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La Philosophie d'Alan Watts
2 août 2015

Devoir de Vacances 04

Alan Watts dit textuellement (Psycho, p 106) que « l'équivalent occidental de la réincarnation est représenté par notre obsession de l'histoire, cette recherche du temps perdu dans l'avenir, cette vaine tentative de progresser vers un avenir satisfaisant grâce à la logique d'un passé appauvri. Car l'histoire est « l'enregistrement de la frustration », et ses premières sources sont les monuments où les hommes ont commencé, selon la phrase d'Unamuno, à mettre leurs morts en réserve. L'histoire est le refus de « laisser les morts ensevelir leurs morts ». L'histoire, ou mieux : l'historicisme, est une thésaurisation chronique de détritus, amassés dans l'espoir qu'ils pourront un jour « servir ». C'est un état d'esprit pour lequel l'enregistrement de ce que l'on fait devient plus important que ce qu'on fait, et qui réserve de moins en moins de place à l'action à cause de la place de plus en plus importante qui est faite aux résultats de l'action. C'est pourquoi la Bhagavad-Gîtâ décrit la libération comme une action qui ne s'attache pas à ses propres fruits, car lorsque la vie et la mort sont vécues complètement, elles se déroulent sans laisser de traces dans un éternel présent. »

Alan Watts (p 168) nous dit aussi que « la vie ne va nulle part, parce qu'elle est déjà là ».

A mon avis, cela n'implique pas une quelconque parousie, ni Bouddha de l'avenir pour la société ; il n'est pas logique que d'un état « mal » puisse sortir un état « bien »  : au plan métaphysique (et scientifique) l'avenir n'existe pas (les astronomes lisent notre passé, pas notre futur), au plan logique « un chien ne sera jamais le fils d'un chat ». Mais, il est vrai que d'un « bien peut sortir un mal » ou « qu'à tout malheur quelque chose est bon », car il s'agit d'un autre niveau sans rapport avec le temps ou la durée mais avec la paralysie mentale (psychologique) qui aliène notre comportement et/ou conduite (éthique) via le resserrement de perception que constitue l'identification (l'oubli du contexte, le refus d'une vue large de l'existence). La vie ne va nulle parce-qu'elle est déjà là, mais la quintessence de la vie est mouvement et élargissement… culminant dans la dilution finale de la mort. Éros et Thanatos1 marchent la main dans la main, tout comme la libération (de la répression) sexuelle va avec celle de la libération (de la répression) spirituelle.

La maladie mentale peut aussi bien provenir d'une « répression » spirituelle que d'un refoulement sexuel.

NOTA : La disparition/libération de la répression ou de l'oppression exercées sur une activité ou un comportement n'implique en rien la libération de cette activité et/ou comportement. La levée d'un interdit n'autorise nullement la capacité de l'exercice de son objet.

1Au sens utilisé par N.O. Brown, que cite Alan Watts dans Psycho.

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31 juillet 2015

Devoir de Vacances 03

L'être humain s'attache à l'histoire telle une mauvaise habitude (et/ou masturbation) par crainte de son propre devenir final. L’obsession des « Monuments Historiques » en résulte comme une horreur de perte d'identité -un néant. Laquelle ne saurait exister sans être statufiée. On préfère ainsi les Bouddhas de pierre à sa propre libération, la croyance et la dévotion à la propre prise en charge de soi par soi et l'immobilité à la Vie en perpétuelle changement. L'idée de conservation du patrimoine, tant matériel qu'intellectuel ou culturel en général, n'est pas en elle-même nuisible. Elle le devient par sa sacralisation indue et par l'importance prioritaire qu'elle prend. J'aimerais savoir combien d'authentiques bouddhistes se sont scandalisés lors de la destruction des bouddhas de Bâmiyân, Afghanistan. La conservation des pyramides d’Égypte, le déplacement des Temples d'Abou Simbel sont choses excellentes. Le sort des nubiens le serait-il moins ? 

29 juillet 2015

Devoir de Vacances 02

Aux parallèles Comparaison et Tradition – bien que ce puisse paraître déjà empiéter sur mes futures Variations Wattsiennes – j'ajouterai Entre-Aide et Compétition. Ce faisant, je sors un tout petit peu de l’œuvre proprement dite, mais pas de son esprit. Je rappelle la déception qu'éprouva le jeune Alan quand il constata la vanité & l'impuissance de son Maître à agir pour la Paix1. Également, qu'un « Tao » chinois n'est pas le Tao, sans nom, ni attributs.

A mon sens, nous avons là une sorte de mission simultanément ésotérique et écologique, qu'il faudra bien accomplir s'il en est encore temps. Nous avons encore trois siècles pour cela, si l'on en croit ce que de grands Rishis de l'Inde communiquèrent à Alain Danielou.

Ce pourrait être aussi une manière de séparer psychothérapie et moyen de Libération spirituelle : la « normalité » psychologique se juge à sa conformité avec le tradition sociale & culturelle particulière à laquelle on appartient ; et à laquelle on réserve un esprit d'entre-aide, donc au dessus de la compétition interpersonnelle. Un moyen de Libération, en tant que « moyen », reconnaît l'autre dans sa qualité d'autre & différent de soi-même sans prétendre le modifier en quoi que ce soit (à plus forte raison, le « convertir » à soi… ses propres croyances, goûts, raisonnements, etc) ET un moyen de Libération, en tant que « visée » ou perspective finale de la Voie, comporte l'acceptation de se fondre dans n'importe quel aspect de la manifestation cosmique du vivant… par exemple, cette coulée de lave en fusion qui va anéantir sa propre existence terrestre dans trois ou quatre secondes2 ! La Tradition suit la voie de la Nature (et celle de la Culture s'y conformant) ; l'humanisme se veut contre la nature, ou la dominant. La « religiosité » est considérée par la Tradition comme « naturelle » ; les animaux sont « religieux ». On pourrait dire que la spiritualité est naturelle, que la Conscience cosmique est, par définition, naturelle. C'est la société (et les institutions religieuses sont aussi « sociales » que les athées & laïcistes purs et durs!) qui, -par le langage et les lois-, qui s'en retranche et vient « mettre de l'ordre dans tout ça » (ou la pagaille, selon les cas) ...

