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La Philosophie d'Alan Watts
27 janvier 2015

Psychothérapie Orientale et Occidentale - 01

 

 

(On comprendra que mon « cas personnel singulier » m'intéresse au plus haut point, qu'en écrivant je cherche à me libérer moi-même, tout en souhaitant sincèrement aider mes visiteurs de quelques indications précises.

Par souci de clarté, il vaut mieux toutefois distinguer ce qui est de mon « cas » et ce qui est de ma libre réflexion philosophique, qui vise à renvoyer mon visiteur à lui-même et son propre cheminement.

Mes allées et contre-allées « littéraires » associant Alan Watts, Arnaud Desjardins et mézigue — au plan romanesque — seront donc désormais placés dans Le Roman du Tard. (Auquel s'ajoute le décalage du temps qu'il m'a fallu pour résoudre mes « problèmes » et entrer sérieusement « en roman », devenir romancier. Au final, si un Éditeur me prend, il importe peu car le résultat se veut, et se voulait aussi, un témoignage.

Certes, par métaphore, il m'est permis d'espérer qu'à l'instar du yin-yang chacun de mes deux blogs, dont certaines parties traitent exactement du même sujet, soit distinct de l'autre dans son approche mais solidaire et complémentaire dans ses assertions.)

(Spiritualité &) Psychothérapie Orientale et Occidentale

Introduction Générale aux Mots et expressions clefs de cet ouvrage (ses rhizomes dans l'existence même d'Alan Watts, et son itinéraire – à lui – également !)

Opinion toute personnelle : Les Lumières (& déesse Raison) me paraissent souvent (mais pas toujours) tenir plus d'abats-jour que d'un éclairage sur l'ensemble de notre réalité existentielle.

Une chose me paraît sûre : nous assistons à un appauvrissement généralisé, parfois à un véritable détournement du sens des mots, depuis l'apparition d'un humanisme & anthropocentrisme impérial, dominateur et arbitraire, aux interventions prétendument « civilisatrices ».

L'apport de l'Extrême-Orient, dans le dernier tiers du XX° Siècle, semble devoir se révéler comme rétablissement, ou élargissement, du sens des mots comme du « Sens de l'existence ». Et peut-être un rappel que notre planète comporte aussi les pôles nord et sud tout comme d'autres continents que « l'Eurasie ».

Les spécialistes comme les érudits y répugnent ; pourtant, transitoirement pour le moins, l'utilisation de mots et concepts composés deviennent de plus en plus avantageux pour leurs compréhension.

« Bonheur-Liberté » pour désigner l’Éveil-Libération (cf. S-C Kolm), «Cœur-Esprit » pour désigner l'instance cognitive ouvrant la Voie de ce « Bonheur-Liberté » (cf. D-T Suzuki, qui avouait en note de son ouvrage magistral qu'il optait pour l'emploi de « esprit » plutôt que « cœur » par crainte de ne plus être compris du tout par le public occidental1.

J'énumérerai d'abord des mots clefs de l'ouvrage par leur ordre d'écriture ; dans un second temps, j'en ferai de libres variations.

Je puis noter sans attendre que le principal mot clef du chapitre Un pourrait être : connaissance-action, i.e. que la connaissance de soi ne présente d'intérêt qu'à proportion de la nouvelle liberté d'action qu'elle permet. (Subsidiairement, une meilleure « aise » dans la perception & représentation de soi-même que notre éducation & la société nous ont données/imposées.)

Psychothérapie orientale et occidentale est une tentative pour jeter une passerelle entre la Philosophie Pérenne et la science véritablement moderne (débarrassée des réductions scientistes, et de ses préjugés agressivement athée et/ou anti-théiste, voire anti-déiste, en dépit des cultes à la déesse Raison et/ou Être suprême qui s'instaurèrent après la Révolution Française.)

L'Oracle de Delphes nous disait : Connais toi toi-même, et tu connaîtras l'univers et les dieux !

L'aphorisme de la science qui a commencé son règne dans la seconde partie du XX° siècle, nous propose : « Connais l'univers et les dieux, et tu te connaîtras toi-même ». (cf. Psycho p 84)

 

1Ou plus que composé : Anne Cheng, traduit Ziran, ordinairement traduit pas « spontanéité », par « de soi-même ainsi ». Je suis heureux de constater utilise ce « ziran » au sens indiqué par Anne Cheng (une véritable idole pour les sinophiles amateurs tel que moi !) Cette spontanéité n'a bien sûr rien à voir avec l'impulsivité ou la franchise.   

