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La Philosophie d'Alan Watts
11 janvier 2017

Epreuve n 2

Je poursuis mon éprouvant apprentissage du tactile, sur écran et clavier de la taille de deux paquets de Gitanes ! Et, le moral au beau fixe, car je vais recevoir un nouvel ordinateur, portable, d'occasion reconditionne et pouvoir ainsi mener mon roman "initiatique" à son terme. (Initiatique, pour qui le voudra lire selon cette grille; sinon, dans le genre satirique, c'est assez fendant); et entreprendre ma Variation opus 1. (J'utilise une allusion musicale, sans être moi-même du tout musicien, un peu comme j'utilise avec plaisir des métaphores maritimes, en dépit de mon mal de mer habituel, ou qu'elle ait plusieurs fois tenté de me noyer... Ce qui n'est pas bien loin de la teneur de ce billet.

Poursuivons! Mon apprentissage et ce billet.

Bible. Très jeune, j'ai beaucoup admiré la figure d'un Jacob s'en allant exiger de Dieu sa bénédiction. Nul ne peut voir Dieu sans mourir, dit-on. Le combat de Jacob en représente le plus abouti démenti. Car, ne dit-on pas aussi que les portes du Ciel ne s'ouvrent qu'aux violents ? On le dit, et j'ose le répéter, tout en m'empressant d'ajouter que, pour ma part, je suis avant tout un fidèle abonné aux jérémiades. De nos jours comme en ceux de Jérémie, le pourrissement politique et social est si lamentable, il faut bien dire que ma référence (un peu simpliste) n'est pas infondée.

Parmi ces réminiscence de jeunesse, il se glissait Le Sage Ben Dira, dont j'avais essentiellement retenu que "Tel est habile à enseigner qui pour lui-même est bon à rien". 

Tout ceci donc, bien avant d'avoir lu ou entendu la moindre allusion à Alan Watts, la sémantique générale, ou les perfides allusions d'Aldous Huxley au sujet de ces choses -correctement formulees- qui deviennent fausses du simple fait d'être dites. 

Hum! Je suis loin d'avoir la maîtrise du tactile ; mais il semble que cet effort ait eu le mérite de clarifier mon projet sur deux trois points :

Ce blog continuera d'être réservé à watts; et Je ne manquerai pas d'y mentionner toute idée, information, réflexion à son sujet. Du moins, si elles se présentent à moi. (En continuant à les mentionner, même quand je ne suis pas d'accord.) Cela dit, ma recherche sur sa personne est terminée.

Variation commencera par des notes de récit sur ce qui m'a conduit vers lui. Parallèlement, sur ce qu'il y a à dire, et redire, en rapport avec ma prétention d'être une réincarnation d'Alan watts. 

A l'intérieur de ces deux grandes lignes, il sera plus facile d'aborder LE thème (essentiellement unique) de la Paix sur Terre et d'un œcuménisme supra religieux. 

Bien entendu, j'annoncerai ici mes premières pages. 

Je suis d'ailleurs à la recherche d'une formule vachement publicitaire. (Vachement au sens des amours vaches chez les voyous du milieu du siècle dernier... Les apaches de la barrière, avant qu'ils ne revêtent blouson noir et chaine de vélo.)

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9 janvier 2017

Epreuve n1 de l annee 2017

Epreuve pour moi seulement, je l'espere !

Car j'écris sur une petite tablette de rien du tout, mon ordinateur étant en TRES grande panne ! 👎😿 !

Je comptais aborder le sujet d'Alan Watts comme philosophe en liberté, propulsant donc une philosophie de non dépendance externe (matérielle ou idéologique, par exemple) et interne (ne pas pouvoir résister à une envie addictive n'est pas faire preuve de liberté intérieure, quoique ce ne prouve pas son contraire non plus, si la lutte du "contre" en devient l'unique sens d'une existence), qui puisse devenir aussi une libération spirituelle, un élargissement de la conscience.

N'allons pas plus loin, ici, puisque ce que j'ai dit indique ma dépendance de l'usage d'un ordinateur. (Tout comme je ne cache pas ma révolte intérieure à l'endroit d'un destin qui m'a placé en état de précarité dégradant et qui est aussi une sévère entrave de ma liberté d'action - l'ensemble fort loin de la noblesse et, en fait, de liberté qu'elle peut amener de par ses vertus d'allégement. 

 

Bon! Cet apprentissage en accéléré du tactile m'a épuisé. A plus !

3 septembre 2016

NOTICE

Trois points (comme trépieds de soutien et/ou tripode de levage)

1) Développer une philosophie personnelle implique, à mon sens, qu’elle repose d’abord sur une expérience personnelle ; ensuite, qu’elle appuie son expression verbale sur un philosophe avec lequel on ressent un lien inter-personnel (d’identification, de projection, de transfert ou n’importe pourvu qu’il y ait lien).

Dans mon cas, il se trouve (sans que je m’en plaigne ni ne m’en vante) que le type de rapport qu’Alan Watts entretenait avec sa mère est le même que le mien.

Également, que j’ai connu des déceptions douloureuses d’avoir trop admiré deux ou trois personnes.

Pour Alan Watts, ce fut de constater l’impuissance de son Maître, Dmitri Mitrienovic (Dimitrije Mitrinović, 1887-1953), à s’opposer à la guerre 1939-45, en s’unissant avec d’autres « penseurs » européens.

