s'accoupler décrite dans Amour et Connaissance, qui est une sorte de danse allongé permettant l'échange des regards aussi bien que l'exultation des cinq sens ne me semble pas pouvoir entrer dans le cadre de la pâmoison. Le couple réalise spontanément son union, sans qu'il lui soit besoin de « tomber » en pâmoison. Le coït amène un moment de cessation du mental – l'abandon – mais pas de la conscience de l'activité ses sens. Sans cette cessation, ben quoi, faut dire les choses telles qu'elles sont : il s'agit d'un comportement de beau salaud ou de belle salope ! La fameuse « conscience témoin » a pour objet l'activité des sens, pas une attitude fantasmatique ou de voyeur, dans laquelle le corps de l'autre est simple instrument masturbatoire. 

Le Kâma-Sûtra précise d'ailleurs que « Lors de l'acte sexuel, si les pensées des deux partenaires sont différentes, c'est comme s'il y avait l'union de deux cadavres. »

2Cf. Nonsense, A Duton Paperback, New York

3Ou a vécu personnellement l'obligation de rejoindre le Monde Moderne comme un éxil...

4Entropie qu'un non scientifique tel que moi peut interprêter au sens de dispersion, de désordre ou de dilusion incontrolée de l'énergie... Ce qui fait dire à beaucoup que le "taoïsme chan" n'est vivable qu'équilibré & encadré d'un solide néo-confucianisme.

5Laquelle dans mon cas, me permettrait de m'éloigner du "seuil de pauvreté" sur lequel je campe, lequel représente néanmoins un progrès relatif : voici trois ou quatre ans, j'étais en dessous !

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16 juin 2015

Faire sans faire sa voie 3/3

Je n'ai pas reçu de validation, ni non plus d'invalidation, de la gare de Perpignan Centre Cosmique, mais, tout en sachant garder un cadre paranoïaque-critique & anarchiste anti-social, je dirai donc, ou redirai, que sans en être leurs disciples, je regarde Alan Watts comme mon Maître à philosopher et Arnaud Desjardins mon Maître à vivre ma voie… Quelles que puissent être les causes et conditions, interdépendances en tout genre, qui la font mienne. Qui la font mienne, sans que j'y sois pour grand-chose.

Être iconoclaste jusqu'à ses propres convictions, également – chaque fois que possible et supportable pour son mental – jusqu'au plus intime de ses expériences vécues (« spirituelles », ou pas d'ailleurs), est le meilleur antidote à la confusion de la croyance et de la Foi de Confiance1. Je ne pense pas généraliser ma propre expérience en mettant en garde à l'égard de la tentation d'étendre une expérience de Foi solidement vécue à la croyance qui (logiquement) va avec… Confondre Beyond Theology/Etre Dieu, invitation à l'expérience incarnée du divin et Two Hands of God/Les Deux Mains de Dieu, ensemble d'assertions métaphysiques sur la bipolarité du monde lui-même comme de nos attitudes ambivalentes de « moi au monde »… deux ouvrages qu'Alan Watts écrivit d'un même mouvement. (Diverses personnes ont malicieusement fait observer qu'Alan Watts, en plusieurs occasions, au lieu de publier un seul ouvrage divisé en Partie Une : théorie, et Partie Deux : pratique, publiaient deux ouvrages différents en sorte de toucher double droits d'auteur. Sans m'en faire l'avocat, je ne vois pas comment, la plupart du temps, Alan Watts aurait pu faire autrement. Je note du reste que ses préfaces sont quasi similaires, en ces occasions. Certains sujets ne peuvent être traités de la même manière, quand l'auteur autant que l'éditeur savent pertinemment qu'ils ne seront pas lu par un même public.)

