Faire sans faire sa voie 1/3
Comment emprunter un chemin, un mode de vie en dehors des règles strictes, admises comme inévitables, du modèle standard de la vie moderne ? (Dans le cadre de ce billet, je laisserai de côté la toute première chose qui s'impose, d'une discrimination à faire entre les règles – devenues – réellement inévitables et celles auxquelles on consent par manque de spontanéité.)
Y penser comme variante ou modalité du non-agir ou du karma yoga est le premier écueil à contourner.
Dans l'image de la corde et du serpent, ce n'est pas l'erreur de perception qui est visée, mais notre attitude d'identification à l'objet (neutre, plaisant ou déplaisant) de nos perceptions. Il en va de même pour nombre d'autres métaphores, y compris, peut-être surtout quand la perception s'associe quasi instantanément à la spéculation (type : un billet coloré → billet de loterie → gagnant → achat voiture de sport (et/ou achat robe super séduisante, coiffeur, institut de beauté) → conquête fille belle et sexy (et/ou preux chevalier bien membré) → supers enfants → bonheur et richesse parfaites!)
...était l'une des idées qui me sont venues pour engager ma première étude sur Psy or oc, par le thème d'un « Faire sans faire sa propre voie ».
Mais, je viens par hasard de découvrir un article qu'il me paraît bon de partager avec mes visiteurs :
from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com
URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/05/le-materialisme-spirituel-dalan-watts/
...lequel donne ses traductions, dont celle de « does it matter ?» qui rend le « matter » en français par « important ». A titre polémique (seulement), on pourrait tout de suite remarquer que mais c'est bien sûr ! On part en croisade pour délivrer le tombeau du Christ, mais arrivé sur place on découvre les richesses d'Orient ; et alors on découvre un souci bien plus « important » que celui de savoir qui doit garder le tombeau sacré → piller les richesses d'Orient ! Puis, dans le souci de protection des pèlerins, on crée ce qui fit office d'argent → on découvre le Pouvoir de l'argent, on spécule dessus → on finit sur le bûcher des templiers.
(Pour qui voudrait aller plus loin, j'avais tapé dans google « Richesse ou argent+Alan watts ».) Pour revenir à mes propres propos, je traduirais volontiers « does it matter ? » par « cela fait-il l'affaire ? » ou « cela marche-t-il ? » afin d'en revenir à cette question de la corde et du serpent ; et nos identifications, lesquelles sont toujours désastreuses : reculer par crainte de ce que vous percevez, qu'il s'agisse d'une corde ou d'un serpent, butter sur un gros caillou et se casser une jambe. Et voilà ! (Dit en passant, j'ai toujours appris que l'expression « what's the matter ? » signifiait principalement « quel est le problème ? » ou « quel est le point en cause ? », selon le contexte.) En premier thème d'étude, je voudrais essayer de dégager quel est le problème commun ou le point véritablement concerné. J'entends => dans la discrimination psychologie et spiritualité, « spiritualité » étant entendu au sens de « voie de libération » ; c'est littéralement parole d’Évangile, qui dit «alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
Inversement, s'il convient de ne pas se laisser berner en prenant une corde pour un serpent, je tiens à dire qu'il est dangereux de donner un coup de pied à un serpent que l'on prend pour une corde. Le mot n'est pas la chose, mais il vaut mieux prendre en considération toute pancarte indiquant « chien méchant » (ou toute image d'une mise en garde contre la corde qui est un serpent ; tant est, à tout prendre, qu'il mieux vaut percevoir un serpent dans une corde que l'inverse). Le faire sans faire ne saurait être ― au plan verbal ― bien plus qu'une modalité ou une variante de l'agir sans agir, mais soyons pragmatique : que fait-on quand on agit sans agir ? Que l'on pense sans penser ? Que l'on est sans être ?… qu'on marche en une voie spirituelle qui est nôtre… le sujet de l'ouvrage Psychothérapie Orientale et Occidentale.