Les rapports, d’accointance, continuité ou discontinuité de la paix intérieure et de la paix entre les peuples est une question qui m’a interpellé dès mon enfance. Non par un pacifisme bêlant, mais par raison. Laquelle peut indiquer l’usage de la force. (Faut-il rappeler que Socrate fut un excellent soldat ?)

2) Il me semble qu’une telle philosophie requiert de tenir compte que « Chacun chez soi et les vaches (et/ou moutons) seront bien gardées », est un dicton qui se marie bien avec celui conseillant : « A Rome comme à Rome, en dehors comme en dehors » dans la perspective d’une Cité et/ou un Jardin planétaire1.

3) Agacé sans doute de constater que l’ésotérisme (et la Tradition pérenne, avec ses nombreuses appellations et tendances de philosophia perennis, de Tradition primordiale, de perennialisme, etc.) soient devenus des ensembles conceptuels dogmatique et relativement prétentieux, donc « exotériques » comme les autres, déclara plusieurs fois en substance ou explicitement : l’ésotérisme est votre vie intérieure. Ni plus, ni moins.

§ dans cette optique, Alan Watts disait d’ailleurs que ses ouvrages visent la sensation du lecteur et non pas sa raison, ses savoirs et ses opinions.

§ pour simplifier, cette dite sensation est une passerelle entre le message génétiquement inscrit en nous depuis la nuit des temps et notre vie de tous les jours qui se distribue entre nature, culture et société dans un souci de rentabiliser les choses (soi inclus) au lieu de chercher à les unifier & harmoniser. De se mettre à l’écoute...

§ la grande différence entre Tradition-Orient et Modernisme-Occident réside en ce que les premiers se veulent à l’écoute ou en quête des Signes (cosmiques & supposés « divin »2) et les seconds créateurs de signes (étant entendu que le meilleur des anthropocentrismes est européocentrisme).

ces trois points de soutien et d’élévation constituent le thème central ; mes variations en seront les conséquences (parfois équivoques) et avantages pratiques personnels que j’y vois. En tout cas, que j’applique pour ma part, en tant qu’habitant de la planète Terre et tout en demeurant de nationalité française, issue du peuple breton !

 

Mon présent blog n’est pas supprimé pour autant. Comme déjà dit : si des informations et appréciations nouvelles sur la philosophie d’Alan Watts viennent à ma connaissance, je les indiquerai – y compris celles qui ne vont pas dans le sens de mes propres commentaires. Rien de changer sur ce point.

Simplement, à l’automne, mon centre d’intérêt va se déplacer vers Variations Wattsiennes.

(Le lien est actif, mais son ou ses contenus des semaines à venir sont d’entraînement, et tâtonnement.)

1En Europe, on bâtit une maison puis on l’orne d’un jardin (d’utilité comme d’agrément) ; en Chine on choisit un lieu de vie et on y place de quoi s’y abriter – éventuellement un Palais d’Été, quand on est Empereur…

2Panenthéistes, dirait Watts.

6 août 2016

Dernier billet 1/2

Il y a l'ego tel qu'il naît de lui-même génétiquement programmé en existant, mais aussi tel qu’il se forme culturellement dans sa relation à tout ce qui n'est pas lui, tout ce qui est « pas-mon ego », tous les non-egos pris individuellement comme tous les non-egos entendus comme des Ensembles ou des champs dynamiques d’éléments divers en interdépendance.

La formation et le développement de cette conscience d’ego (dans sa relation à tout ce qui n’est pas lui) s'effectue dans le cadre d'une société.

Cette société est avec ou contre la nature.

Elle raisonne en termes d’inclusion ou d’exclusion, de dualité ou de non-dualité, d’entre-aide ou de compétition, d’interférence ou de cloisonnement, et cœtera

Elle encourage ou décourage tout comportement physique ou mental qui laisse à penser qu'il y a en nous soit quelque chose de directement et intrinsèquement spirituel, ou qui serait une ouverture cachée à la sphère de l'Esprit. « Quelque chose » qui puisse, en résumé, désigner une sorte de programmation génétique permettant de s’ouvrir naturellement à l’Esprit, dont la philosophia perennis donnerait les clefs d’accès, d’accès à l’Esprit déjà là mais ignorant de Lui-même – qu’Il soit inclus dans le Cosmos ou qu’il lui soit extérieur d’une manière quelconque.

Alain Daniélou, dans son Polythéisme hindou1 énumère les six possibilités métaphysiques que propose l’Inde :

« 1) Dieu est dans le monde, de même qu’il y a du fil dans le tissu.

2) Le monde est en Dieu, de même que le tissu est dans le fil.

3) Le monde est Dieu ou Dieu est le monde, de même que le tissu est le fil et qu’il n’y a point de tissu sans fil ni de fil sans tissu.

4) Le monde et Dieu sont distincts, de même que le tissu est autre que le fil.

5) Dieu est distinct du monde mais le monde n’est pas distinct de Dieu, de même que le fil peut exister sans le tissu, mais non pas le tissu sans le fil.

6) Il est impossible de déterminer si le monde est distinct de Dieu ou non, de même que nul ne peut affirmer si le fil et le tissu sont distincts ou non. »

 

La première chose qu’il est permis de remarquer dans cette énumération est l’absence du Grand barbu et Père fouettard que dénoncent le laïcisme agressif et l’athéisme militant, pas plus d’ailleurs que le dieu freudien castrateur ou culpabilisant – obligeant à consulter le psychothérapeute.