NOTA : C'est la raison pour laquelle, à chaque occasion, je précise la discrimination que chacun devrait être libre de faire entre « catastrophe naturelle » (= manifestation 'cosmique', donc à accepter comme destin 'cosmique', volonté divine, etc.) et résultat de l'incurie politique ou de ses corruptions. On continue, au sujet de Fukushima, d'utiliser l'expression « catastrophe naturelle » alors même qu'il s'agit là de l'exemple type de ce qui devrait s'appeler « conjonction d'actes criminels organisés » ou « manque de vérification de possibilités alternatives ». Ce tsunami aurait pu ne faire aucune victime, en dehors des marins embarqués, ni dégâts matériels en dehors du port.

La Paix mondiale passe par la compréhension & comparaison des diverses cultures du monde (de la planète Terre) jusqu'à la perception et l'action (sur soi-même et les autres) de la Tradition ésotérique unique qui s'y cache. C'est regarder avec empathie les particularités locales qui s'y inscrivent et/ou s'y limitent ; et c'est regarder avec sympathie les vérités et valeurs universelles qui s'en dégagent. C'est regarder l'autre dans sa différence sans lui plaquer le système de valeurs qui est mien. Être Bouddha, c'est inclure l'autre en moi, constater qu'il est « moi » autant que « moi-je »… sinon ce Bouddha là, ne vaut pas tripette ! Je dis « bouddha » mais j'entends aussi bien ce Christ là ou tout autre grand chamane ou Daoshi là !

Cette différence a parfaitement été rendu par le traducteur en français, qui a rendu « Behold the Spirit » par Face à Dieu3 et « Beyond theology » par Être Dieu. Le thème de la « déification de l'homme » est récurrent au Moyen-Age, le distinguo théologique du XII° et XIII° siècle (« ce que Dieu est par nature, l'homme le devient par grâce »), à force d'être renforcé a fini par faire que le mot « Amour » en devient dévitalisé ou complètement dénaturé, « amour sexuel » inclus. Si l'homme ne devient pas femme par amour de son épouse et si la femme ne devient pas homme par amour de l'époux, quelle connaissance peuvent-ils bien avoir de l'autre ? (Le mécanisme psychologique d'adhésion à l'autre que l'on devient est sans doute le même dans l'homosexualité.)

 

 

1Ainsi son Maître Dimitrije Mitrienovic écrivit une lettre ouverte à Hitler, en 1933, qui n'était pas encore le grand Führer du nazisme mais en train de le devenir à grande vitesse ; ce dont tout esprit averti et responsable aurait du tenir compte – autrement qu'en allant se réfugier en dehors du théâtre des opérations militaires prévisibles.

2Pour renouveler l'image & expérience que citait G. von Durckheim d'un sifflement de bombe à pic au dessus de votre tête, dont on réchappe vivant.

3« Nul ne peut voir Dieu sans mourir », dit la Bible et Michel Lancelot, au sujet du rêve californien écrivit un « Je veux regarder Dieu en face ».

10 juillet 2015

Devoir de vacances 01

Ce sont deux axes, parallèles ou superposés, de l’œuvre d'Alan Watts : la Comparaison et la Tradition. Son dynamisme est la modification de la conscience, appelée « transformation » ou « libération », qui n'est pas exactement un changement de soi, mais plutôt de la perception de soi permettant un élargissement de soi au Soi, ou, autrement dit, d'une conscience égotique à une conscience cosmique. Il est généralement admis que cette modification s'effectue progressivement mais que l'on peut y accéder dans sa plénitude en un instant, en divers instants, d'intensité et de durée variables. Tel est la cadre général du tableau de la Voie, la carte de son territoire ou, pour utiliser l'expression chinoise, du cheminement « en peinture ». Toute « l'affaire » consiste à quitter la « peinture » pour la réalité peinte, la carte pour l'exploration effective du territoire, les concepts et valeurs pour ce qu'ils indiquent… jusqu'à la disparition totale de l'observateur et de l'observé, de ce que l'on voit et de ce qui est vu, etc. Comme le point de jonction de deux parallèles à l'horizon, cette unité absolue paraît s'éloigner au fur et à mesure qu'on s'en approche. (D'où l'expression « non-deux », l'Un étant lui-même une illusion, tout autant que le Deux. La manifestation commence avec le deux, l'Un et le Néant sont bonnet blanc et blanc bonnet...)

Aussi bel et bon que ce soit... la bonne question, le bon sujet du moment est celui de cet Été.

Pour ma part, ça va. Et vous, ça va ?

Je vous souhaite d'aller aussi bien que moi, hum ! mieux si possible.

PS Pour préparer la suite, sans donner de programme… puisque je me trompe chaque fois que je tente de le faire ! … je rappelle néanmoins qu'Alan Watts

par Comparaison, entendait une sorte d'extension, à tous les aspects d'une culture, de ce qu'Étiemble appelait « invariants » en littérature, c'est-à-dire « ce qui fait que l'homme est homme ».

Il est à remarquer qu'Étiemble entendait Comparaison au sens américain du terme, donc identique à celui utilisé par Alan Watts, c'est-à-dire sans européocentrisme, ni colonialisme, ni « condescendance ethnologique », ni justification « impérialiste » ou économique.

Pour qui ne connaîtrait rien de lui, aller par exemple à

URL : www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2002-1-page-97.htm.

(Encore à l'intention de qui n'en saurait rien, et inciter d'en savoir un peu plus, il est permis de d'apprécier Étiemble à la manière dont beaucoup s'inspirent de l'existentialisme sartrien nonobstant ses errements et quelques aberrations politiques ; on peut dire aussi qu'il fut une sorte de Michel Onfray de la génération précédente. Ils ont en commun, d'ailleurs, de voir rouge à toute apparition de cléricalisme & bondieuserie. A mon humble niveau, je ne puis me permettre de les critiquer de ce chef… alors que la queue de détente de mon revolver démange mon doigt face à tout signe de « laïcisme », considéré comme un « cléricalisme athée ».

par Tradition, pour faire court, que ces « invariants » sont intrinsèquement « religieux » mais indépendants des cultures, dogmes ou religions spécifiques.

est mort en 1973, donc avant que ne disparaisse définitivement (via divers troubles sociaux et raciaux) ce qui fut quelques années le « rêve d'un paradis californien » ; rêve partagé par un grand nombre d'américains eux-mêmes et pas seulement par les beatniks et hippies du monde entier). 