Revenons au « faire sa voie », que nous y soyons guidés par la main du « Bon » Dieu ou par celle du « mauvais » Satan. Petite digression, si c'en est bien une : l'un des prête-nom du Diable et/ou Satan (non scripturaire et le plus récent, si j'ai bien compris) est Lucifer, qui s'accorde parfaitement à notre monde moderne (& post-industriel) la tentation du brillant, du clinquant ; le « toc » pour attrape nigauds de la Consommation, qu'il s'agisse d'objets ou d'expériences trompeuses ou de ce « matérialisme » mal nommé, qui n'est que trompe l’œil. La voie de chacun ne peut s'exclure totalement de ce « mal » moderne, ni éviter de s'y faire, de faire avec, de faire sa voie avec Lucifer (du plus loin possible à mon avis, mais inévitablement avec). Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes, mais il faut bien se dire aussi que la plupart de nos lumières proviennent de vessies.

A propos, n'est-ce pas Mao Zedong qui disait que la puissance occidentale n'est qu'un « tigre de papier »… version chinoise de « vessie » ?

(Dans la ligne de mon renvoi précédent à « La richesse et l'argent », qu'est-ce que cette économie luciférienne, qui promet de supprimer le chômage mais pas les suppressions d'emplois ? A ce jour, la seule explication serait que les banquiers et boursicoteurs ne sont pas d'accord!)

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Un point nécessitera des éclaircissements ultérieurs : l’insuffisance du refus de se plier à l'idéologie dominante pour parvenir à une modification de son état de conscience. Quels sont les moyens de libération (« thérapeutiques » ou « supra thérapeutiques ») pour y parvenir ? Dans mon roman, je note que Léopold S. Senghor utilise le terme de « surréel » pour qualifier ce qu'il est devenu d'usage courant d'appeler « spiritualité », sans qu'il s'agisse d'une référence directe à l'effet hypnotique des tambours africains, dans certains de leurs rythmes. Pas plus qu'il ne fait directement allusion au surréalisme (quoique le surréalisme trouva dans les cultures africaines une part de ses sujets d'inspiration.) Non plus à l'usage de drogues, bien qu'il n'y ait aucune culture traditionnelle qui omette son usage exceptionnel & initiatique, ponctuelle ou régulier.

La pratique du yoga, du zen, du Taiji etc. visent aussi une modification de la conscience en agissant sur l'attitude, la gestuelle et le mouvement du corps.

En résumé : affirmer que l'on est en désaccord (intellectuel, d'opinion intellectuel ou de refus émotionnel) avec la culture ambiante, l'idéologie dominante, etc. ne provoque aucune modification de conscience. Elle y invite et peut indirectement y conduire par un changement progressif de style de vie, mais nous sommes loin du Satori, d'une Illumination ou d'un puissant insight amenant un prise de conscience telle que cette dernière en soit modifiée.

Que dit Alan Watts sur cette question ?

La même chose, en substance, que la citation d'Aldous Huxley que j'aime utiliser : « Toute formule verbale – même une formule qui exprime correctement les faits – peut devenir, pour l'esprit qui la prend trop au sérieux et l'adore avec idolâtrie comme si elle était la réalité symbolisée par les mots, un obstacle sur la voie de l'expérience immédiate2. »

Aujourd'hui, je pondérerai en précisant bien que c'est l'esprit sachant, et/ou conscient, de faits qui ne doit pas se prendre trop au sérieux et non les faits eux-mêmes (ni l'état de conscience qu'on en a, lequel peut varier, peut-être même doit varier au long d'un cheminement).

En conséquence, en parallèle ou de façon concomitante – je ne sais trop quel mot convient, je crois qu'il faut se situer entre deux bords : une « culture livresque » des faits, du type « Qu'est-ce que le Zen ? Vas faire la vaisselle ! » (MAIS celui qui me dira que « ce n'est pas ça », ne fera que faire montre de culture livresque.) ET, d'autre part, la réalité vécue d'une érudition faisant obstacle à la culture vivante. Ce que je tente d'exprimer en pointant que « Notre-Dame de Paris » n'est pas seulement un bel édifice religieux de style gothique, cadre d'un roman de Victor Hugo et lieu d'une révélation pour Paul Claudel, etc. ; « Notre-Dame de Paris » est un cathédrale, située à Paris, où le public est admis. Il peut visiter ; il peut même y aller à la messe ! Inspiré des réflexions sur l'Art d'André Malraux, il peut même en ressortir en ayant appris qu'elle témoigne de la « conversion des chrétiens au Christianisme », la Cathédrale s'étant élevée du milieu du XII au milieu du XIVième siècle.