De mauvais esprits pourraient néanmoins signaler qu’en pratique les auteurs & prophètes de la Bible, des Évangiles ou du Coran paraissent bien avoir anticipé Papa Sigmund !

Maintenant, en remplaçant « Dieu » par « Idole Économie », le choix des options demeure fonctionnel. En un peu plus compliqué, car « Idole Économie » est-il intrinsèquement en bourse, en paradis multinational ou entre les mains de politiciens imbues d’eux-mêmes mais incompétents ou corrompus ?

That is the question !

1Le polythéisme hindou, Alain Daniélou, Buchet/Chastel, p 72

27 juillet 2016

Spécial mauvais jour

Ces lignes sont de circonstance, et montre l’actualité de l’approche d’Alan Watts1 :

Pour les Pères de l’Église, tel Origène ou Clément d’Alexandrie, il ne peut y avoir de « Guerre juste ». La « Guerre sainte » doit être menée par la seule Parole de Dieu.

La notion de « Guerre juste » n’apparaît qu’avec Saint Augustin, qui y pose néanmoins des restrictions si sévères qu’elles la rendent presque impossible, notamment : se battre sans haine, sans volonté de pouvoir ou de gain matériel.

Alan Watts pensait que l’injonction du Christ « Aimez vos ennemis » est à prendre littéralement. Elle n’implique pas de changer de camp. Elle signifie d’aimer ses ennemis tels qu’ils sont : des ennemis. Et, la caractéristique majeure d’ennemis est de se battre entre eux, ou bien alors de se retrouver en situation d’amis.

Le refus de l’autre en tant qu’ennemi ne laisse aucune chance de le (et de ‘se’, soi-même) transformer en ami.

(Pour mettre à jour 2016 : ce n’est pas en insultant les terroristes de l’E.I. qu’il est possible de les éliminer. Pour les éliminer, il est nécessaire mais suffisant de les tuer. Par contre, les insulter – par exemple en les traitant de cinglés, est un bon moyen de diffusion de la haine.)

Le caractère impitoyable des guerres de religion, et des guerres idéologiques en général, provient précisément du refus de reconnaître l’ennemi dans sa propre adversité d’ennemi; également du refus de tuer l’ennemi (sans haine ni manipulation politicarde) comme de celui de tenter d’instaurer des conditions de Paix, d’amitié.

Avoir le courage, et le Devoir, de tuer sans haine, est également l’un des thèmes de la BH. Gîta.

Tuer en devient alors un karma-yoga...)

PS – Qui est un commentaire personnel : ces horreurs ne sont pas si nouvelles que ça. L’odieux, l’exécrable, l’ignoble, l’indigne, l’abominable, l’immonde, c’est la récupération politique de tous bords. La police, la gendarmerie, divers services officiels ou secrets font leur travail. Et puis, comme c’est bizarre, « on » sabote ou neutralise le résultat de leurs actions. Une commission, très officielle, compétente suggère quelques modalités. Son rapport, comme au temps de la 3° République, est enterré dans un tiroir !

Lors de la Guerre du Vietnam, le moine Thich lançait à ses ennemis un message de Paix et non de haine. Pas plus que de capitulation.

A mon avis, propager la haine du chien est inutile, nuisible, contre-productif. Face à un chien qui a la rage, il « suffit », sans haine ni peur, d’utiliser une bonne carabine et de viser juste.

Ce qui a d’ailleurs été fait. Mais, je ne puis m’empêcher de remarquer que la police, agissant dans l’urgence, a pu le faire correctement. C’est-à-dire avant qu’un politicard quelconque ne s’en mêle.

1cf. publié en début 1983, Alan Watts, taoïste d'Occident, Pierre Lhermite, La Table Ronde, pp 68-69.

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5 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - Post-Sriptum 3/3

Quand il était encore intégré dans une société traditionnelle ouverte aux forces de la nature, l'être humain se nourrissait de mythes et de symboles qui donnaient un sens à sa vie et à sa mort. Nous sommes sortis de cet univers culturel. Nous le regardons de l'extérieur par notre intelligence. Nous ne nous percevons plus comme des membres à part entière de la nature. Nous l'explorons, et nous étudions les symboles qui y puisent leurs racines, par analyse, déduction, comparaison et autres tours de force intellectuels, mais nous ne les percevons plus de manière directe, intuitive, sensitive, ainsi que le faisaient ceux qui vivaient en communions avec leur cadre de vie, suivant le rythme des saisons et des ans sans qu'il soit besoin de s'en a-percevoir1. Faisant partie du paysage,ils ne ressentaient aucune envie d'en sortir pour le contempler. La culture moderne, tableau accroché au mur du salon, nous laisse au contraire discourir à son propos et nous interdit d'y pénétrer. La religion, la poésie, la musique ne sont plus que des ornements de nos esprits; un spectacle à regarder, et pas une fête active, unifiante et porteuse de sens. (...) L'homme moderne sait par oui-dire qu'il y eut d'autres manières d'exister et d'aborder le monde. Il en fait de moins en moins l'expérience. Il va au musée examiner avec curiosité ce qui fut pour d'autres banalité quotidienne, leur simple affirmation d'être. Il s'extasie, avec une certaine condescendance – n'exagérons rien. Et, il s'empresse de se rassurer en songeant que ces pauvres peuples primitifs sont obligés de chanter en travaillant parce qu'ils n'ont pas de transistors, ou de danser pour se réjouir parce qu'ils n'ont pas de pharmacien pour leur fournir des thymoanaleptiques. « Personne n'y fait rien dans le but avoué d'orner un musée, d'être exposé dans une galerie, ou pour que les journaux en fassent la louange.2 »

La classique opposition des manuels de philosophie entre Être et Avoir se trouve ainsi tout à fait dépassée : l’homme moderne n’est même plus ce qu’il a, mais ce qu’il croit avoir. Dépossédés de nous-mêmes, nous nous dépossédons des biens matériels sur lesquels nous avions misé. Car cet avoir est du toc, qu’il s’agisse de nourriture, de vêtement, de mobilier, de « services », de connaissance ou d’expérience.