22 juin 2015

Devoir de vacances 00

 

Donner pour titre « devoirs » à mes billets d’Été s'accompagne d'un humour ou d'une (auto) dérision que je suis (ou étais) seul à percevoir : Je n'ai jamais été très appliqué à l'exécution de mes devoirs, même en dehors de la période des vacances scolaires. Toutefois, je conserve un souvenir ébloui d'une jeune « bonne sœur », une novice, qui m'aida un Été dans cette obligation de rattrapage des écoles buissonnières du reste de l'année. Ébloui n'est pas exactement le mot, enivré est mieux puisqu'il s'agit des senteurs enivrantes de son corps, senteurs chastes et pures, lesquelles m'ont toujours préservées par la suite d'avoir un regard salace à l'endroit du corps ou des postures de femmes. (Le regard qui vient se substituer au sens olfactif, souvent déficient chez les humains.)

Est-ce bien « Le livre des fondations » qui rapporte que Thérèse d'Avila était prompt à déceler chez ses « filles » le passage de l'exaltation à l'exultation, laquelle glisse presque immanquablement dans la pâmoison ?

(Nota : Je ne m'écarte pas du thème central : l'exaltation relève déjà de la spiritualité, l'exultation relève de la psychologie, la pâmoison de la psychothérapie… Sainte Thérèse eut au reste des crises d'épilepsie ; elle sait de quoi elle parle…1)

&

L'un et l'autre en contre-allées des projets d’Édition auxquels ils correspondent, je me suis donné comme défi de cet Été la rédaction de billets qui pourraient, à quelques phrases près, correspondre aussi bien à la Philosophie d'Alan Watts qu'à mon Roman du Tard. Et si, ici et là, je pourrai paraître m'éloigner de mon sujet, je ne manquerai d'indiquer en quoi la frontière en est proche. Exemple type : Alan Watts n'a jamais cité explicitement des auteurs surréalistes, mais il a récité et chanté des « Poèmes sans sens » et divers « Ring a Ding »2. Autre exemple : mes allusions, ou citations directes d'André Malraux, qui tient une place importante dans la 1° et 3ieme partie de mon roman. André Malraux, seul Ministre d’État français à exprimer dans la teneur de discours officiels des accents typiquement « guénoniens » au sujet de la différence Tradition et Monde Moderne. On le qualifiera de « délirant » sur la fin de sa vie (tout comme Salvator Dali), car ses allusions ne faisaient pas images pour les non-initiés, alors qu'elles sont parfaitement claires pour qui a fréquenté un minimum d'ouvrages de l’École Traditionnelle3, laquelle jouera un rôle de pivot de l’œuvre d'Alan Watts, dont le taoïsme sera l'aboutissement. (Je ne voudrais pas l'affirmer trop fermement, mais il me semble que le gros, l'énorme avantage du taoïsme sur tout autre courant de pensée est précisément de pouvoir s'appliquer aussi bien aux « Temps modernes » qu'aux Mondes et Sagesses anciennes sans rupture aucune, comme si son schéma fondamental d'entropie4 transcendait la cassure historique & géographique Orient-Occident.) L'opposition n'est pas entre nature et culture, elle est entre un être humain naturel & spirituel d'un seul tenant auquel les autres dimensions du vivant s'ordonnent et s'harmonisent et le rejet de la nature aussi bien que du spirituel au profit d'une conception de l'Homme exclusivement sociale et économique.

&

Un ami m'ayant demandé quelle était l'utilité de ce blog, je lui ai répondu en premier qu'il m'était utile, à moi, comme notes de brouillon, manière de jeter quelques idées sur le papier en vue d'un travail un peu plus approfondi destiné à la publication5. En second lieu, j'ai ajouté qu'il pouvait en aller de même pour des visiteurs qui se voudrait militant de la Paix sur Terre, qui voudrait approfondir leur réflexion, et éventuel engagement à cet égard, sans que cette « militance » ne s'inféode à une action politique partisane. Alan Watts, à l'instar de son Maître, était un pacifiste. Chaque fois qu'il parle de l'action de Dmitri Mitrienovic à ce niveau, il manifeste un humour inhabituel, une « politesse du désespoir ». L'incapacité des penseurs, religieux, intellectuels et « personnalités » diverses à jouer un rôle d'évitement de deux Guerres Mondiales fut un échec pour Mitrienovic, qui désespéra le jeune Alan et le dégoutta à.tout jamais de la politique quoique, par boutade, Timothy Leary évoqua l'idée qu'il se présenta comme gouverneur de Californie. (Il est beaucoup plus facile d'exciter les foules à la violence qu'aux embrassades, tout comme défendre la valeurs de compétition que celles d'entre-aide.) Son œcuménisme global se voudrait justement le premier fondement d'une Paix Mondiale. Un œcuménisme mondial comme exotérisme de l'unité spirituelle première (la philosophia perennis, « ésotérique ») de cette planète Terre.

Force est de constater que les religions, sans exception, ont toutes été à un moment ou un autre des facteurs de guerre, voire de persécutions. Curieusement, la guerre a trouvé ses lois de l'honneur, mais, il semble qu'il n'y ait aucune loi de l'honneur de paix, fut-elle qualifié de « paix dans l'honneur ». Le Chan/Zen, par définition synonyme de la « paix intérieure » que procure toute contemplation, a aisément viré à sa version « bushido ». Le Bushido, la voie du guerrier, par définition est une voie d'action envers laquelle Alan Watts exprima sa réserve avant que n'entre dans le domaine public la moindre allusion au « Zen en guerre ». (L'ahimsa/non violence, d'ailleurs étroitement associée au satyagraha/défense de la vérité, étant à envisager dans un registre différent que celui d'une alternative guerre et paix. Mais, au fond, pour aller au plus court : la quintessence du Bushido est non-violente. Ou Action sans Action. Et, elle est acceptation de sa propre mort, avant d'être l'acte de tuer un quelconque adversaire.)

L'écologie de la Terre est nécessairement appelée à devenir la préoccupation principale des êtres humains, qui devront bien cesser d'être en guerre inter-spécifique, avec les autres êtres vivants, l'environnement naturel en général. Un bon entraînement, en supposant que ce ne soit pas une urgence vitale, serait de cesser d'être en guerre INTRA-spécifique, de cesser de se battre entre membres de l'espèce humaine, de modérer les valeurs de compétition au profit de celles d'entre-aide. La « religion » comme facteur de Paix ou de Guerre ne peut qu'y avoir un rôle à jouer, sous réserve que le plus grand nombre découvre le rôle de la « religion », comme voie d'accès à la transcendance…. Étant entendu que Dieu-Esprit est Unique mais nommé de divers noms dans ses diverses incarnations et « avatars », ou Sans Nom comme dans le Taoïsme. Que la plupart des institutions sont structurellement liberticides est une autre affaire.

