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La Philosophie d'Alan Watts
20 juillet 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 00,1

(Heureusement, l’upaya est précisément là pour tromper samsara dans ses prétentions D’Être le Nirvana ; l’upaya est même le principal moyen pour lier le samsara au nirvana. Traduit par « moyen habile », on pourrait dire qu’il est une illusion instrumentalisée au service de la « vraie » réalité. Mais…)

Aujourd’hui, je voudrais dire quelques mots sur la méfiance que les mots, entendus comme moyen de communication, peuvent et/ou doivent inspirer au chercheur de sagesse.

Au tout début du Tao Te King (dao de jing), il est indiqué que la seule légitimité & utilité & vertu de la vérité d’un mot, d’un Nom, tient à sa constance, sa permanence, sa solidité ai-je envie d’ajouter. On pourrait peut-être en déduire que la vérité & vertu d’un nom est sa totale indépendance quel que soit le contexte sémantique ou la situation du locuteur en relation avec son auditeur.

Très concrètement, c’est nécessaire pour une bonne éducation des enfants.

Malheureusement, je n’ai pas d’enfants. Mais, j’ai eu des chiens et, avec ou sans mot, ils avaient confiance en moi. Quoique je fasse, quelles que soient les circonstances. Pour indiquer ma présence, j’avais une manière spéciale de siffler. C’était un simple son qui n’impliquait aucun ordre, mais seulement que j’étais là.

L’un de mes chiens, un Beauceron au maximum du standard, avait été sollicité pour un concours de chiens en groupe. Mon chien n’avait pas l’habitude de côtoyer tant de chiens différents, ni, encore moins, de se trouver au milieu d’une foule et de bruits si inhabituels. Au moment de sa présentation, il était visiblement effrayé et donnait l’impression de vouloir se cacher au milieu de quatre autres Beaucerons, qui constituaient le groupe soumis aux juges & vétérinaires. Au milieu des spectateurs, j’étais découragé (et je n’osais pas crier son nom ; il aurait pu l’interpréter comme l’ordre de venir au pied. La catastrophe!). Par une céleste inspiration, à n’en point douter, je me suis mis à siffler… à siffler mon nom et le sien, à siffler notre unité de vie. Aussitôt, au moment même où le vétérinaire arrivait à la hauteur du groupe, il se dressa, aux aguets, cherchant où j’étais. Nous eûmes le premier prix de présentation groupée. (Le propriétaire des autres chiens m’avoua que lui aussi s’était senti désespéré et impuissant, juste avant mon sifflement de reconnaissance.)

La différence est immédiatement saisissable : pour le chercheur spirituel, le « signal constant » n’est pas dirigé vers l’autre mais vers soi-même, s’interrogeant sur son inclusion en Tao (j’adore l’expression affirmant qu’en Tao, le premier pas est également le dernier.) Toute réponse est la bonne, ce qui explique les innombrables « wu » (sans et/ou « en absence de ») l’action, l’effort, l’esprit/mental, pensée discursive, etc.)

Selon Alan Watts, tout concept qui renvoie à d’autres concepts est stérile s’il n’est pas nécessaire. Sauf divers cas, lesquels différencient la nature même des autres concepts : par exemple, la fonctionnalité opérante d’une pioche dépend de son manche, bien qu’un manche de pioche puisse servir à d’autres fonctions que piocher : assommer son voisin, tuer son chat, casser le fenêtre de sa voisine, etc. Mais, j’avoue mon manque d’expérience en la matière, n’ayant jamais assommé mon voisin, tué mon chat ou cassé le fenêtre de ma voisine.

La pioche sert à piocher,

mais un manche de pioche peut être détourné de sa destination,

un peu comme la religion qui sert à relier, libérer et apaiser :

mais sert parfois à séparer, oppresser ou faire la guerre.

Un point (d’interrogation) s’ensuit, assez vexant pour quelqu’un qui comme moi s’est assez tôt méfié des « belles paroles » : Comment parvenir à l’unité de sa propre personne sans parvenir auparavant à la cohérence de son discours… (?)

Complémentairement, s’il faut utiliser le sens des mots chez Alan Watts comme signification, il faut aussi, surtout, et du premier parvenir au second : comme perception sensible, comme foi de confiance totale dans la sensation.

Pouvez-vous imaginer la frayeur et l’impression de perdition de mon chien (qui ne s’était jamais trouvé au milieu d’autant d’autres chiens, de gens, de bruits, de divers autres stimuli nouveaux) ; et le soulagement d’entendre ces notes du maître – perdu dans la cohue, au milieu de tous ces brouhaha, tohu-bohu et charivari ?

Un Satori canin, quoi !

Tout comme il advient à notre conscience ordinaire la perception de l’Éveil qui est déjà en nous (et/ou la Voie dans laquelle nous sommes déjà). Tel nirvana au milieu de samsara.

Ps- Ce qui n’épuise d’ailleurs pas le sujet… En consultant des dicos, à vue de nez, il y a environ 500 items relatifs à ce dont je viens de faire allusion.

(L’ésotérisme vivant, dans le cœur aussi bien que l’esprit (entendu généralement, peu ou prou, comme d’abstraction, est supposé, en principe, permettre de saisir l’ensemble de tous ces éléments, à partir de la compréhension de quelques exemples.)

 

 

 

 

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