Le monde moderne nous place dans l’impossibilité d’éprouver charnellement notre présence au monde. La pseudo-consommation, tout en nous faisant saliver, nous laisse sur notre faim, nous emporte, nous étourdit, ne nous apaise pas.

Les membres de nos sociétés modernes, nous dit Watts, sans « principe d’unité » psychologique et culturel, vivent dans l’absurde.

Nous avons des schémas abstraits, des modes du paraître, et même des théories& systèmes économiques ; mais sans aucune insertion ni connexion avec les préoccupations de la vie quotidienne concrète. « Car, notre civilisation ‘matérialiste’, vraiment mal nommée, devrait cultiver l’amour de ce qui est matériel, de la terre, de l’air et de l’eau, des montagnes et des forêts, de la nourriture, de l’habitat et des vêtements... 3»

&

A l’intérieur (ou en étroite intrication avec telle ou telle des possibilités politiques allant du ‘libertaire’ aux divers régimes figurés dans « Le Meilleur des Mondes » publié en 1931 par Aldous Huxley et « 1984 », publié en 1949 par Georges Orwell ou « Un bonheur insoutenable » de 1970 par Ira Levin), l’Occidental se reconnaît aliéné et voudrait affirmer son autonomie comme faire cesser son malaise. A leurs façons, tous les autres peuples de la Terre d’origine extra-européenne, ont cette préoccupation de bonheur qui ne s’oppose pas à la liberté. Mais ce que les Occidentaux appellent « aliénation », les Orientaux la désignent du terme d’ « ignorance », suggérant ainsi que la liberté (et le bonheur) s’acquièrent plus par la connaissance que par l’action. Une édification intérieure dont les échafaudages sont temporaires et modifiables en cours d’utilisation ; dans lesquels les concepts, les images, etc. n’ont de vérité qu’utile à l’entendement et à l’action. Le champ de l’édification du Soi (ou conscience cosmique) est réel, les moyens (upaya) de son accès sont transitoires et, au total, aussi illusoires que les illusions qu’ils dénoncent ou les maux dont ils veulent nous affranchir – sans d’ailleurs chercher à délimiter clairement et définitivement ce qui relève du Bien et ce qui relève du Mal. Sans mal aux pieds, irait-on ‘consulter’ son chausseur ?

1Cf. Signification du Bonheur, p 107

2Matière à réflexion, p 159

3Matière à réflexion, p 11

5 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 3/3

Quelques citations pour achever de ‘circonscrire’ le point de ‘départ ’ de l'ouvrage.

« Le but de la libération est non de détruire la maya, mais de la voir pour ce qu’elle est, d’en dépasser les apparences. Un jeu ne doit pas être pris au sérieux, ou en d’autres termes, une idée du monde et de soi-même qui n’est qu’une convention et une institution sociale ne doit pas se confondre avec la réalité. Les règles de la communication ne sont pas nécessairement celles de l’univers, et l’homme n’est pas la fonction ou l’identité que la société lui impose. En effet, dès qu’un homme cesse de se confondre lui-même avec la définition que les autres donnent de lui, il devient à la fois universel et unique. Il est universel en vertu du lien indissoluble de son organisme au cosmos. Il est unique en ce qu’il est précisément cet organisme et non un quelconque stéréotype de la fonction, de la classe ou de l’identité assumée pour la nécessité de la communication sociale.

« La détresse naît d’une confusion entre cette maya sociale et la réalité…

[ Devant les dilemmes de la pensée, du sentiment ou de l’action, une solution doit être trouvée ]

« Certains la trouvent dans les psychoses et névroses qui relèvent d’un traitement psychiatrique, mais la plupart tentent de se délivrer dans ces orgies socialement permises que sont les divertissements de masse, le fanatisme religieux, l’excitation sexuelle chronique, l’alcoolisme, la guerre, et toute la suite affligeante de ces échappatoires répugnantes et barbares. » (p 7)

NOTA : La maya n’est pas une illusion perceptive du monde extérieur, pas plus que le « faux-moi » de l’ahamkar n’est une illusion de soi-même. La libération métaphysique ne détruit pas plus le monde extérieur qu’elle ne supprime l’existence de l’ego. Ce livre pivot1 dans l’œuvre d’Alan Watts est un livre de métaphysique, mettons (arbitrairement) à 90 %, et de recommandation d’un style personnel de vie à 10 %!

Petite info de rappel : Alan Watts, dès sa jeunesse en Angleterre s’était intéressé à la psychologie jungienne. Ainsi qu’à Alfred Adler (1870-1937), divers auteurs bien connus avant la Guerre 39-45. Parvenu aux USA, il s’ouvrira, puis participera activement aux « néo-thérapies ».