&

Pour une fois, nul ne pourra m'accuser de vouloir me singulariser en allant à contre-courant. Je me sens même « dans le vent », dans le sens positif d'un « vent du karma » général. C'est à la suite de la publication de Pacem in Terris que j'avais effectué une incursion dans la théologie (avant même de savoir le moindre concept de « religion comparée » ou d'ésotérisme).

Avec Laudato si’ !, « Loué sois-tu ! », l'actuel Pape manifeste d'emblée la concomittance de son encyclique avec Pacem in Terris. La Paix avec la nature et tous ses vivants, en tant qu'elle est le prolongement naturel de la Paix entre les membres de l'espèce humaine... Je ne l'ai pas encore lue. J'espère qu'elle m'apportera autant de joie et d'espérance que le fit Pacem in Terris. Je n'ai plus treize ans. Je conserve mon Espérance d'enfant.

Nota : Espoir/désespoir et espérance/désespérance et/ou inespérance ne sont pas bien synonymes. L'espérance permet de vivre dès à présent ce qui ne fait qu'advenir mais est en cours. Je serais tenté de supposer que l'espoir/désespoir est de l'ordre de l'ego et de ses avoirs, l'espérance/inespérance de celui de l’Être.

1La manière de s'accoupler décrite dans Amour et Connaissance, qui est une sorte de danse allongé permettant l'échange des regards aussi bien que l'exultation des cinq sens ne me semble pas pouvoir entrer dans le cadre de la pâmoison. Le couple réalise spontanément son union, sans qu'il lui soit besoin de « tomber » en pâmoison. Le coït amène un moment de cessation du mental – l'abandon – mais pas de la conscience de l'activité ses sens. Sans cette cessation, ben quoi, faut dire les choses telles qu'elles sont : il s'agit d'un comportement de beau salaud ou de belle salope ! La fameuse « conscience témoin » a pour objet l'activité des sens, pas une attitude fantasmatique ou de voyeur, dans laquelle le corps de l'autre est simple instrument masturbatoire. 

Le Kâma-Sûtra précise d'ailleurs que « Lors de l'acte sexuel, si les pensées des deux partenaires sont différentes, c'est comme s'il y avait l'union de deux cadavres. »

2Cf. Nonsense, A Duton Paperback, New York

3Ou a vécu personnellement l'obligation de rejoindre le Monde Moderne comme un éxil...

4Entropie qu'un non scientifique tel que moi peut interprêter au sens de dispersion, de désordre ou de dilusion incontrolée de l'énergie... Ce qui fait dire à beaucoup que le "taoïsme chan" n'est vivable qu'équilibré & encadré d'un solide néo-confucianisme.

5Laquelle dans mon cas, me permettrait de m'éloigner du "seuil de pauvreté" sur lequel je campe, lequel représente néanmoins un progrès relatif : voici trois ou quatre ans, j'étais en dessous !

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16 juin 2015

Faire sans faire sa voie 3/3

Je n'ai pas reçu de validation, ni non plus d'invalidation, de la gare de Perpignan Centre Cosmique, mais, tout en sachant garder un cadre paranoïaque-critique & anarchiste anti-social, je dirai donc, ou redirai, que sans en être leurs disciples, je regarde Alan Watts comme mon Maître à philosopher et Arnaud Desjardins mon Maître à vivre ma voie… Quelles que puissent être les causes et conditions, interdépendances en tout genre, qui la font mienne. Qui la font mienne, sans que j'y sois pour grand-chose.

Être iconoclaste jusqu'à ses propres convictions, également – chaque fois que possible et supportable pour son mental – jusqu'au plus intime de ses expériences vécues (« spirituelles », ou pas d'ailleurs), est le meilleur antidote à la confusion de la croyance et de la Foi de Confiance1. Je ne pense pas généraliser ma propre expérience en mettant en garde à l'égard de la tentation d'étendre une expérience de Foi solidement vécue à la croyance qui (logiquement) va avec… Confondre Beyond Theology/Etre Dieu, invitation à l'expérience incarnée du divin et Two Hands of God/Les Deux Mains de Dieu, ensemble d'assertions métaphysiques sur la bipolarité du monde lui-même comme de nos attitudes ambivalentes de « moi au monde »… deux ouvrages qu'Alan Watts écrivit d'un même mouvement. (Diverses personnes ont malicieusement fait observer qu'Alan Watts, en plusieurs occasions, au lieu de publier un seul ouvrage divisé en Partie Une : théorie, et Partie Deux : pratique, publiaient deux ouvrages différents en sorte de toucher double droits d'auteur. Sans m'en faire l'avocat, je ne vois pas comment, la plupart du temps, Alan Watts aurait pu faire autrement. Je note du reste que ses préfaces sont quasi similaires, en ces occasions. Certains sujets ne peuvent être traités de la même manière, quand l'auteur autant que l'éditeur savent pertinemment qu'ils ne seront pas lu par un même public.)

Revenons au « faire sa voie », que nous y soyons guidés par la main du « Bon » Dieu ou par celle du « mauvais » Satan. Petite digression, si c'en est bien une : l'un des prête-nom du Diable et/ou Satan (non scripturaire et le plus récent, si j'ai bien compris) est Lucifer, qui s'accorde parfaitement à notre monde moderne (& post-industriel) la tentation du brillant, du clinquant ; le « toc » pour attrape nigauds de la Consommation, qu'il s'agisse d'objets ou d'expériences trompeuses ou de ce « matérialisme » mal nommé, qui n'est que trompe l’œil. La voie de chacun ne peut s'exclure totalement de ce « mal » moderne, ni éviter de s'y faire, de faire avec, de faire sa voie avec Lucifer (du plus loin possible à mon avis, mais inévitablement avec). Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes, mais il faut bien se dire aussi que la plupart de nos lumières proviennent de vessies.

A propos, n'est-ce pas Mao Zedong qui disait que la puissance occidentale n'est qu'un « tigre de papier »… version chinoise de « vessie » ?

(Dans la ligne de mon renvoi précédent à « La richesse et l'argent », qu'est-ce que cette économie luciférienne, qui promet de supprimer le chômage mais pas les suppressions d'emplois ? A ce jour, la seule explication serait que les banquiers et boursicoteurs ne sont pas d'accord!)