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21 janvier 2015

GAP 04 (et dernier)

 Mon premier billet consistera en l'énumération de quelques mots clefs de Psychothérapie orientale et occidentale.

Mon principal instrument d'exploration sera ensuite l'assertion déjà produite : Samsara est Nirvana, mais Nirvana n'est PAS samsara… appliquée à la psy et à la spi :

la psychologie est spirituelle mais la spiritualité ne se réduit PAS à la psychologie, ni d'ailleurs à la physiologie, pas plus qu'à la relation à leur environnement social et naturel.

 

L'actualité française & européenne – et sa pléthore de dérives, contresens, dérapages, voire mensonges – ma dissuade de terminer ces « en Guise d'Avant-Propos » par le rappel de la « dévitalisation » dont les termes russe & slave de Pravda (Vérité) et chinois de Renmin (Peuple) ont fait l'objet. Chacun sait que la Pravda est l'organe du Parti Communiste Russe et le Renmin Ribao (Quotidien du Peuple) du Parti Communiste Chinois. Je me proposais, contradictoirement, de noter que Poutine et XI Jinping rétablissent un principe d'unité dans leurs peuples respectifs, avec en exergue le fait que le Président des États-Unis, au final, ne peut appliquer la politique pour laquelle il a été élu qu'à partir du moment où il ne peut plus être réélu !

Jouant sur diverses associations d'idées, passant par l'opposition entre l'identification au sens de Freud (quasi en synonymie avec valorisation du Moi) et son acception dans les enseignements Gurdjieff & Oupensky (en quasi synonymie avec rétrécissement de la conscience de soi et sa chosification & aliénation dans une situation donnée ou un événement indépendant de sa volonté et de toute possibilité d'action et/ou modification), je pensais pouvoir dégager la communauté et la différence entre Alan Watts et Arnaud Desjardins. L'un divulguant des perspectives métaphysiques interdites, l'autre proposant de tenter d'en faire directement l'expérience.

Cédant à mon habituel plaisir de formules à l'emporte pièce, je me proposais de dire que le Rappel est similaire à celui d'un maître chien, contraint de le rappeler à lui quand il se laisse emporter par une « identification » à tel gibier ou telle personne appétissante sans avoir reçu l'ordre d'attaque. (Sans doute, aurais-je également cédé à mon goût de l'anecdote en racontant comment j'ai sauvé un cycliste en hurlant « Accélérez ! N. de … ! » ; ce qu'il fit en voyant la gueule de mon chien lui sauter au visage. Mon chien le manqua de quelques centimètres et alla s'écrouler dans un faussé. Ce qui me laissa le temps de le rejoindre et de le « rappeler à moi ». Et précisé ce point : ce chien, autrement d'une douceur extrême, entrait en fureur à la seule vue d'un deux roues. J'attribue ce trait au fait qu'un conducteur de moto-cross ne lui évita d'être tué, lorsqu'il était chiot, qu'en l'écartant de sa botte. Mais, un botte de motard, même roulant à petite vitesse…. Ça doit faire mal ! De quoi en être traumatisé pour le reste de sa vie. « Identification » gurdjievienne de chien (!), si je puis me permettre...

Mais, au long de mes Variations wattsiennes, ces questions linguistiques resurgiront.

Pour couper court, je renvoie à cette citation de Porphyre de Tyr : «l'homme qui s'ignore lui-même ne saurait rendre au Dieu des hommages convenables ni en obtenir ce qu'il implore.»

Un aspect très pragmatique de l'Oracle de Delphes…

 

 

19 décembre 2014

GAP 03

 

 L’Éveil de la Sagesse, dans sa propre petite personne issu de l'ego et du vécu de sa relation au monde (tant naturel que social), est un Éveil à la transparence1 du dedans et du dehors.

(Je parle ici du point de vue de mes explications par rapport à mon roman, qui est une continuité de mes variations wattsiennes par d'autres moyens… et non du langage comme outil de tromperie aussi bien que de connaissance, en opposition à l'expérience naturelle du contact moi & non-moi.)

De la spiritualité par rapport à l'esprit – supposé constituer son objet d'étude, le même malentendu semble s'être propagé que celui concernant celui du yoga par rapport au corps, – supposé circonscrire son objet d'étude. Mis à part que cette étude est surtout une pratique, le quiproquo est également le même que celui que l'on peut relever au sujet des Valeurs féminines, de l'idée d'incarnation ou de celle d'écologie ou de celle de religion, de sacralité, de liberté, de sagesse, de bonheur, et de tous ces termes si fréquemment utilisés quand il est question du "sens de la vie". L'écart entre le mot et la chose y est si grand que le mieux est encore d'affirmer que "ça n'a rien à voir". Le malentendu comme le quiproquo tiennent avant tout en ce que le dedans est pris comme représentation du dehors et que le dehors n'est donc jamais vu dans son extériorité ; de même, en vis-à-vis, le dehors est pris comme le dedans et le dedans réel jamais aperçu.