Il n’a jamais beaucoup apprécié Sigmund Freud.

« De fait, Freud a défini le désir de retour à la conscience océanique prénatale sous le nom de principe de nirvana, et ses successeurs ont persisté à confondre toute idée de transcendance de l’ego avec la simple perte de la puissance de « l’ego ». Cette attitude découle, peut-être, de l’impérialisme de l’Europe occidentale au XIX° siècle, où il était commode de considérer les Indiens et les Chinois comme des païens arriérés. Incultes, pour qui la colonisation représentait le seul espoir de progrès. » (p 15)

Il donne (p 15) une longue citation de Gardner Murphy (1895–1979)  : « Si en outre nous voulons sérieusement comprendre, autant qu’il est possible, la personnalité, sa constitution et sa désagrégation, nous devons comprendre le sens de ces expériences de dépersonnalisation par lesquelles la conscience de soi individuelle est aboli, et l’individu se fond en une conscience qui n’est plus en rapport direct avec le moi. De telles expériences sont décrites par l’hindouisme dans les termes d’une ultime identification de l’individu avec l’Atman, c’est-à-dire l’entité cosmique supra-individuelle qui transcende à la fois le moi et la matérialité. Certains hommes souhaitent de telles expériences, d’autres les craignent. Notre problème n’est pas de savoir si elles sont souhaitables, mais quelle lumière elles projettent sur la relativité de notre actuelle psychologie de la personnalité… Certains modes de configuration de la personnalité, dans lesquels la conscience de soi est moins accentuée ou même fait défaut, pourraient bien être les modes généraux (ou les modes fondamentaux) de la conscience. »

Il enchaîne à la page suivante avec A.F.Bentley (1870-1957 ; épistémologue plus que psychologue) : «  L’individu en peut être banni qu’en faisant preuve d’un surcroît d’existence, et non en prétendant qu’il en manque. Si l’individu disparaît, ce sera parce que la vie réelle des hommes, explorée assez largement, s’avère trop riche pour lui, non parce qu’elle se montrerait indigente. »

Et commente ainsi :

« Il suffit de regarder les traits pleins de vie et de personnalité, les yeux attentifs des grands maîtres du zen que représentent les peintures chinoises et japonaises, pour comprendre que l’idéal qu’elles illustrent est tout autre chose qu’un non-être collectif ou la dissolution dans les limbes d’un ego débile. » (p 16)

L’erreur égotiste et son corollaire quasi obligé d’un comportement égoïste est de trop mettre en avant ce qui n’est qu’un élément de la réalité d’une personne et de son existence. « C’est comme si on voulait faire honneur à la main en la coupant du bras ! » plaisante Alan Watts.

&

Mais, je m’en avise, je n’ai pas réellement commenté ce chapitre un.

Pour le faire, il faut sortir un peu de sa ‘circonscription’.

La ressemblance commune (le point commun n’est pas la chose elle-même, mais ce qui y ressemble, ce qui fait qu’ils se ressemblent) est le changement opéré.

D’une façon générale, le psychothérapeute intervient pour modifier la perturbation dont souffre son patient. Les moyens de libération, pour conserver l’expression d’Alan Watts, s’adresse à des personnes socialement bien intégrées et adaptées à la société dans laquelle ils vivent, mais qui cherchent quelque chose de plus.

Nota : à la parution de Psycho…(1961), Chogyam Trungpa ne s’est pas encore installé aux USA2. C’est justement au cours des années 60 que le Contre-Culture américaine va se « spiritualiser », et, en périphérie, devenir « religieuse », voire très nettement « superstitieuse ».

Cela n’implique pas qu’avant les années 70, les questions posées et les réponses apportées aient été moins pertinentes. Elles demeurent d’ailleurs d’actualité !

Simplement, ça se présentait autrement. Les journalistes français qui allaient enquêter de l’intérieur le milieu du « Beat Zen » se voyaient souvent accueillis d’un « Simone et Jean-Paul vont bien ? » Simone de Beauvoir s’entend ; et Jean-Paul Sartre, bien sûr, jugés très « zen », par l’idée d’un individu particulier condamné à la liberté mais en butte aux jugements d’une société au mieux limitative, au pire aliénante. Leurs figures associées à l’image d’un St. Germain des Près (au quartier latin) des caves du Jazz et de l’alcool, du libre choix sexuel et des conversations sans fin mélangeant allègrement le sublime et plus trivial de l’existence.

La question demeure : changer, mais pourquoi ? Généralement, on désire changer en vue d’un mieux.

(Dans le cadre de ce billet), je voudrais aller du plus superficiel au plus profond. Ce qui, après tout, se nomme « approfondir » la question.

Superficiellement,

En Occident, s’agrandir, s’élargir, aller mieux implique le plus souvent l’acquisition d’un nouvel avantage social (particulièrement en France, via les augmentations de salaire ; ainsi, notre national Mai 68 est il passé d’une image de révolution culturelle à celle de négociation de Grenelle3), généralement limitée à son propre groupe, ou à sa propre catégorie sociale, parfois à son seul ‘ego à soi’. L’identité est soi-même en tant qu’individu. Quand on est plus religieux, on se confie à Dieu, ou à l’Être Suprême qui en tient lieu, ou à telle valeur supra-individuelle vécue en fait comme un recours vivant. La religion n’est jamais envisagé dans sa dimension mystique. La ligne de partage paraît se situer entre les matérialistes qui promettent le bonheur pour bientôt, et les croyant/religieux qui espère un « Au delà ».

