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La Philosophie d'Alan Watts
29 janvier 2014

Trajectoire & Cheminement 2/3, B

Trajectoire & Cheminement 2/3, B

Je rappelle que l'objet de ce blog est la philosophie d'Alan Watts - une métaphysique (et sa sous-catégorie théologique et religieuse comme moyen d'accès au Sacré), une éthique (et/ou une psychologie personnelle des états de conscience permettant d'utiliser ces accès au Sacré comme d'une psychologie globale, donc l'ensemble des prétendues sciences humaines, de l'être humain affronté aux conventions sociales, prostituées depuis deux-trois siècles aux contraintes économiques), un art de vivre dans l'air du temps à proportion du parfum d'éternité qu'il porte, et bien des choses encore si l'on définit la philosophie comme un Savoir total et une Sagesse ; lesquels par ailleurs ne sauraient être vraiment planétaires si elles ne sont une pensée/vie amérindienne, arabe, bantou, chinoise ou esquimaude autant que grecque ou greco-cartésienne révisée et adaptée aux servilités de la mondialisation des banques.

Et, je rappelle ainsi que la trajectoire d'une boule de pétanque ou d'une boule de billard, l'impassibilité ou les mouvements d'humeur de Sa Gracieuse Majesté britannique n'ont ici leurs places qu'en ce qu'ils servent mon propos et ma propre existence... marquée ces temps ci d'une humidité ambiante favorable à la perception de rhumatismes, de mes rhumatismes personnels à moi. Vous, c'est peut-être un rhume, le démarrage difficile de votre automobile ou votre imperméable qui ne l'est pas assez sous la pluie...

Car, tout étant lié dans cet univers phénoménal, l'actuelle Reine d'Angleterre est une passionnée de cheval. (Et, l'association d'idées superficielles s'impose : Alan Watts a fait ses études de collégien à l'ombre de la Cathédrale de Canterbury et du sous-chef de l’Église d'Angleterre.) Une bande défilante, symbolisant toute la fougue de la Tamise – sur laquelle reposa des siècles durant toute la puissance économique et militaire de l'Angleterre – représentait un cavalier galopant sur l'un des ponts, se cabrant et (je suppose) s'élançant dans les airs. Malheureusement, pour mon œil de téléspectateur que tout laisse penser disposé sous le même angle de vue que celui de la Reine, une mauvaise disposition de cette bande donnait beaucoup plus l'impression d'une chute dans le fleuve qu'un bond dans le ciel ! On comprend l'émotion de la Reine et son interpellation gestuellement vigoureuse du Chef des cérémonies... La Reine dont on se souvient qu'elle sut maîtriser sa monture alors qu'on lui tirait dessus, lors d'une visite au Canada. La Reine s'aperçut immédiatement qu'il s'agissait de balles à blanc, mais pas le cheval, déjà passablement énervé par le défilé, les flonflons comme les cris de la foule. Obtenir d'un cheval qu'il retrouve rapidement tout son calme dans de telles circonstances n'est pas à la portée de n'importe quel cavalier... Et, il est connu que plus jeune, Élisabeth II était du genre casse-coup que ce soit à cheval ou en voiture automobile (dont elle était capable de vérifier la mécanique).

Toute la question, - d'accord !-, est de savoir si je suis en train de défendre la Monarchie, de faire allusion au problème théologique de l'efficacité d'un rite : dépend-il de la sainteté de l'officiant ou de l'exactitude de son exécution ? Ou bien encore – pourquoi pas ?– des réflexions assez acides d'un Alain Danielou sur ces intellectuels qui refond la société ou l'univers, mais sont incapables de réparer le moteur de leur automobile ou d'affronter le danger avec une bonne aisance. Est-ce une question de nerfs, de savoir faire avec son psychisme ou d'une foi fondamentale dans le sens de son existence ? Il n'est pas interdit non plus de s'interroger sur la naissance comme irréductible opposé de la mort, et sur la mort comme simple aspect de la vie elle-même...

Psychothérapie orientale et occidentale date de 1960, et appelle une certaine mise à jour. Les dites sciences humaines ont évolués ces soixante dernières années ; la pensée chinoise (dont vient le Chan/Zen) est mieux connue et, dans son ensemble, la sinologie française commence de s'intéresser à la Chine plus qu'à la sinologie ou un orientalisme aux préoccupations coloniales. (A cet égard, l'Orientalisme de rêve ou d'utilité guerrière s'est déplacé vers le « Monde arabo-musulman », du reste beaucoup plus musulman que numériquement arabe ; et, on en parle peu, l'étude de l'Occidentalisme à des fins militaires, par les anciennes colonies américano-européennes est une réalité.)