L'ego se sent personnellement agressé par un mal de pieds et non comme le constat d'un phénomène extérieur à lui-même d'un mauvais fonctionnement de la relation pieds, chaussures et difficultés de la chaussée.

Identifié à son mal de pieds, l'ego en oublie la part de lui-même déjà en contact avec l'être, « pour qui » les pieds sont externes à son « expérience intérieure » ou au contraire une donnée de sa propre réalité…. Par exemple, la beauté du site que ce même mal de pieds lui a permis de traverser. Après tout, toute chose a un coût.

&

La personnalité de notre ego résulte plus de son éducation et de son environnement social que de son vouloir.

Le corps « physiologique » ne peut se nourrir et se caractériser que de l'alimentation disponible dans son environnement géographique. La mondialisation du « manger italien » et du « manger chinois » n'apporte qu'une modification partielle.

Ce ne sont là que lieux communs.

Que le plus beau commentaire sur l'eau fraîche ne désaltère pas plus que le mot "chien" inscrit au panneau d'une grille d'entrée ne mord pas est une bien belle et bonne chose, à la réserve expresse qu'il est non moins bel et bien bon de savoir qu'il peut indiquer où se trouve la source vive et que l'on peut s'écarter de crocs menaçants. Le rappel se doit d'être double. C'est son utilité.

Certes, le mot n'est pas la chose ; mais il n'implique pas l'inexistence de celle-ci.

Sous cet angle, on pourrait (peut-être) dire que la philosophie commence par l'apprentissage de la distinction entre les mots qui ne désignent que du vent (la « langue de bois » des politiques, par exemple), les mots qui désignent quelque chose de façon correcte mais inexacte parce que insuffisante (un couteau coupe), les mots chargés d'un jugement de valeurs (les piqûres, « ça fait mal »), les mots où les jugements de valeurs l'emporte sur l'exactitude (mon pays est le plus beau du monde).

Je ne veux pas faire là de la linguistique mais simplement rappeler que les mots ne servent pas uniquement l'utilité (passez moi le sel).

Comment parvenir à une « transparence » de son existence à partir de telles bases ?

Comment « expliquer » une vie ?

Comment « raconter » le développement d'un sens dans sa vie, ma propre vie «de moi»… avant qu'elle soit « à moi » ou libérée de tout sens du « moi » ?

Mes variations2 de/sur la philosophie d'Alan Watts se veulent œuvre de démystification mais non pas du tout de démolition, œuvre de divulgation mais en rien de vulgarisation.

1Pour reprendre l'expression de Lanza del Vasto

2L'individu est le divin. Thème imprécis et orgueilleux sur lequel on pourra composer de multiples variations poétiques (MassisJugements, 1924, p. 141). cf. l'ensemble A de la présentation lexicale du CNRTL

29 novembre 2014

GAP 02

En Guise d'Avant Propos 02

Sans rien déflorer encore du roman pour aujourd'hui, je voudrais placer ce billet un peu en amont du thème des rapports entre Alan Watts, Arnaud Desjardins et mon propre parcours.

Métaphysiquement, ils ont en commun(1) de s'appuyer sur une continuité de l'immanence et de la transcendance panenthéiste. (=> le « divin » est en tout, contient tout, mais est aussi quelque chose de plus grand que la transparence spirituelle du dedans et du dehors. Je rappelle que Watts disait que le Tao est un « dieu impersonnel ».)

Personnellement, le terme d'ésotérisme et celui de comparatisme (cf. Etiemble) me sont familiers. Je les utilise donc. Mais, chacun peut traduire en mots plus académiques : les plus approchants se nomment transversalité, avec sa cohorte de pluridisciplinarité, transdisciplinarité, polydisciplinarité ; au plan du discours (ou de la fabulation romanesque), toutes les questions de méta-textes et de transtextualité. Car – et là, je suis pédant, ces billets de GAP (en guise d'avant-propos) seront donc des reflets de l'intertextualité de deux méta-textes, de leur transtextualité, de leurs référents existentiels et occasionnellement de leurs divers dialogues, qui ne sauraient éluder la transversalité des contenus quant à leurs incidences sur la vie quotidienne.