&

Un point nécessitera des éclaircissements ultérieurs : l’insuffisance du refus de se plier à l'idéologie dominante pour parvenir à une modification de son état de conscience. Quels sont les moyens de libération (« thérapeutiques » ou « supra thérapeutiques ») pour y parvenir ? Dans mon roman, je note que Léopold S. Senghor utilise le terme de « surréel » pour qualifier ce qu'il est devenu d'usage courant d'appeler « spiritualité », sans qu'il s'agisse d'une référence directe à l'effet hypnotique des tambours africains, dans certains de leurs rythmes. Pas plus qu'il ne fait directement allusion au surréalisme (quoique le surréalisme trouva dans les cultures africaines une part de ses sujets d'inspiration.) Non plus à l'usage de drogues, bien qu'il n'y ait aucune culture traditionnelle qui omette son usage exceptionnel & initiatique, ponctuelle ou régulier.

La pratique du yoga, du zen, du Taiji etc. visent aussi une modification de la conscience en agissant sur l'attitude, la gestuelle et le mouvement du corps.

En résumé : affirmer que l'on est en désaccord (intellectuel, d'opinion intellectuel ou de refus émotionnel) avec la culture ambiante, l'idéologie dominante, etc. ne provoque aucune modification de conscience. Elle y invite et peut indirectement y conduire par un changement progressif de style de vie, mais nous sommes loin du Satori, d'une Illumination ou d'un puissant insight amenant un prise de conscience telle que cette dernière en soit modifiée.

Que dit Alan Watts sur cette question ?

La même chose, en substance, que la citation d'Aldous Huxley que j'aime utiliser : « Toute formule verbale – même une formule qui exprime correctement les faits – peut devenir, pour l'esprit qui la prend trop au sérieux et l'adore avec idolâtrie comme si elle était la réalité symbolisée par les mots, un obstacle sur la voie de l'expérience immédiate2. »

Aujourd'hui, je pondérerai en précisant bien que c'est l'esprit sachant, et/ou conscient, de faits qui ne doit pas se prendre trop au sérieux et non les faits eux-mêmes (ni l'état de conscience qu'on en a, lequel peut varier, peut-être même doit varier au long d'un cheminement).

En conséquence, en parallèle ou de façon concomitante – je ne sais trop quel mot convient, je crois qu'il faut se situer entre deux bords : une « culture livresque » des faits, du type « Qu'est-ce que le Zen ? Vas faire la vaisselle ! » (MAIS celui qui me dira que « ce n'est pas ça », ne fera que faire montre de culture livresque.) ET, d'autre part, la réalité vécue d'une érudition faisant obstacle à la culture vivante. Ce que je tente d'exprimer en pointant que « Notre-Dame de Paris » n'est pas seulement un bel édifice religieux de style gothique, cadre d'un roman de Victor Hugo et lieu d'une révélation pour Paul Claudel, etc. ; « Notre-Dame de Paris » est un cathédrale, située à Paris, où le public est admis. Il peut visiter ; il peut même y aller à la messe ! Inspiré des réflexions sur l'Art d'André Malraux, il peut même en ressortir en ayant appris qu'elle témoigne de la « conversion des chrétiens au Christianisme », la Cathédrale s'étant élevée du milieu du XII au milieu du XIVième siècle.

Affirmer que Notre-Dame de Paris est bel et bien à Paris, située à l'est de l’Île St. Louis, recouvre au moins deux sens, d'un symbole qui peut être réellement connu, comme chose & expérience personnelle ; d'un livre de pierre, qui raconte le passage triomphant à la suprématie du politique sur le religieux. Le rappeler nous ramène à l'ésotérisme d'un état d’Être à une identité socio-religieuse de chrétien. Et, logiquement, nous renvoie à la question de notre identité personnelle (intérieure) comme à celle de ses multiples identités culturelles régionales, linguistiques, politiques. Suis-je terrien, européen, français, basque, breton, corse ? Question très aisément transposable à chaque continents…

En spiritualité, on peut aisément vérifier comme une nouvelle réaffirmation du principe3 « Le message, c'est le médium ». Quand tel instigateur d'un courant, abusivement -parfois- qualifié de lignée, traite de son expérience Zen, en Chine, en Corée, en Inde4, aux USA ou au Japon, transmet-il une expérience spirituelle proposée en partage ou la communication de données culturelles chinoises, coréennes, etc. ? (Une fois de plus posée, la question de l'esprit et de la lettre, dont message-médium n'est que l'application technologique. On notera aussi que là où Mac Luhan parle de « village planétaire » des philosophes chinois contemporains disent « jardin planétaire », privilégiant « l'organique » esthétiquement ordonné mais ouvert aux aléas écologiques sur « le construit », de maisons fonctionnellement ordonnées à la protection contre les intempéries… et les gangsters !

Post-scriptum : Je rappelle que mes « billets » sont réellement des brouillons, des notes en vue d'un ouvrage que j'espère réellement écrire un jour. Il revient à ses visiteurs de les utiliser à ses propres fins, dans l'agencement (mental) de sa propre philosophie, en (pratique de) sa propre voie.

 

1À entendre comme l'un des nombreux sens donné au fameux xin xin ( ) du Xin xing ming (jap. Shin jin mei) ; sans sortir du sujet central de ces billets, Alan Watts disant en substance : allongez vous avec confiance sur le sol de la Terre, vous constaterez qu'elle est aussi réelle que vous. Elle ne va pas s'écrouler, s'anéantir à votre contact. Dans la ligne des diverses notations de mes derniers billets, en parallèle ou perpendiculaire (!), je suis tenté d'ajouter « allez vers l'objet de vos perceptions qu'il soit une corde ou un serpent & voyez et constatez » !

2Les portes de la Perception, Ed du Rocher, p 218

3cf. Mac Luhan

4« dhyana » - « zen » provenant de l'Inde et de la Perse ancienne...

11 juin 2015

Faire sans faire sa voie 2/3

 

Ce billet pourrait s'intituler « Où il sera encore fait mention de roman, mais la question ne sera pas là. »

J'attribuais à Gustave Lanson, au sujet des styles littéraires, cette citation : « Les doctrines ne valent jamais mieux que ce que valent ceux qui les appliquent. » Mais, en dépit d'efforts réitérés, je ne parviens pas à retrouver la référence exacte.

