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La Philosophie d'Alan Watts
28 mars 2016

Reprise Psy Or Occ - 00

A la réflexion, je ne puis entamer mes « Variations wattsiennes » sans avoir terminé mon incursion dans Psycho or et occ. Elle pourrait d’ailleurs esquisser le plan de ma toute première « Variation ». Ce qui est une bonne surprise (pour moi), plusieurs entrées dans la philosophie d’Alan Watts étant possibles et légitimes. Je ne parvenais pas à choisir l’une plutôt que l’autre.

Pour ne plus avoir à y revenir, mon avis sur les attentats consiste à la fois à déclarer que je suis de ceux qui pensent que la peine de mort doit être rétablie pour les terroristes (tout comme pour la récidive d’un homicide) ; mais aussi qu’il est criminel de bombarder des populations civiles. L’État étant supposé agir au nom des citoyens qu’il gouverne, je me sens très mal à l’aise à l’idée que je suis – par délégation – un tueur d’enfants et de femmes sans défense alors que personne n’accepte de recevoir la délégation que je veux bien lui accorder de tuer les tueurs ! Les deux devraient, en bonne justice, être indissociables : tuer les tueurs ; éviter de tuer des innocents.

Je passe et n’y reviendrai plus1.

 

Alan Watts, étudiant pour son compte, philosophant par lui-même, pratiquant selon son inspiration, vivant « de ses dons », était un free lance. Un anarchiste libertaire bien différent d’un fonctionnaire appointé. Fonctionnaire soumis à un programme, qui, de bon ou de mauvais gré, doit faire appel à ce que proscrit toute philosophie libre, vraiment libre : l’argument d’autorité et la norme académique. Laquelle se caractérise principalement par le fait de demeurer au niveau du discours. Sans aucun conseil d’hygiène de lecture : par exemple la boisson dont on peut se désaltérer en cours d’étude. Le thé et le café ou le chocolat, le vin selon qu’il est rouge ou blanc, l’eau pure ou gazeuse, etc. qui ont chacun des effets différents sur l’humeur, la perception, l’appréhension et la compréhension des choses. (Pour ne citer que des psychotropes et drogues du cadre légal, aux USA et en Europe de l’Ouest. Passant du grec au latin, Le divin par la « dive bouteille », en somme.)

 

Son dernier livre proprement théologique (Être Dieu2) aura été une préparation théorique à ses ultérieures assertions apophatiques & soulignant la priorité du contenu existentiel sur le contenant doctrinal. Il y inaugurait sa présentation d’une théologie négative, mystique mais pratique, concrète, abordant tous les problèmes, et surtout « faux problèmes » qui empoisonne l’existence. Par exemple, il tente de montrer, de faire sentir, ressentir, que traiter de l’Incarnation conduit notamment à parler de la Rédemption, et réciproquement ; de l’Immaculée Conception, également. Mais, que parler de l’un ou l’autre dogme, ne peut être que du verbiage s’il ne permet pas de saisir, dans son expérience personnelle, que tous ces dogmes, et leurs corollaires immédiats, ne traitent que d’une seule et même réalité. La première caractéristique de cette réalité étant que nous (en tant que conscience d’un « je ») vis dans un corps qui vit lui-même dans un environnement physique, avant même d’accéder au langage articulé. La première des disciplines en devient naturellement de s’immaculer soi-même de tout concept sur la réalité.

C’est sous cette ligne de départ que je voudrais reprendre mes commentaires de Psycho or oc, laissés en plan.

 

Le Dieu des chrétiens (des chrétiens seulement ?) s’est incarné justement pour apporter la rédemption de la chair, l’identité de la chair et de l’esprit dans la divinisation, ou déification de l’homme. Du coup, la question de savoir si Marie est restée vierge à la suite de sa coucherie avec l’Ange en devient une dispute byzantine. La forme du vocabulaire utilisée peut choquer les rationalistes ; le fond de nature à choquer les « croyants en biblio-latrie » sans aucune expérience du contenu des mots auxquels il « croit », mais se persuadant qu’ils DÉTIENNENT le bon discours. (Le détenant & lui étant donc extérieur.) Les manipulateurs politiques peuvent s’en servir à leurs fins.

(Ainsi Al Hallaj fut crucifié le 27 mars 922, ayant osé déclaré ANA AL HAQQ, « je suis la Vérité », pour des motifs plus politiques que théologiques ou – encore moins ! – spirituels.

NOTA : c’est la traduction la plus courante. Variante => « dans le vrai ». Il est bon d’envisager une connotation de type « Moi en réalité » ou « Moi-je dans sa réalité »… laquelle, bien sûr, puisque « réelle » ne peut être que « vraie ». Illustration, sous un autre aspect, de l’avertissement d’Alan Watts de bien discerner « Dieu qui se prend pour moi »

incarnation « divine » en chacun ; et « Moi qui se prend pour Dieu », un ego-centrisme un tantinet schizo et/ou parano… On peut noter aussi que, derrière ce « Dieu qui se prend pour moi », le référent est la présence du divin en soi-même, au minimum l’enfançon taoïste appelé à grandir jusqu’à exclure le moi humain, dépasser les limites du corps et s’en aller voler par le ciel plus haut que les grues, ces oiseaux magnifiques à la fidélité « conjugale » absolue et définitive.

Maintenant, tout cela dit, un vif pincement de mon orteil gauche vient de m’apporter la preuve existentielle & expérimentale – en ce qui me concerne – que je ne suis pas prêt à rejoindre le vol céleste des grues !)

&

Je voudrais pour terminer ce billet citer Albert Einstein (1879-1955) A propos de l'Univers...

« Un être humain est une partie d'un tout que nous appelons: Univers. Une partie limitée dans le temps et l'espace. Il s'expérimente lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose qui est séparé du reste, une sorte d'illusion d'optique de la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous restreignant à nos désirs personnels et à l'affection de quelques personnes près de nous. Notre tâche doit être de nous libérer nous-même de cette prison en étendant notre cercle de compassion pour embrasser toutes créatures vivantes3 et la nature entière dans sa beauté. »

Selon « The New York Times » (29 Mars 1972) et « The New York Post (28 Novembre 1972), cette citation provient d’une lettre écrite par Einstein en 1950. (citation trouvée dans le site Psycho-textes, basé à Montréal)

 

1Mais, j’apprends, par hasard, comme d’habitude, que le rétablissement de la peine de mort pour certains délits serait une position d’extrême-droite. L’énonciation d’une nécessité ne pourrait-elle se positionner « au dessus » ?

2Titre original Beyond Theology. Ce qui, au final, veut dire « Au delà de tout discours sur la divinité de dieu » ;

ce qui est presque le reproche fait à El Hallaj. Il ne s’est jamais prétendu Dieu, ou incarnation du divin, mais uni à la Vérité de l’Amour (porté à) Dieu.

3Par exemple, un enfant qui se trouverait au mauvais endroit d’un mauvais moment du passage d’un éclat de bombe larguée par un avion français venant le tuer ou l’estropier. Qui, dans un tel cas, prononce la sentence de mort ou d’estropie ? Ponce Pilate ?

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