Il importe de se rappeler sans cesse – et ici, je suis humble, que je suis le seul à pouvoir emprunter la Voie de l’Éveil (la conscience d’Être Éveillé), ou toute autre entité cachée par son étiquette. Sinon, pourquoi s'intéresser à des auteurs tels que Watts et Desjardins (et leurs inspirateurs et maîtres immédiats) ?

Il ne saurait en être autrement pour le cheminement qui est le vôtre.

&

C'est à chacun de donner sens à sa vie ; sens comme direction, sens comme signification, ouvert sur un champ de rapports de signes, de symboles et de mythes, sens comme sensation,  « la transversalité noétique qui affirme symboliquement le jeu de l’imaginaire sacral face au mystère de l’être-au-monde, principalement selon trois modes d’être : le mode apollinien (sérénité, sagesse), le mode dionysiaque (transe mystique) et le mode franciscain (de l’amour oblatif) ». (René Barbier... ou, si ce n'est à lui que je prends cette excellente définition, c'est à l'un ou l'autre de ses collaborateurs, ou de ses étudiants. cf. http://www.barbier-rd.nom.fr/... voici une trentaine d'année, je ne connaissais strictement rien de ses activités à Paris VIII ; autrement, je crois bien que je serais retourné à la fac et entrepris sous un nouvel angle un nouvel apprentissage de la ville. Façon française, il est assez « Alan Watts » et a enseigné sur et/ou à partir de Khrisnamurti.)

&

Peut-être n'est-ce plus absolument vrai, qu'il vaille mieux pour se faire entendre, écrire un mauvais roman de gare qu'un honnête essai, un bon ouvrage documentaire ou un livre de reportage – je l'espère, un peu. La poésie, n'en parlons pas. Je souhaite avoir « tout faux ».

Vrai ou faux, j'avais cru bien faire en décidant d'écrire quelque chose qui tienne des quatre genres. Je m'en félicite, d'un point de vue de strict procédé littéraire. (Tout roman procède dans des proportions diverses de ces genres littéraires.) Je n'avais pas prévu qu'à être foncièrement autobiographique et sincère quant aux faits et à leurs mécanisme, j'entreprenais ainsi une auto-analyse beaucoup plus profonde que je ne l'eus voulu. Je n'avais pas prévu qu'à évoquer des problèmes du passé, je réactualisais ceux qui n'avaient pas été dé-passés. Il m'a fallu les résoudre maintenant. Ma vitesse d'écriture en a été freinée, d'une façon assez incroyable parfois.

Mais, je puis escompter sur les effets bénéfiques de ce temps consacré à résoudre des nœuds psychologiques laissés de côté, et aussi ma formation d'écrivain. Loin d'être perdu, ce temps pourrait se révéler un gain en efficacité dans un proche avenir.

Ce roman prépare (et me prépare) bien (à) mes futures Variations wattsiennes, à partir de sa première étape centré sur Psychothérapie Orientale et Occidentale...

&

D'autre part, à l'ouverture de son premier ashram, Arnaud Desjardins était généralement taxé de psychologisme saupoudré d'une « métaphysique du cours du soir », indigne du plus élémentaire des yogas..

Je puis attesté que c'est grâce à Desjardins que j'ai pu sortir d'une Psychologie Occidentale pour être amené à « l'Oriental ». Et ce, dans l'exacte différence entre l'une et l'autre qu'établit Watts, ainsi que ses passerelles. Desjardins m'a permis de passer du « psy » au « spi » tel que Watts en a traité les divers aspects tout au long de son œuvre. (idem, pour la question de l’œcuménie, de l'ésotérique et de l'écologie... ou cette transversalité noétique mentionnée plus haut.

 

 

 

1Mettre dans le même panier Watts, Desjardins et moi n'a aucune raison d'être perçu comme d'une insupportable outrecuidance. Toute fausse humilité est un moyen de se défiler et de manquer à soi-même, quel que soit le niveau de ce « soi » ; et de ses prétendues qualifications et disqualifications à l'Esprit.   