Il en va de même de l'auteur de cette citation, à laquelle je crois pourtant dur comme fer depuis des décennies : « Le Maître crée, le Disciple conserve, les autres – les suiveurs – trahissent. »

Je puis dire qu'Arnaud Desjardins est mon Maître spirituel, tout comme Alan Watts est mon Maître de Philosophie ; mais, franchement, je n'ai pas le sentiment de conserver grand-chose, ni non plus de trahir, puisque je ne suis pas Disciple de l'un ni de l'autre. Ou alors, un disciple surréaliste à la manière de Salvator Dali s'affirmant « non croyant, mais pratiquant ». Je dois à l'honnêteté intellectuelle de fournir les références exactes de mes assertions, mais l'esprit prime la lettre dans mon étude. Et, depuis pas mal de temps, (dans mon esprit) la connotation d'étude est celle de xué (étude, en chinois), qui se réfère à un apprentissage en pratique (laquelle ne dénote pas seulement un savoir faire, mais aussi un état d'être), à la manière de Tetsugen disant « La cuisine est mon étude ». Je l'ai écrit quelque part : pour devenir un cycliste, il faut apprendre à monter à bicyclette, mais on ne peut apprendre à monter à bicyclette sans bicyclette. Par rapport aux lignes ci-dessus, appelons « esprit » le fait de se trouver un cycle et d'y monter… et « lettre » le fait d'étudier la théorie du cyclisme ou la technologie du deux roues sans jamais aller y pédaler. Juste en passant : c'est ici qu'on voit que « l'esprit » peut être très matériel, et la croyance très savante, intellectuelle, mais sans jamais le moindre effet pratique.

Dans le même ordre d'idées, quand j'ai entendu dire de la bouche d'un très officiel professeur de philosophie d'une Université qui en compte d'excellents, qu'Aristote n'a jamais divisé la philosophie en métaphysique, logique, éthique et psychologie, que son « logos » peut s'entendre à l'intérieur de l'une ou l'autre de ces catégories, ça m'a fait « tilt », satori ou autre, en tout cas un sacré choc. Mettons (là, j'invente) le logos qui anime l'univers, le logos qui permet de raisonner, le logos qui dicte la conduite, le logos qui donne les explications (et les moyens...éventuellement thérapeutiques) d'un comportement. Un logos d'une signification qui serait proche du Tao, s'il n'avait été associé au verbe créateur qui s'incarne dans un homme qui est aussi (d'une manière ou d'une autre) l'une des trois personnes divines (les deux autres étant Dieu le Père et Dieu le Saint Esprit). J'en ai retiré cette idée qu'on dira simpliste : toute assertion qui ne peut avoir le même sens inhérent tant au niveau métaphysique, logique, éthique et psychologique doit être d'abord réputée fausse, mal formulée, inopérante ou aliénante. Elle peut entrer dans cet autre territoire qu'est celui du système de valeur. Ou celui des monothéismes en tout genre (dont le laïcisme mono-athéiste et l'économisme mono-je m'en mets plein les poches). En politique, on voit ce que ce que ça donne… Mais chut ! Pas de polémique !

&

Le grand avantage de l'idée d'une unité de la philosophie est de grandement faciliter la transversalité des diverses sous-catégories (physique, épistémologique, herméneutique, heuristique, etc. jusqu'à l'art de distinguer un vin de Bordeaux d'un Sauvignon de Californie ou d'un Pineau des coteaux de la Chine méridionale. Sans oublier l'art du Sexe, ni le romantisme de certaines émotions de tonalité poétique… poésie que les chinois qualifie de Grande Parole par rapport à la petite parole discursive, explicative et raisonnante. L'intuition de la Grande Parole unifie le fractionnement de la parole ratiocinante et sectaire, les identifications de croyance qu'elles soient du Catholicisme romain ou du Bouddhisme Bonnet Jaune ou des Cotations de Places Boursières. Là encore, chut ! Pas de polémique !)

&

Hypothèse : le Maître philosophique et la Maître spirituel sont des créateurs en ce qu'ils initient à l'intuition de la Grande Parole ; le Disciple conserve l'exotérisme de la petite parole sans en faire partager la saveur existentielle ET poétique ; les autres trahissent en ce qu'ils tentent de saisir les arcanes de la petite parole comme étant des réalités. Ce sont des croyants mais non pratiquants. Ceci étant une simple hypothèse… Laquelle, sauf erreur de ma part, n'a toujours pas été validée par le Centre ésotérico-pataphysique de Gare de Perpignan.

26 mai 2015

Faire sans faire sa voie 1/3

Comment emprunter un chemin, un mode de vie en dehors des règles strictes, admises comme inévitables, du modèle standard de la vie moderne ? (Dans le cadre de ce billet, je laisserai de côté la toute première chose qui s'impose, d'une discrimination à faire entre les règles – devenues – réellement inévitables et celles auxquelles on consent par manque de spontanéité.)

Y penser comme variante ou modalité du non-agir ou du karma yoga est le premier écueil à contourner.

Dans l'image de la corde et du serpent, ce n'est pas l'erreur de perception qui est visée, mais notre attitude d'identification à l'objet (neutre, plaisant ou déplaisant) de nos perceptions. Il en va de même pour nombre d'autres métaphores, y compris, peut-être surtout quand la perception s'associe quasi instantanément à la spéculation (type : un billet coloré billet de loterie gagnant achat voiture de sport (et/ou achat robe super séduisante, coiffeur, institut de beauté) conquête fille belle et sexy (et/ou preux chevalier bien membré) supers enfants bonheur et richesse parfaites!)

...était l'une des idées qui me sont venues pour engager ma première étude sur Psy or oc, par le thème d'un « Faire sans faire sa propre voie ».

Mais, je viens par hasard de découvrir un article qu'il me paraît bon de partager avec mes visiteurs :

from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/05/le-materialisme-spirituel-dalan-watts/

...lequel donne ses traductions, dont celle de « does it matter ?» qui rend le « matter » en français par « important ». A titre polémique (seulement), on pourrait tout de suite remarquer que mais c'est bien sûr ! On part en croisade pour délivrer le tombeau du Christ, mais arrivé sur place on découvre les richesses d'Orient ; et alors on découvre un souci bien plus « important » que celui de savoir qui doit garder le tombeau sacré piller les richesses d'Orient ! Puis, dans le souci de protection des pèlerins, on crée ce qui fit office d'argent on découvre le Pouvoir de l'argent, on spécule dessus on finit sur le bûcher des templiers.