Je voudrais souligner qu'à mon avis cette pique anti-orientalisme est en congruence avec mon propos, si l'on considère avec Zongmi (780-841) que notre esprit, telle une perle de Claire Lumière en son essence, a la fâcheuse tendance de se colorer ou de se noircir au contact de son environnement chromatique. (cf. Bernard Faure, Bouddhismes, philosophies et religions, Flammarion, p 236-294)

Ou, autrement dit, qu'une trajectoire peut aisément se faire mousqueterie, jeu de ping-pong ou de billard, astronomie ou astronautique. On me dira que je mélange les torchons et les serviettes. Ce sera justifié. Les actuelles réalisations touchant à l'astronautique ou à l’astrophysique n'ont plus rien à voir avec les premiers Spoutniks, bien que le terme de « lancement » ait été maintenu.

Je reviens donc à la question mal posée dans le dernier billet de cet ''intermède'' mais que je conserverai présente à l'esprit tout au long de mon étude de Psychothérapie, afin de l'avoir à l’œil et de m'en défier.... : la Tradition (cosmologique, rituelle, initiatique et théophanique) peut-elle résister aux assauts humanistes, machinistes, scientistes, laïcistes, anti-ritualistes, anti-écologiques et anti-téléologique1 du Monde Moderne ? Poser ainsi les questions (philosophiques ou supra-philosophiques) revient à entrer dans une impasse en bloquant l’accélérateur au plancher.

Les difficultés d'une Claire Lumière, ou d'un éveil potentiel déjà là mais soigneusement camouflé – perturbé par les cinq sens (cinq couleurs) et ce patchwork plus ou moins artistique qu'est le mental

(=> entassement des nœuds de vipères d'émotions fluctuantes, d'idées abstraites figées et de représentations diverses qu'est le mental) individuel égocentrique retranché en ses murs, dénués de la moindre ouverture à un Mental Écologique et Cosmo-centrique.

Par « mental écologique », j'entends ici la perception consciente de ce que l'Inde appelle koshas, revêtements de l’Être, et la Chine les wuxing, les Cinq éléments animés des changements incessants du Yin-Yang... notre corps avec le corps du monde... dans l'alternative de se suicider ou de tuer pour manger... de résonner positivement ou négativement, esthétiquement et affectivement, sous la stimulation des objets de perception de nos cinq sens... et, pour s'en féliciter ou s'en lamenter, confronté à l'Inconnu qu'est l'expérience spirituelle, qu'on l'appelle sahaja (état/action naturels) avec l'Inde ou ziran (de soi-même ainsi/spontanéité 'intérieure' =/= des réponses aveugles aux stimuli externes)...

Ou, pour reprendre Alan Watts lui-même : Accepter de répondre à l'Invitation à la danse, la cosmique tai-ji quan. L'exercice conscient de soi sur soi-même peut y aider en en montrant les limites. Mais, « le spirituel » qualifié par Watts d'érotisme polymorphe, se développe de lui-même dès que l'âme est restituée au corps et que l'individu cesse de s'identifier avec l'ego. Ce qui consiste à assimiler le corps d'un sage à celui d'un enfant « qui va sans savoir où il va, et se tient tranquille sans savoir ce qu'il fait. Il se confond avec ce qui l'entoure et il en suit les mouvements. » (cité dans Psycho... pp 165-66... voir, par exemple, Les philosophes taoïstes, La Pléiade, p164 ; depuis 1980 diverses traductions et commentaires du Zhuangzi/Tchouang-tseu ont été proposés.)

Au fond, dans cet échange de « psy/spi » orientale et occidentale, l'intérêt est d'apprendre l'art et la manière de repérer du premier coup d’œil le point commun dans ce qui survient au dehors ou en nous, l'harmonie unifiante si bien cachée dans des « choses » aussi différentes que le jeu de billard et le jubilé de Sa Très Gracieuse Majesté Élisabeth II d'Angleterre...

 

 

1Je viens d'utiliser ce concept presque pour la rime ! Mon idée est plutôt en amont (quoique évidemment étroitement liée avec tout ce qui touche une approche écosystémique de notre planète) : le monde n'est pas vide de sens, mais une ensemble de signes changeants, en mouvement, qu'il nous appartient de déchiffrer selon notre « svadharma », notre nature (svabhoga) et devoir propres. C'est ici que l'aspect « existentialiste » du Chan/Zen reprend son utilité descriptive, quoiqu'il reste à examiner si dans un monde « dérégulé » être libertaire ne revient pas à rappeler l'utilité pratique de certaines valeurs telles que l'Honneur, le Respect et l'Obéissance (étant entendu que la désobéissance civile est une Obéissance supérieure).

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