14 novembre 2014

GAP 01

En guise d'avant propos

 

« Là, Mon Cher Pierre, me suis-je dit, si tu tentes le coup d'un nouvel Intermède, tu vas perdre le peu de visiteurs que tu as. »

Pour simple information, je m'adresse à moi-même en tant que « Mon Cher » tout simplement parce-que j'ai fini par apprendre les vertus de l'amour de soi ; qu'il est difficile d'être en paix avec les autres sans l'être d'abord avec soi-même. Pour le dialogue, de « moi » et de « Mon Cher Pierre », le visiteur voudra bien me pardonner cette implicite prétention d'être une sorte de demi Sage, le parlement intérieur (A. David-Neel), ou les criailleries de la foule en moi (J-P Sartre), s'étant unifiés en moi.... je ne serais plus que deux... donc une moitié de Sagesse... où ne résiderait plus tel un redoutable questionnement du Sphinx, l'interrogation : Qui est le vrai Moi, de « Mon Cher Pierre » ou de cette part de moi qui en a conscience?

Il va de soi que c'est façon de parler. D'autres « personnages » et identifications fallacieuses subsistent encore en moi ; il est seulement vrai qu'au sein de mon parlement intérieur « Pierre » et la conscience de me prendre pour « Pierre » sont à l'image de deux principaux partis de mon « hémicycle intérieur ». Tant qu'à poursuivre l'analogie jusqu'au bout, il me faudrait avouer que je ne sais lequel de ces deux parts de Moi est au gouvernement de mon existence et lequel est dans l'opposition.

(Je rappelle qu'Alan Watts exigeait de ses étudiants, à l'Institut des Études Asiatiques, d'avoir parfaitement compris dans ses arcanes Les Enseignements secrets des bouddhistes tibétains, la vue pénétrante, 1951. Et, à mon avis, lorsque ceux-ci sont compris parfaitement, tout le bazar de l'ésotérisme de salon devient d'une simplicité telle qu'il ne nécessite pas un « bagage culturel » supérieur au niveau de celui qui permet de lire Tintin au Tibet avec plaisir. Par contre, il permet de jouer avec la vacuité sans avoir à s'inquiéter de ce qui part du moyeu central vers la jante ou de ce qui constitue le mouvement de nos existences mais trouve son essence dans le vide central de ses identités. Ce vide de l'identité centrale à quelque chose d'effrayant pour certains ; personnellement ce serait plus l'endroit où mène le roulement de la jante - tout aussi vide de « Moi-je » que son moyeu - qui me donne grand souci.)

Dans mon roman prétendu initiatique, sous des dehors hyper réalistes, j'utilise un truc : la narratrice est une journaliste. A ce titre, il est de son devoir professionnel d'informer, mais en allant au plus court. Une journaliste n'est pas supposé fournir de cours de philo, de psycho, d'art de vivre ou, que sais-je ? d’œnologie, tenez !

Dans ce blog, ici, par définition notes de brouillon, il me faut être un peu plus disert.

En troisième lieu, certaines choses peuvent se dire dans mon roman que je ne puis me permettre dans le cadre de mes billets.

En voici un exemple type : C'est lors d'une fugue dans une abbaye bénédictine que mon héros, prénommé Gérardin, va pour la première fois de son existence rencontrer l'idéogramme Tao   , qu'ensuite renvoyé de la pension d'où il avait fugué, il retourne à Paris , tout le temps d'une année scolaire, il va bénéficier d'un mentor de 43 ans, un chinois du Cambodge, lequel pour lui expliquer le fin mot du Bouddhisme chinois l’emmena voir le film Docteur Jerry et Mister Love (1963), après l'avoir invité à déjeuner à la cantine des étudiants cambodgien. Et, qu'ainsi, pour tout dire, j'ai découvert la gastronomie asiatique, une manière de vivre, l'Orient et les religions extrême-orientales deux ans avant qu'Alan Watts ne viennent y jeter un éclairage de dialogue inter-culturel que rien n'interdit de dire contre-culturel.

J'ai donc décidé de rédiger, ici, des notes d'une approche de loin de mon sujet, en traitant à la fois de mon roman, d'Alan Watts et de moi. Occasionnellement, en citant un « digest » de tel ou tel chapitre. Je suppose, spécimen type, qu'il peut intéresser mes visiteurs habituels d'apprendre comment & pourquoi la mort d'Alan Watts représenta pour moi une terrifiante tragédie et que ce n'est pas seulement le plaisir de le lire qui a fait un disciple de sa philosophie et de ses approches. Je le suis devenu pour sauver ma peau ! Voilà la chose dite, jamais encore avouée.

Tout en y venant, il peut être utilement distrayant.que je raconte la part autobiographique de mon roman et les paradoxes de mon héros, dans ses rapports au sujet de ce blog sur la Philosophie d'Alan Watts. D'un autre côté, à vérifier ici l'infrastructure philosophique des récits contenu dans le roman, je pourrai peut-être en améliorer la clarté et la solidité.