(Pour qui voudrait aller plus loin, j'avais tapé dans google « Richesse ou argent+Alan watts ».) Pour revenir à mes propres propos, je traduirais volontiers « does it matter ? » par « cela fait-il l'affaire ? » ou « cela marche-t-il ? » afin d'en revenir à cette question de la corde et du serpent ; et nos identifications, lesquelles sont toujours désastreuses : reculer par crainte de ce que vous percevez, qu'il s'agisse d'une corde ou d'un serpent, butter sur un gros caillou et se casser une jambe. Et voilà ! (Dit en passant, j'ai toujours appris que l'expression « what's the matter ? » signifiait principalement « quel est le problème ? » ou « quel est le point en cause ? », selon le contexte.) En premier thème d'étude, je voudrais essayer de dégager quel est le problème commun ou le point véritablement concerné. J'entends => dans la discrimination psychologie et spiritualité, « spiritualité » étant entendu au sens de « voie de libération » ; c'est littéralement parole d’Évangile, qui dit «alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »

Inversement, s'il convient de ne pas se laisser berner en prenant une corde pour un serpent, je tiens à dire qu'il est dangereux de donner un coup de pied à un serpent que l'on prend pour une corde. Le mot n'est pas la chose, mais il vaut mieux prendre en considération toute pancarte indiquant « chien méchant » (ou toute image d'une mise en garde contre la corde qui est un serpent ; tant est, à tout prendre, qu'il mieux vaut percevoir un serpent dans une corde que l'inverse). Le faire sans faire ne saurait être au plan verbal bien plus qu'une modalité ou une variante de l'agir sans agir, mais soyons pragmatique : que fait-on quand on agit sans agir ? Que l'on pense sans penser ? Que l'on est sans être ?… qu'on marche en une voie spirituelle qui est nôtre… le sujet de l'ouvrage Psychothérapie Orientale et Occidentale.

25 février 2015

Psy Or Occ 03

Introduction (suite et fin)

C'est de façon aléatoire que j'ai « choisi » de terminer mes notes d'introduction par les citations qui suivent ; je les « assume » mais je ne prétends pas en être l'auteur ou l'agent libre – aussi surréaliste et fantaisiste qu'il s'affirme être.

 

A « Je ne pense pas que les disciplines orientales constituent le dernier mot d'une sacro-sainte et immémoriale sagesse au point que le monde entier doive venir se prosterner aux pieds de leurs maîtres. Je ne crois pas non plus qu'on puisse faire un évangile selon Freud ou selon Jung, où les grandes vérités psychologiques seraient à jamais établies. Le but de ce livre n'est pas de prononcer le dernier mot en la matière, mais de susciter la réflexion et l'expérience. » Introduction p ii

§ Il est admis que l'expérience peut être aussi trompeuse que la croyance : non seulement le plus beau discours sur l'eau ne désaltère pas mais il est susceptible de renforcer la soif éprouvée (ordinairement appelée « espérance ») et si prendre une corde pour un serpent relève de l'illusion et dénote un total manque « d'objectivité », la peur éprouvée est bel et bien « expérimentée », psychologiquement éprouvée, sans compter qu'elle peut conduire à des faits bien réels ceux-là, tel que faire un mouvement de frayeur, se buter contre une pierre est se casser une jambe – cassure occasionnant une réelle douleur aussi importante que l'illusoire frayeur initiale.

Et ça, ce n'est pas de la poésie pour adolescent ou de la rhétorique pour s'occuper au fumoir ; il suffit de regarder la « corde » du terrorisme pour découvrir les effets que la peur du serpent occasionne en termes de femmes et enfants massacrés.

§§ La fameuse « occidentalisation » des sagesses et disciplines orientales réside dans le fait (bien réel) de croire qu'elles puisse apporter un « dernier mot » en un quelconque domaine. Entre les « sagesses » d'Orient et les « sciences » occidentales du psychisme, le match fera toujours ex æquo quand l'usage qu'on en fait est plus nocif qu'utile. Sur ce plan, en discuter au zinc à l'heure de l'apéro ou au salon entre cigares et cocktails en devient préférable.

 

B « L'initié est celui qui sait que certaines institutions sociales se trouvent en contradiction interne ou en conflit réel avec la structure naturelle. Mais il sait aussi que ces institutions sont investies des émotions les plus puissantes. Elles sont les règles de communication par lesquelles les hommes se comprennent les uns les autres. » p 49

§ La propagande, la « liberté d'expression » aussi bien que le vulgaire « bourrage de crane » sont de l'ordre de la Communication & de l'émotion… et chacun sait combien il est plus facile de manipuler quelqu'un et/ou quelques-uns sous l'emprise de leurs émotions que de tenter de les convaincre, de façon réfléchie, de modifier leurs convictions, leurs attitudes et comportements. La dispute, même si elle dégénère en querelle de jugements de valeurs (subjectives) n'explosent, au pire, qu'en une sévère « gueule de bois » et non en « gueules cassés » lorsque les arguments sont d'acier et les illuminations d'incendies meurtriers & criminels. (Napalm, phosphore et autres prodiges technologiques, en option exclusivement!)

 

C « Si maintenant la maya ou irréalité réside non pas dans le monde physique ; mais dans les concepts et les formes de pensée qui le décrivent, il est clair que la maya se réfère aux institutions sociales ― au langage, à la logique et leurs constructions ― et à la façon dont elles modifient notre sentiment du monde. » p 45

§ La psychologie est justement apparue comme un chaînon manquant entre philosophie naturelle et philosophie sociale. Donc, leurs dysfonctionnements respectifs, le besoin de corriger ceux ci et de « soigner » les conséquences qui tournent mal (en ce qu'elles sont douloureuses ou gênantes, pour se sentir à l'aise ou pour agir).

 

D « Transcendant à la pensée, l'Absolu est toutefois immanent dans l'expérience. » Cf. Wittgenstein : « Le mysticisme ne considère pas ce qu'est le monde, mais le fait qu'il soit… Il y a en effet l'inexprimable. Cela se montre de soi-même ; c'est le mystique. » note de la p 45

§ Détail sans importance pour le moment : cette transcendance/immanence expérientiellement constatée/mysticisme/mystique correspondront à ce que j'appelle « le spirituel », lequel mène au seuil de « mon1 » Apophatique générale.

§§ Au cours de l'ouvrage, Alan Watts va se servir du terme « champ », ce qui est déjà sortir des recommandations cartésiennes de diviser et de commencer par le plus simple.

(...diviser chacune des difficultés… commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître… )

§§§ On peut noter, provisoirement, qu'aux yeux du mystique, du poète ou du promeneur la beauté d'un paysage est un tout et non pas le total d'un petit cours d'eau+des arbres+de bons contrastes entre la luminosité et les zones d'ombre, etc. C'est quelque chose de global. Cette constatation esthétique se retrouve aussi dans la logique chinoise d'inclusion prioritaire à la division. Ainsi que dans la religion, sous la forme d'une hiérarchie. Dans ma vie personnelle, je veux bien croire qu'il me faut accéder au royaume des dieux, mais en pratique, mon Mont Meru à moi c'est la grande côte que je dois franchir pour sortir du village, et mon Vayu à moi c'est quand le vent souffle de norois ! Ces jours là, je me sens devenu comme un grand ascète.