D’autres caractères seraient sans doute à dégager, le point commun est l’individu limité à son ego, généralement lui-même réduit à sa part consciente et raisonnable. (Le scandale de la psychanalyse étant de prétendre que des motivations inconscientes puissent influencer, parfois même entièrement commander l’action et le comportement quotidien.)

Le point fondamental est la position dualiste, que ce soit pour chercher protection, son avantage ou pour servir.

Quand, épisodiquement, l’ego s’identifie à un grand nombre d’autres egos, regroupés ensemble et dont il fait partie, la suspicion de fascisme survient assez rapidement, furtivement ou à hauts cris. Ce qui permet de juger tout rassemblement de masse (n’importe quelle foule) déraisonnable et manipulable. La distinction entre foule de circonstance ou fortuite et ‘foule’ organisée ou canalisée, ou encore fortement disciplinée, tel un défilé militaire, etc n’est d’aucune importance pour mon propos. (Lequel demeure, à la suite de Watts dans Psycho… qui est Moi et est-il susceptible de changement ? Vers une bonne santé mentale, du point de vue psychothérapeutique ; vers une libération (de soi4), du point de vue oriental.

J’exprime mal, ou insuffisamment, quelque chose qui semble (je dis bien qui semble) avoir disparu5 : toute psychothérapie, donc toute consultation d’un psychothérapeute, voire toute étude psychologique prenant l’individu pour objet relève de préoccupations bourgeoises. Effectivement, il faut du temps, et de l’argent, pour pouvoir se préoccuper à loisir de ses états d’âme. Sauf défaillance nerveuse, les besoins primaires ou de survie, l’action, le danger, les situations difficiles peuvent avoir un effet unificateur sur la psyché.

 

Profondément,

Comprendre que l’intérêt écologique individuel est celui de mon Moi le plus réel.

(à suivre, en PS)

 

 

1J’ai déjà utilisé ce terme pour désigner sa découverte de l’École Traditionnelle, puis son « entrée » en Tao. J’y reviendrai à nouveau...

2Et n’a donc pas publié son livre sur le ‘matérialisme spirituel’ de l’Occident. Cutting through Spiritual Matérialism, 1973. tr. fr. au Seuil, 1976, sous le titre Pratique de la Voie Tibétaine, Au-delà du matérialisme spirituel.(Sa2)

3La première était aussi illusoire que la seconde était en trompe l’œil, si l’on considère qu’une augmentation de salaire équivaut rarement à celle d’un pouvoir d’achat – du moins de façon durable.

4La précision est prématurée par rapport l’exposé de ma réflexion, mais qu’il soit clair qu’il s’agit de se débarrasser du fardeau de soi-même et non d’un ‘soi’ égotiste libre (et stable dans sa volonté) de ‘faire ce qu’il veut’.

5La psychologie collective a droit de cité, au moins depuis 1945, fin de la guerre.

1 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 2/3

(Bien entendu, ce que le précédent billet, citant Needlam disait : « ...à la science occidentale, non ! » s’applique à l’économie européenne; et, au sujet des particularités pathogènes propres à chacun des groupes sociaux, se concrétise également dans ce nouveau groupe qu’est la nomenklatura des institutions européennes.)

Les psychothérapies et les moyens de libération spirituelle ont en commun, nous dit Watts, une transformation de « la conscience du sentiment interne de l’existence personnelle ; ensuite, l’affranchissement de l’individu par rapport aux formes de conditionnement que lui imposent les institutions sociales. »

« La psychanalyse n’atteint son propre accomplissement qu’en se faisant analyse historique et culturelle. », ainsi que l’a formulé Norman O. Brown. L’efficacité de la conversation sur le divan trouve rapidement sa limite (de même que la sphère spirituelle ou la religiosité qui ne seraient que conviction individuelle isolé dans un clos privé et hermétique aux influences sociales et naturelles, qui s’interdirait toute action sur ses conditions de vie. Considérer une meilleure liberté d’action comme preuve de santé mentale ne peut qu’impliquer une exploration de l’ensemble des facteurs inconscients qui prétendent imposer, limiter ou manipuler les contextes d’exercice de cette même liberté d’agir et de se comporter au monde.

La perspective n’implique aucun esprit de nivellement ou de normalisation (autre que celle de qualité et de protection des falsifications diverses).

(« Dans la construction européenne, le principe de subsidiarité, est une règle de répartition des compétences entre l'Union et ses Etats membres. En dehors des domaines de compétences qui lui sont propres, l'Union Européenne n'agit que si son action est plus efficace que celle conduite au niveau des États ou des régions. »1)

On peut tenir pour assuré qu’il existe un « lien karmique » entre l’attitude des européens vis-à-vis de la pauvreté et de l’Islam, les attentats du Bataclan et d’Istambul, l’incurie des politiques qui semble vouloir s’étendre de plus en plus, la « crise européenne », la rivalité interne des anciennes puissances coloniales, la domination américaine, la remontée en puissance de points d’attraction tels que la Chine, le « monde arabe » et la Russie…

et le café noir que moi « je » prends au zinc du bistrot du coin.

Le tissu des liens karmiques personnels, des plus nobles aux plus triviaux sont intégrés au karma collectif, ses lois naturelles, ses fonctions, ses instrumentalisations sociales et ses manipulations politiques.