Je ne sais ce qu'en penseront les éditeurs et les lecteurs, mais, pour ma part, je pense avoir écrit un roman initiatique. D'une manière générale, on pourrait faire la même remarque pour tout autodidaxie en n'importe quel domaine. (Un Le Corbusier par exemple, qui n'a jamais obtenu un diplôme d'architecte en bonne et due forme !1 )

L'avantage du roman sur l'essai est l'inutilité de prétendre en rendre raison. On présente des faits, on met en scène des dialogues ou des discussions de groupe sans avoir à se préoccuper de vouloir imposer un point de vue plutôt qu'un autre, ni préjuger du sens du mot, du corps de phrase ou de la réaction de tel personnage qui fera « tilt » chez le lecteur. Comme le disait Julien Cracq dans son « En lisant, en écrivant », chaque lecteur ré écrit le roman selon son vouloir2.

Ce qui m'autorise à faire allusion à mon roman initiatique provient de ce qu'il est aussi tout à fait historique, que la narratrice est une journaliste d'investigation. Ce léger mélange des genres m'a permis d'achever l'auto-analyse de certains problèmes psychologiques qui demeuraient en suspens, oubliés ou carrément déniés dans un coin de ma mémoire.

J'espère aussi intéresser mes visiteurs, qu'en attendant d'entrer enfin dans le vif du sujet (sur Psy-Spi), je m'en approche de loin à la manière de la logique chinoise d'aborder un problème par son extérieur pour mieux le cerner. Un « par l'extérieur » de traitement, mais qui ne relève pas obligatoirement de la dualité sujet-objet. Ce pourtour d'encerclement du cœur du sujet peut être lui-même tout aussi « intérieur » pour l'expérience vécue.

1 J'ai d'ailleurs séjourné une petite semaine dans son Couvent de la Tourette, avant sa restauration. Et, effectivement, ça ressemble plus à une distribution d'espaces, de masses et de lumières qu'à une œuvre architecturale. A certains moments, j'avais l'impression d'être roi d'infini et à d'autres d'être ramené à ma dimension de petit homme. Ce contraste m'avait vivement marqué : comment peut-on quasi simultanément se sentir ouvert sur l'infini, ou ébloui par la beauté, et ramené à sa petit dimension comme en une prison ! J'avais supposé que cela provenait du Beaujolais, disponible librement au robinet du réfectoire. Je m'étais même senti comme pris en faute, lorsqu'une après-midi j'étais descendu au village prendre un ballon de rouge, juste pour comparer. Le Père Hôtelier m'ayant surpris. Du coup, je n'étais plus sorti de l'enceinte des bâtiments conventuels. Du coup, j'ai passé une partie de mon temps à discuter avec le bibliothécaire, dont je rapporte l'un des entretiens dans mon roman, car je lui avais posé LA question à Mille Francs, en lui demandant : « Dites, mon Père, excusez-moi, mais avec tout le respect que je vous dois, vous ne comptez tout de même pas que je lise tous ces livres avant de me faire une opinion sur la religion et les possibilités d’œcuménisme ? » La bibliothèque du couvent comporte au moins cent milles volumes, et - à l'époque en tout cas, était situé dans une sorte de vaste hangar. Rien qu'à regarder vers le haut d'une étagère, on en éprouvait du vertige !

Et, j'ai donc ajouté : « Si je ne pouvais en lire qu'un ou deux, lesquels me conseilleriez-vous ? »

Il me proposa de lui acheter, à bas prix deux ouvrages qu'il avait en plusieurs exemplaires : l'un d'un certain Ratzinger - La foi chrétienne hier et aujourd'hui, 1969, l'autre un ouvrage collectif axé sur la pensée de Paul Ricœur. Sinon qu'il oblige de se soumettre à la rigueur de l'exposé, celui de Ratzinger (Sa – future – Sainteté Benoit XVI) ne présente aucune difficulté. Celui s'appuyant sur la pensée de Paul Ricœur ne me rebuta pas quant au style. Mais, les articles étaient complexes et je n'ai surtout retenu que cette idée première, que les fondamentalistes de tous bords feraient bien d'étudier : les textes sacrés ne doivent pas toujours être pris au pied de la lettre ; ils requièrent impérativement une interprétation, une herméneutique. Croire que tel ou tel grand prophète parvint à Jérusalem en telle ou telle année ne saurait nuire à personne, mais croire que « les murs de Jérusalem » en furent ébranlés ne saurait signifier qu'il s'empara d'un marteau ou d'une barre à mine pour le démolir au même sens littéral où les allemands entreprirent littéralement de supprimer le mur de Berlin fin 1989. Entreprise dont ils ne seraient d'ailleurs pas parvenu à bout et aussi vite (un an pour le mur en centre ville, deux ans pour l'ensemble de ce mur dit « de la honte ») sans l'intervention de diverses machines très puissantes. Comme aucun prophète n'entreprit de démolir les murs eux-mêmes, que le texte n'est pas à prendre dans son sens littéral, que signifie « ébranler les murs de Jérusalem » ?