A suivre, plus sérieusement, une prochaine fois…

J'allais l'oublier : pour Alan Watts la Connaissance acceptée des contraintes naturelles ou sociales ou de l'antinomie vindicative & sournoise2 nature et société est un pas, éventuellement un saut, dans le Bonheur et sa Liberté. Une danse érotique avec les éléments très divers du Cosmos.

1Les guillemets s'imposent en ce que je n'invente strictement rien. Seul (peut-être), l'usage que j'en fais en un XXI°siècle bien entamé est (peut-être) « mien ». Mien, au moins, en ce que je le pense.

2Je suis surpris du nombre de catastrophes dites « naturelles », qui, en fait, proviennent ou sont considérablement amplifiées en raison de dysfonctionnement sociétaux. (Précision : une TROP grande puissance de la pègre est à mes yeux un dysfonctionnement sociétal.)

16 février 2015

Psy Or Occ 02

En philosophie & sciences (dites) humaines et/ou (dites) Sciences Humaines, il en va un peu comme pour les Écoles de Guerre : il s'y enseigne trop souvent le connu d'un passé/dépassé et rarement un connu, utilisable en actes, qui soit actuel.

En sorte qu'en 1914, la plupart des armées européennes étaient fin prêtes pour la guerre de 1870 ; et, qu'en 1939, elles l'étaient pour 14-18, que la cavalerie polonaise chargea vaillamment les panzers allemands et qu'une quarantaine d’élèves de Saint Cyr crurent bon l'épée à la main de s'opposer à l'envahisseur.

De mauvais esprits ne manqueront pas de remarquer que le meilleur allié du débarquement de Normandie furent cette espèce de schizoïdie régressive de Hitler et sa confiance en la valeur militaire de l'imprenabilité de sa « Ligne Maginot de l'Atlantique ». (Le visiteur voudra bien me pardonner d'insister : le « mur » de l'Atlantique ne fut pas plus « pris » que celui de Maginot… c'est simplement que son utilité militaire était quasi nulle. Et, ainsi en va-t-il de nombre de sciences humaines, semble-t-il. Ce n'est pas tant qu'elles soient fausses, c'est qu'elles sont trop souvent inutiles, voire nuisibles. Dans le même ordre d'idées des rapports de toute science, éthique et utilité dans la poursuite du Bonheur un savant eut l'occasion de déclarer : « Hiroshima & Nagasaki une horreur ; mais quelle belle équation mathématique pour y parvenir ! »)

Psy Or Occ fut publié en 1961 aux États-Unis, soutenu notamment par des recherches datant de 1930. La discussion sur les ressemblances et les rapports du psychologique et du religieux n'est toujours pas close, ni dépassée. Elle s'est peut-être même compliquée de la mise à l'écart de certaines idées, telles la synergie autant animale que divine qui habite « L’Âme humaine ». Mais, il existe une psychologie et une sociologie religieuses, tout comme un « écologisme » étudiant ou militant la nature du dehors, sans en avoir grande expérience personnelle.

Les mots clés de Psy Or Occ sont assez habituels, sinon par l'usage qui en est fait de servir une réalité que je ne suis pas encore parvenu à formuler ; quelque chose comme « La Danse spontanée de l'océanique Tao » ou comme « Dans son océanique spontanéité, la danse cosmique du Tao ».

Toute la question paraît, dans un premier temps, se réduire au choix du critère de référence entre divers concepts d'apprentissage, d'adaptation et de normalité : nature ou société ? Avec en première conséquence le choix entre un « inconscient instinctuel » et un « inconscient éducationnel ». En seconde, que des sociétés se veulent obéir à « la nature » et d'autres s'y opposer ou la conquérir. (Par « société », ce peut être une institution religieuse aussi bien que politique.)

Ensuite, la conscience d'un « ego », qui pourrait être normal ou pathologie, sur lequel une action puisse « causer » la maladie ou la santé. Et, tous les ennuis commencent. Ne sachant ce qu'est un « ego », ni la nature exacte de « l'esprit psychologique », et si les hommes sont des systèmes d'action et non des agents, et si l'individu et le monde agissent l'un avec l'autre, l'un sur l'autre, de sorte qu'aucun d'eux n'est à l'origine de l'action, le problème est de savoir qui doit être considéré comme responsable lorsque les choses vont mal. (p 32)

De là, divers concepts sont passés en revue, tel celui de « double contrainte », mais il me faudra commenter qu'Alan Watts l'utilise dans plusieurs acceptions, certaines qui justifient mon slogan personnel sur la « réciproque du vrai », d'autres qui excluent toute relation. (Ce qui ne peut donc être qu'erroné, une exclusion du vrai et du faux ou une réciproque du vrai et du faux. Je le dis tout de suite : ma préférence penche vers cette dernière possibilité, laquelle réintègre mon slogan puisque le faux est vrai par rapport à lui-même – et réciproquement! Nul ne persévère dans l'erreur ou ne poursuit un raisonnement erroné sans conviction d'être dans le vrai.)

Suivent ensuite diverses notions sur la pluralité des egos, le sens du jeu entre illusions, vérités relatives et Absolu, le conflit de dukkha et la contre-mesure des upayas (auxquels, je me permettrai d'adjoindre « le mensonge des dieux »), la nécessité du temps, du langage et du silence pour devenir Immortel, toute psychothérapie comme préparation à la mort, ou encore cette constatation que « Le Tao n'a rien à voir avec la discipline. Si vous dites qu'on l'atteint par la discipline, à la fin la discipline fait perdre le Tao… Mais si vous dites qu'il n'y a pas de discipline, cela revient à vous conduire comme les hommes ordinaires (non libérés) » (p 119)

La normalité « mentale », la guérison « psychologique », peut-être même le simple désir d'adaptation sociale, ne sont qu'une intégration au Samsara et ses illusions addictives.

Au demeurant, se croire ou se vouloir « normal » est un symptôme psychiatrique.

Il se pourrait que je doive aussi me demander si le rappel de l'Inde et de la Chine ne serait pas aussi trompeur que son « oubli », et tout aussi nuisible à la Paix avec soi-même, avec les autres et les mondes « sociétals » et « naturels ».

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