Affirmer que Notre-Dame de Paris est bel et bien à Paris, située à l'est de l’Île St. Louis, recouvre au moins deux sens, d'un symbole qui peut être réellement connu, comme chose & expérience personnelle ; d'un livre de pierre, qui raconte le passage triomphant à la suprématie du politique sur le religieux. Le rappeler nous ramène à l'ésotérisme d'un état d’Être à une identité socio-religieuse de chrétien. Et, logiquement, nous renvoie à la question de notre identité personnelle (intérieure) comme à celle de ses multiples identités culturelles régionales, linguistiques, politiques. Suis-je terrien, européen, français, basque, breton, corse ? Question très aisément transposable à chaque continents…

En spiritualité, on peut aisément vérifier comme une nouvelle réaffirmation du principe3 « Le message, c'est le médium ». Quand tel instigateur d'un courant, abusivement -parfois- qualifié de lignée, traite de son expérience Zen, en Chine, en Corée, en Inde4, aux USA ou au Japon, transmet-il une expérience spirituelle proposée en partage ou la communication de données culturelles chinoises, coréennes, etc. ? (Une fois de plus posée, la question de l'esprit et de la lettre, dont message-médium n'est que l'application technologique. On notera aussi que là où Mac Luhan parle de « village planétaire » des philosophes chinois contemporains disent « jardin planétaire », privilégiant « l'organique » esthétiquement ordonné mais ouvert aux aléas écologiques sur « le construit », de maisons fonctionnellement ordonnées à la protection contre les intempéries… et les gangsters !

Post-scriptum : Je rappelle que mes « billets » sont réellement des brouillons, des notes en vue d'un ouvrage que j'espère réellement écrire un jour. Il revient à ses visiteurs de les utiliser à ses propres fins, dans l'agencement (mental) de sa propre philosophie, en (pratique de) sa propre voie.

 

1À entendre comme l'un des nombreux sens donné au fameux xin xin ( ) du Xin xing ming (jap. Shin jin mei) ; sans sortir du sujet central de ces billets, Alan Watts disant en substance : allongez vous avec confiance sur le sol de la Terre, vous constaterez qu'elle est aussi réelle que vous. Elle ne va pas s'écrouler, s'anéantir à votre contact. Dans la ligne des diverses notations de mes derniers billets, en parallèle ou perpendiculaire (!), je suis tenté d'ajouter « allez vers l'objet de vos perceptions qu'il soit une corde ou un serpent & voyez et constatez » !

2Les portes de la Perception, Ed du Rocher, p 218

3cf. Mac Luhan

4« dhyana » - « zen » provenant de l'Inde et de la Perse ancienne...

11 juin 2015

Faire sans faire sa voie 2/3

 

Ce billet pourrait s'intituler « Où il sera encore fait mention de roman, mais la question ne sera pas là. »

J'attribuais à Gustave Lanson, au sujet des styles littéraires, cette citation : « Les doctrines ne valent jamais mieux que ce que valent ceux qui les appliquent. » Mais, en dépit d'efforts réitérés, je ne parviens pas à retrouver la référence exacte.