Cela ne veut en rien signifier qu’il faille (pour une bonne santé mentale ou une libération spirituelle) intervenir sur tous ces points, et beaucoup d’autres. Statistiquement, sur les sept milliards de terriens, le nombre des individus touchés par les balles au Bataclan, à l’Atatürk Airport d’Istanbul et ailleurs demeure infime. Pourtant, métaphysiquement & éthiquement, au niveau d’une conscience personnelle réellement planétisée, chacun, tout un chacun, est le tireur et la victime !

Cette constatation peut amener une sensation d’impuissance et de désespérance, susceptible de faire excellente litière à n’importe quel trouble mental personnel, provient – selon Alan Watts – de la méconnaissance du caractère conventionnel des règles du jeu de la Vie.

Le premier pas vers une bonne santé mentale et spirituelle est de ne pas prendre trop au sérieux les règles du jeu (et de l’ego), tout en sachant qu’elles sont aussi nécessaires que la grammaire, le système métrique ou le code de la route. Corrélativement, comprendre que la relativité de l’injonction de rouler à gauche ou à droite n’implique en rien qu’il soit bon de rouler indifféremment à gauche ou à droite, de passer au feu rouge et de s’arrêter au feu vert selon son bon plaisir, et cœtera !

1Source : http://www.toupie.org/Dictionnaire ; cf. Wikibéral, à l’entrée « subsidiarité ».

24 juin 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 1/3

Mon idée était de filer le plus rapidement possible vers le dernier chapitre de Psycho. Je m'aperçois qu'il peut être fort utile de s'attarder un peu au tout premier chapitre.

En effet, pour fonder une psychothérapie vraiment scientifique, il faudrait imaginer un thérapeute qui puisse recevoir à son premier rendez-vous quelqu'un tel que le regretté Norbert E. Said (comme pourfendeur des arrières-pensées de l'imaginaire occidentale de l'Orient), au second quelqu'un comme V. Poutine (qui a su créer comme un pacte de non-agression mutuelle avec les Patriarcats de l’Église Orthodoxe, et, tacitement, toutes les religions de Russie et alliés russes), au troisième un Donald Trump (qui est une sorte de Bernard Tapie US ) ; au quatrième un Teng Xiaoping, qui découvrit le marxisme en France, en compagnie de Zhou Enlai, (un Teng qui fut d’abord farouchement anti-religieux et anti-spirituel, puis beaucoup plus libéral – sous réserve, assez logique, de s’assurer que la CIA ne se cache pas derrière cette liberté des cultes comme des expressions populaires « superstitieuses ».

L’ouvrage d’Alan Watts lève le canular ; mais un commentaire de celui-ci deviendrait inutile s’il ne montrait, ou suggérait, la différence de son début et de sa fin. Autrement dit le chemin à parcourir pour aller de l’un à l’autre.

Comme le dit Joseph Needlam (1900-1995)1: « Oui, à la science moderne occidentale ; à la science occidentale, non ! »

Ce qui implique que N.E. Said (1935-2003), V. Poutine (1952-?), D. Trump (1946-?) , Teng Xiaoping (1904-1997) – par-delà le temps et l’espace – venaient à devoir consulter un même thérapeute selon la science occidentale, en raison d’un quelconque malaise ou mal être, que la nosographie se chargerait, -soyons en sûr-, de cataloguer... Eh bien ! Cet hypothétique psychothérapeute occidental pourrait/devrait/serait supposé leur apporter un même réconfort moral sans tenir compte de la situation de guerre du Moyen-Orient, des intérêts de toujours de la Grande Russie, d’un rêve américain ressemblant parfois à des histoires de gangsters ou des modifications cruciales entreprises en Chine au plan économique, mais aussi de la liberté religieuse et démocratique2.

(Étant entendu implicitement qu’une situation de guerre, les sociétés moyen-orientales, les cultures russes, américaines et chinoises ‘profondes3’ ont chacune des agents pathogènes propres.)

&

À jeter un coup d’œil sur l’actualité très immédiate en Angleterre et en France, peut-on ignorer que les pays les plus farouchement pro-européens sont ceux pour qui l’UE est une garantie de leurs propres intérêts économiques et militaires nationaux ? Et, à l’intérieur de chacune des nations, l’existence de particularités identitaires basques, bavaroises, bretonnes, catalanes, corses, écossaises, et cœtera !

Alan Watts, à l’Académie des Études Asiatiques aimait citer A. David-Neel (1868-1969), en préalable de ses propres cours. A. David-Neel, qui comparait la pluralité des aspects et la désunion des instances du « Moi » au parlement de la 3° République.

À mon avis, nulle doute qu’aujourd’hui, elle prendrait la métaphore du Parlement de l’Europe (comme de l’incurie de certains de leurs dirigeants nationaux et régionaux).

&

La prise de conscience de notre ressenti envers la culture dominante comme envers la nature environnante est la première clef d’une « thérapie libératrice » qui soit autre chose qu’une simple conformité aux normes de la respectabilité sociale. (Laquelle se résume trop souvent au service des intérêts économiques de multinationales, indifférentes au respect des particularités culturelles nationales et régionales, tribales, claniques ou associatives. Dans ce domaine, caractéristique de la « Mondialisation », le ‘tout’ n’est pas un ‘plus’ que la somme de ses parties ; il est un moins. La Mondialisation économique n’est pas un ‘plus ‘ ou un ‘mieux’ dans l’existence de chacun – et de chacun dans ses appartenances de groupe. Elle est un ‘moins’, une soustraction du bonheur d’exister comme une dévaluation de la capacité de regarder en face le tragique de la vie.)