 

2 Information anecdotique : j'ai eu l'occasion de le rencontrer dans les couloirs du Lycée Claude Bernard, où il nous fit cette déclaration qui n'encourt pas le risque de devenir célèbre « Faites les imbéciles autant que vous voulez, mais je vous précise que le Censeur va passer par ici d'une minute à l'autre ». (Nous étions en train de chahuter dans un endroit interdit.) Il disait vrai : une trentaine de secondes ensuite, nous entendîmes le pas caractéristique du Censeur et il nous fallut bien prendre nos jambes à nos cous, le plus silencieusement possible, pour lui échapper. Là non plus l'anecdote, pour amusante qu'elle soit, n'a aucun rapport avec la philosophie d'Alan Watts. Pas plus, du reste, que la publicité réciproque que se firent François Mitterand et Julien Cracq à l'occasion de la parution de En lisant, en écrivant. (Une excellente photo de Paris-Match montre Mitterand en avion, lors de la campagne électorale pour sa première élection, lisant ostensiblement Julien Cracq, le titre parfaitement visible.)

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15 octobre 2014

Un Intermède supplémentaire 3/3

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(Roman qui s'achève et essai en projet)

 

Ce qui se dit souvent du Chan/Zen « une transmission en-dehors des écritures » pourrait se dire de toute philosophie populaire (en tout cas de la mienne), en précisant comme pour le Chan/Zen que la chose écrite, ni le langage en général, ne sont pas inutile; seulement qu'ils ne permettent pas à eux-seuls de devenir le récipiendaire d'une tradition vivante et authentique (laquelle a pour critère d'authenticité d'être une ouverture à la quintessence de La Tradition toute entière, possibilité appelé ésotérisme).

A le dire en plus court, mais approximatif : la transmission est orale (éventuellement sans mot, un cri pouvant faire l'affaire), question de présence. De « cœur à cœur » dit-on aussi pour le Chan/Zen.

Je me préparais à rejoindre Alan Watts (j'en étais à calculer si j'avais suffisamment d'argent pour séjourner en Californie – c'est dire !), lorsque j'appris sa mort. Fâcheux contretemps !

Mais, je connaissais un autre porte-parole des sagesses orientales – Arnaud Desjardins. Le cours de ma propre existence indiqua rapidement qu'il convenait que je me tourne vers lui.

Les habitués de ce blog savent que je me répète souvent. Il y a certaines formules que je redis en toute occasion depuis plus de vingt ans, dont celle-ci : Le méthode cartésianiste1 consiste à se pencher par la lucarne de sa chambre se regarder passer dans la rue.

On pourrait dire de la méthode d'Arnaud Desjardins (comme de toutes les méthodes non-dualistes) qu'elle consiste au contraire à regarder à l'intérieur de sa chambre, les pieds solidement plantés au dehors. La démarche illustre Héraclite :

Il y a pour les éveillés un monde unique et commun, mais chacun des endormis se détourne dans un monde particulier. (Héraclite, 89)

Voilà pour l'aspect «renseignement philosophique »

Venons-en à l'aspect « initiation philosophique », qui servira de conclusion (provisoire) : une « initiation » est une « sensation » qui se fait dans un contact inter-personnel direct. Elle peut s'achever dans une cérémonie solennelle mais passe d'abord par tout un tas informe de contingences, d'impondérables, d'indispositions, contretemps, trébuchements et trivialités diverses dont la philosophie académique ne rend jamais compte. A cet égard, une philosophie authentique et authentiquement populaire, ne peut que paraphraser Clausewitz et proclamer que

« le roman est la poursuite de la philosophie par d'autres moyens. ».

(Inversement, il y a quelque chose de romanesque dans le fait que mes rapports à la mère furent similaires à ceux du jeune Alan Watts à la sienne. Pour le moment, je me contenterai de dire qu'il y a ainsi quelque chose de plus « viscéral » qu'une simple adhésion intellectuelle entre moi et lui.)