Il en va de même de l'auteur de cette citation, à laquelle je crois pourtant dur comme fer depuis des décennies : « Le Maître crée, le Disciple conserve, les autres – les suiveurs – trahissent. »

Je puis dire qu'Arnaud Desjardins est mon Maître spirituel, tout comme Alan Watts est mon Maître de Philosophie ; mais, franchement, je n'ai pas le sentiment de conserver grand-chose, ni non plus de trahir, puisque je ne suis pas Disciple de l'un ni de l'autre. Ou alors, un disciple surréaliste à la manière de Salvator Dali s'affirmant « non croyant, mais pratiquant ». Je dois à l'honnêteté intellectuelle de fournir les références exactes de mes assertions, mais l'esprit prime la lettre dans mon étude. Et, depuis pas mal de temps, (dans mon esprit) la connotation d'étude est celle de xué (étude, en chinois), qui se réfère à un apprentissage en pratique (laquelle ne dénote pas seulement un savoir faire, mais aussi un état d'être), à la manière de Tetsugen disant « La cuisine est mon étude ». Je l'ai écrit quelque part : pour devenir un cycliste, il faut apprendre à monter à bicyclette, mais on ne peut apprendre à monter à bicyclette sans bicyclette. Par rapport aux lignes ci-dessus, appelons « esprit » le fait de se trouver un cycle et d'y monter… et « lettre » le fait d'étudier la théorie du cyclisme ou la technologie du deux roues sans jamais aller y pédaler. Juste en passant : c'est ici qu'on voit que « l'esprit » peut être très matériel, et la croyance très savante, intellectuelle, mais sans jamais le moindre effet pratique.

Dans le même ordre d'idées, quand j'ai entendu dire de la bouche d'un très officiel professeur de philosophie d'une Université qui en compte d'excellents, qu'Aristote n'a jamais divisé la philosophie en métaphysique, logique, éthique et psychologie, que son « logos » peut s'entendre à l'intérieur de l'une ou l'autre de ces catégories, ça m'a fait « tilt », satori ou autre, en tout cas un sacré choc. Mettons (là, j'invente) le logos qui anime l'univers, le logos qui permet de raisonner, le logos qui dicte la conduite, le logos qui donne les explications (et les moyens...éventuellement thérapeutiques) d'un comportement. Un logos d'une signification qui serait proche du Tao, s'il n'avait été associé au verbe créateur qui s'incarne dans un homme qui est aussi (d'une manière ou d'une autre) l'une des trois personnes divines (les deux autres étant Dieu le Père et Dieu le Saint Esprit). J'en ai retiré cette idée qu'on dira simpliste : toute assertion qui ne peut avoir le même sens inhérent tant au niveau métaphysique, logique, éthique et psychologique doit être d'abord réputée fausse, mal formulée, inopérante ou aliénante. Elle peut entrer dans cet autre territoire qu'est celui du système de valeur. Ou celui des monothéismes en tout genre (dont le laïcisme mono-athéiste et l'économisme mono-je m'en mets plein les poches). En politique, on voit ce que ce que ça donne… Mais chut ! Pas de polémique !

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Le grand avantage de l'idée d'une unité de la philosophie est de grandement faciliter la transversalité des diverses sous-catégories (physique, épistémologique, herméneutique, heuristique, etc. jusqu'à l'art de distinguer un vin de Bordeaux d'un Sauvignon de Californie ou d'un Pineau des coteaux de la Chine méridionale. Sans oublier l'art du Sexe, ni le romantisme de certaines émotions de tonalité poétique… poésie que les chinois qualifie de Grande Parole par rapport à la petite parole discursive, explicative et raisonnante. L'intuition de la Grande Parole unifie le fractionnement de la parole ratiocinante et sectaire, les identifications de croyance qu'elles soient du Catholicisme romain ou du Bouddhisme Bonnet Jaune ou des Cotations de Places Boursières. Là encore, chut ! Pas de polémique !)

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Hypothèse : le Maître philosophique et la Maître spirituel sont des créateurs en ce qu'ils initient à l'intuition de la Grande Parole ; le Disciple conserve l'exotérisme de la petite parole sans en faire partager la saveur existentielle ET poétique ; les autres trahissent en ce qu'ils tentent de saisir les arcanes de la petite parole comme étant des réalités. Ce sont des croyants mais non pratiquants. Ceci étant une simple hypothèse… Laquelle, sauf erreur de ma part, n'a toujours pas été validée par le Centre ésotérico-pataphysique de Gare de Perpignan.

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