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La Philosophie d'Alan Watts
7 septembre 2015

Devoir de Vacances 08

L’Éveil et la parfaite Santé mentale (et/ou physique, en ce que la personne la plus équilibrée ne peut qu'être momentanément ou durablement affectée par la maladie ou un accident1) ne peuvent qu'avoir une définition quasiment similaire en Orient et en Occident.

Pour mes visiteurs pressés, qui auraient l'ouvrage sous la main, je puis recommander de se reporter au premier alinéa de la page 169 – tout y est dit. Sans toutefois qu'il soit précisé qui, du prêtre ou du thérapeute, ou les deux, peuvent être d'une utilité quelconque dans la quête de la liberté et du bonheur, et leur commun accomplissement dans la mort. Ni non plus – quand ils le sont, de quelle manière ils sont utiles. Étant par ailleurs supposé entendu qu'ils sont assez généralement sources d'oppression et de malheur ; qu'entre Le Grand Inquisiteur, inclus dans Les frères Karamazoff de Dostoievsky et Vol au dessus d'un nid de coucous, de Ken Kesey, la différence tient surtout à la stature littéraire des auteurs, et assez peu à la différence d'un message de dénonciation de l'oppression hypocrite et plus ou moins sadique des suiveurs de doctrines et/ou de la lettre plutôt que son esprit, comme source de malheurs multiformes.

Le sujet abordé par Psycho… me laisse suffisamment de pain sur la planche pour satisfaire mon intention de le garder l'automne venu.

A la rentrée, il me faudra faire la synthèse entre deux séries de faits qu'Alan Watts n'eut jamais à faire, d'abord en sa qualité de sujet de Sa Majesté la Reine et fidèle de l’Église d'Angleterre dont Elle est La Chef Suprême ; ensuite, comme citoyen d'un pays dont le Chef d'État doit rendre compte devant la Constitution et ses électeurs, mais aussi en regard de son allégeance à « Dieu ». De plus en plus d'américains se méfient de la « religion » institutionnel, mais continuent de juger impensable qu'un Président puisse être athée. Or, je suis citoyen français et j'ai toujours rendu à César ce que je lui devais. Je ne puis me contenter, comme le fit Alan Watts, d'ironiser sur la contradiction qu'il y a de se prétendre à la fois & simultanément démocrate en politique et monarchiste en religion. Sans compter la fâcheuse tendance de l'Instruction Publique (française) de faire commencer l'Histoire avec la Révolution Française, le début des Lumières et la « preuve » de l'obscurantisme avec l'Affaire Galilée. Dans un tel contexte, où placer cet ésotérisme de la Tradition pérenne, auquel nécessairement doit correspondre un exotérisme admissible ? Comment une société ou un groupe d'une société peuvent-il s'affirmer religieux après avoir divorcé de la Nature ? Surtout, comment poser ce type de problèmes (s'ils font problèmes) quand toute réalité, qu'elle soit « sociétale » ou « écologique » est devenu, en France, sujet à polémique politique ? En France, il paraît impossible de dire le moindre mot en sociologie ou en écologie, parfois en médecine, si l'on ne précise pas d'abord sa position « de gauche » ou « de droite » ! J'ai un certain tri à opérer…

&

Pour le moment, je vais poursuivre mes billets d’Été au gré des textes que je rencontre et selon la fantaisie de mes humeurs2. Juste pour interdire (m'interdire) un éloignement du vif de l’œuvre d'Alan Watts. Il dit en substance que la psychothérapie est une intégration sociale réussie, l'ascèse une intégration naturelle réussie – ascèse à attendre au sens d'effort produit3 pour se couler dans le mouvement de la vie et non pas de contraintes subies ou acceptées de bon cœur. Il tient compte cependant de ce que l'être humain est un « animal social – domestiqué », que la première libération ou la porte d'entrée dans la liberté est la prise de conscience du caractère conventionnel de cette distinction. Comme « animal », l'être humain est essentiellement naturel ; comme « social » il est producteur d'un langage le séparant du naturel. A un niveau plus basique, tout animal vit lui aussi en « société » et se conforme à un « langage ». Ce serait donc les spécificités du langage humain qui spécifierait l'Homme ; lesquelles seraient bien moins nombreuses qu'on ne le crut jusqu'aux découvertes de l’éthologie moderne. D'un autre côté, un aspect de l’éthologie m'a toujours amusé, qui justifierait scientifiquement la possibilité pour les saints hommes de vivre au milieu des fauves : l'étude des règles éthologiques de déclenchement de l'attaque. Celles-ci pouvant se résumer en deux mots : incompréhension/peur et agressivité.)

 

 

 

1Ce que Descartes reconnaît dans ses Méditations métaphysiques. Soit dit en passant, Descartes est le seul philosophe français dont je possède les œuvres complètes. Je ne manque jamais de le consulter lorsque je dois dire quelque chose au sujet du Yoga !

2Et, j'avoue mon plaisir malicieux, pour l'autodidacte que je suis avant tout, d'utiliser des termes tels que leçon, devoir, formation, rentrée, etc.

3Wei wu wei, action sans action, si vous y tenez, mais le « non-effort », le « sans-action », etc. sont sinon producteur, du moins gros utilisateur d'énergie vitale. Dans ces formules orientales, il est important de garder présent à l'esprit qu'il est tout aussi logique de dire que « le yang nait de la mort du yin » et son contraire puisque les deux processus sont simultanés et s'accompagnent et se soutiennent mutuellement. Les envisager en alternance n'a de valeur que descriptive. Ils sont intrinsèquement un seul Tao ! On utilise l'alternance du jour et de la nuit comme image du Tao, mais la nuit n'est nuit qu'en souvenir du jour précédent et du jour que nous croyons devoir revenir. Dogen en dirait probablement que nous « ne sommes pas présent au temps de notre présence »...

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