1La science chinoise et l'Occident, Paris, éd. du Seuil, 1973, pp 55, 113, 241.

2N’en déplaise à nos sinologues, qui feraient bien de relire dans les Évangiles, la parabole de la paille et de la poutre.

3J’utilise ce mot à la mode, synonyme, semble-t-il, de véritable ; mais en matière de « pathogénie » mentale, il est à noter que le ‘superficiel’ est tout aussi efficace que le ‘profond’. La « pathogénie » atteint son pic lorsque le ‘profond’ et le ‘superficiel’ (=affiché et verbalisé) sont en contradiction antagoniste.

27 mai 2016

Reprise Psy Or Occ - 02,2

Une large part de Psychothérapie se trouve déjà, à l’état embryonnaire, en 1940, dans Signification du Bonheur, clairement exprimée par son sous-titre « La Recherche de la liberté spirituelle dans la psychologie moderne et dans la sagesse de l’Orient. ».

 

Il est piquant et passionnant de mettre trois points en parallèles :

Sur la fin de Signification, Alan Watts cite St. Athanase1 : « Dieu s’est fait homme afin que l’homme puisse être fait Dieu. »

De 1939 à 1941, Watts côtoie fréquemment Sokei-an Sasaki, son second « maître zen », Ecole Linji/Rinzai, (le premier étant Chrismas Humphreys). Il ne peut ignorer que Sokei-an Sasaki (par ailleurs mari de Ruth Fuller Sasaki, belle-mère d’Alan Watts, pour son premier mariage) a écrit « qu’il n’y a pas de moi dans l’homme ni dans le dharma… C’est pourquoi ce qu’on appelle les deux sortes de non-moi signifie qu’il n’y a pas de moi en l’homme et pas de moi dans les choses. »

« Prétendue psyché » est l’expression utilisée en préface de Psychothérapie...2

 

L’avantage de Signification est sa simplicité, sa construction provenant d’un assemblage et d’une mise en forme de diverses conférences qu’il prononça à son arrivée aux USA, pour éviter de dépendre totalement de sa richissime belle-mère. Cela dit, une large part des thèmes de l’ensemble de son œuvre y sont présents : l’homme civilisé se croit divorcé de la nature, mais ce n’est que vaine prétention (p 263) car l’ego est une fonction et non un « soi », la véritable identité à la source de son petit « soi » étant infiniment plus profond et grand que celle de l’individu. Lequel demeure inconscient qu’en une seule cellule de lui-même se trouve tout l’univers. Son « âme » procède d’une seule et même énergie (p 266). LA religion n’est pas celle qui enferme dans les murs institutionnels, mais celle qui mène, amène et entraîne vers la liberté et le bonheur du royaume de Dieu, en nous, « microcosme d’un macrocosme », « par un acte de foi en son propre univers, lorsqu’il fait lever le soleil de son acception sur le mal et le bien qui sont en lui » (p 250).

Un an plus tard, les USA étant entré en guerre à la suite de l’attaque de Pearl Harbor, il n’est pas sûr que Signification aurait obtenu le même honorable succès. (Pendant la guerre, Alan Watts fit ses études de théologie. Sokei-an mourra dans un camp d’internement, l’influence de Ruth Fuller Sasaki n’y pourra pas grand-chose.)

 

Un autre avantage de Signification (par rapport à Psychothérapie) est son sérieux. N’ayant pas encore fait « le tour de la question », Alan Watts n’a pas encore à «contenir son envie de rire ». Il utilise bien des notions ésotériques, mais d’origine théosophique. Malheureusement, la difficulté « théosophique » provient du fait qu’à vouloir se centrer sur l’ésotérisme, elle a crée ipso facto un exotérisme nouveau (teinté de syncrétisme). Dans une première approche, on peut faire la même remarque à propos de Krishnamurti et de Chogyam Trungpa. Inversement, on peut constater qu’à vouloir tout démystifier (« exotériser », si je puis dire), on encourt le risque de devenir incapable de percevoir l’identique derrière ses formes multiples. Ou, corrélativement, par exemple, de percevoir qu’elle est le caractère exact du crime – métaphysique – dénoncé dans un texte tel que « Meurtre dans la cuisine » (contenu dans « Matières à réflexion »).

Nota : Ce dernier alinéa, car je viens de découvrir, avec une certaine tristesse, que le problème des conditions de l’élevage et de l’abattage des animaux est toujours d’actualité en France.

1Athanase d’Alexandrie (298-373), époque où l’on s’interrogeait sur la divinité du Fils de Dieu.

2« Prétendue psyché » peut être entendu au sens d’ahamkara (faux-moi, ou moi-qui-force-à-dire-je) ; ce qui renvoie aussi au yogacâra, lequel n’implique pas que tous nos objets de conscience sont faux, illusoires ou mystificateurs, mais seulement que notre conscience d’être un moi-je est une lunette d’observation dont les verres sont généralement embués ou rayés ou colorés, etc. C’est à ce « changement de lunettes » que fait allusion Alan Watts lorsqu’il dit que la part de nous-mêmes qui voudraient changer les choses est précisément celle qu’il faudrait changer !

3Dans la collection Médiations, chez Denoël-Gonthier.

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