Devoir des Vacs d’Été 18 – 0,2
Un dernier point pour déblayer le terrain (non pas le cerner, tout demeurant en vrac) :
Le danger que pointe Alan Watts, très tôt après son arrivée aux USA est qu’à ne pas savoir mettre en relation (& fonction) les concepts, dogmes, valeurs, etc. l’étudiant et/ou l’apprenti chercheur spirituel s’interdit par avance toute expérience (toute prise sur le référent d’un signifié privé de signification pratique, « opérationnelle »).
Pour caricatural qu’il soit, mon exemple de la pioche et de son manche, montre bien qu’on peut étudier une pioche (ou la pelle d’un excavateur) séparément de son manche (ou de l’engin et son bras mécanique), on n’apprendra jamais comment s’y prendre (un « comment » assimilable à l’âme vivante de la chose, quelle que soit la nature de la dite chose, son genre divin, humain, animal, végétal ou … numérique et/ou robotique, etc.)…
Incidemment, il en devient impossible de renvoyer dos à dos, les essentialismes et les existentialismes, ainsi que le simple bon sens de la vie et ce que son quotidien nous invite, voire nous contraint à faire.
(Pour les visiteurs pas trop jeunes => c’est toute l’histoire du comique Fernand Raynaud « C’est fait pour ! ». Un enfant demande à son père pourquoi ceci, pourquoi cela, comment ça peut bien marcher, etc : rapidement dépassé, le père finit par se borner à répondre que « c’est fait pour ». Avec humour, quoique ne connaissant pas Fernand Raynaud, Alan Watts s’en moquait en le disant en français => la raison d’être.)
Au bout du compte, tout paraît dépendre de celui qui tient le manche !
Le point de vue de l’enfant, ou de l’animal, est toujours interessant : une grande part des questionnements de Wetering proviennent de la rapidité avec laquelle, lors de la Deuxième Guerre, des amis et quelques autres condisciples de classe, passèrent au statut de « pas hollandais comme les autres », à celui d’ « ennemis », à celui de « à embarquer dans des camions ». Pourquoi ? Parce-qu’ils étaient juifs ! En somme, des gens qui sont faits pour être mis dans des camions. (Pour l’enfant qu’il fut, je souhaite qu’il ne parvint pas à imaginer la descente des camions – tout moyen de transport ayant une destination ; c’est fait pour.)
Svabhoga et svadharma, c’est bien beau, mais ça devient quoi, dans ma pioche et mon manche ? Et, mon sifflement perçu au milieu d’un véritable vacarme, et qui ressuscite toute la force et la beauté de mon chien, où le situer ? Du côté du manche ou du côté de la pioche, ou bien du côté du terrassier ?
On peut se poser les questions. Sauf que je tiens à dire qu’en Tao, rien n’est fait pour ; ni n’a donc de raison d’être. (Autre que celle d’être là).
Inconvénient, je veux dire inconfort ou franc désagrément de parler ainsi :
je n’ai jamais entendu parler d’un terrassier qui se dirait, en lui-même, que « tiens creuser un trou, ce n’est pas une mauvaise chose pour se mettre en appétit avant l’heure de l’apéro » !
Ou, Bouddhâ se disant « tiens mettre en mouvement la roue du Dhârmâ, ça ne peut pas nuire avant la Délivrance » !
Et, ce mouvement qui carbure au Ki, pour l’univers, pourquoi indiquet-t-il à l’esprit humain de se stabiliser dans l’Immobile ?