 

 

1Je rappelle que j'utilise ce terme pour distinguer le cartésianisme de l'authentique philosophie cartésienne, beaucoup moins cartésianiste qu'on ne le dit, et parfois même franchement irrationnelle.   

11 août 2014

Un intermède supplémentaire 2/3 addenda

Faire et être en paix

 

L'autre jour, du mois de Juin, venant de mettre en ligne mon petit billet, j'ai éprouvé le besoin d'aller feuilleter quelques pages de Dostoïevsky. Une drôle d'idée, mais assez déprimante sur le moment, m'est alors venue : que les méfaits des débuts de l'ère industriel amena nombre d'auteurs, en tout genre et de tout pays, à soulever un ensemble de questions qui sans appartenir à la philosophia perennis, telle qu'habituellement définie – y touchaient de près. Un peu comme si de tous bords, on se serait rassemblé sur le parvis (le profane) d'une cathédrale (le sacré) mais sans oser y accéder pour en débattre. Comme si la maison de Dieu (qui peut être celui de la Bourse) ne saurait en aucun cas être la maison du Peuple (qui n'est pas forcément une foule manipulable à merci). Ensuite, il n'y eut plus matière à discussion. La parole fut aux canons.

Sans doute peut-on, ou du moins est-il possible de penser que l'on puisse se montrer philosophe sous un bombardement (quand on demandait à Teilhard de Chardin, brancardier en 14-18, comment il pouvait foncer ainsi sous un tir de mitrailleuse pour ramener un blessé, il répondait en substance que s'il était touché ce ne serait jamais qu'un peu de matière rencontrant un peu de matière ; ce qui est indubitablement une excellente manière de dépasser le dualisme – et son concept d'énergie-matière est bien « spirituel ». Et constatons qu'il est possible d'être philosophe sous les bombes, mais certainement pas de charpenter une réflexion en vue de faire avancer le débat philosophique ou d'apprendre une technique religieuse quelconque. (Après tout, l'acte de philosopher commence par une forme d'entretien avec soi-même, auquel il est possible, plaisant, utile ou nécessaire d'inviter un autre à participer. Et, hélas ! on imagine mal Teilhard, puisqu'il était prêtre, aller voir son Colonel pour lui demander ce qu'il comptait faire pour la messe et les vêpres, compte tenu du bruit assourdissant des canons !)

Du coup, nous héritons des questions « philosophiques » soulevées au 19° siècle (et dès la fin du 18° ) mais de bien peu de réponses pour le 21° siècle. Avec ce considérable « dommage collatéral » que la plupart des dirigeants politiques et économiques continuent de raisonner comme si le machinisme (& chômage) ou les problèmes écologiques n'existaient pas, comme si le Système de réflexion et d'action était inapte à mesurer les changements du monde opérés au cours des deux ou trois derniers siècles... l'urgence étant de « faire face à l'ennemi » qu'il soit de l'armée « X » ou de la concurrence commerciale « Y ». Nous avons inventé de véritables « sciences et techniques » (& commerce) de guerre. Nous n'avons pas eu le temps d'en concevoir pour la paix.

Nous savons faire la paix, mais pas vivre en paix, et politiquement nous nous comportons tous à la manière de l'humoriste qui disait pour la cigarette : « Arrêter de fumer ? Rien de plus facile ; je l'ai fait des centaines de fois ! »

29 juillet 2014

Un Intermède supplémentaire 2/3

 (Je m'en viens donc à mon roman, un roman historique mais d'expression imagée de mon expérience de la philosophie d'Alan Watts, notamment dans ses aspects psycho-thérapeutiques ; ce qui implique qu'ayant saisi le sens des mots j'en fus favorablement affecté, que cet affect positif modifia et/ou modifie encore la direction tracée par ces éléments & entités, et contient et dégage des effets heureux sur tous les plans.)

 

La question est de chronologie (aucunement de causalité1) :

 

J'avais dans les treize ou quatorze ans quand je suis entré dans une « bande révolutionnaire » dont le chef utilisait abondamment René Guénon dans sa critique du « système » comme de l’Éducation Nationale. Mais, en en expurgeant toute allusion ésotérique ou métaphysique.

J'avais vu à la télé, dans le tout premier film d'Arnaud Desjardins (1963), la preuve de l'existence d'une culture & société différente de la nôtre, laquelle on entendait m'imposer comme mienne par la force ! Deux ans plus tôt, un oncle avait même eu le toupet de me menacer d'un « Maison de Redressement », dans laquelle il se faisait fort de me faire admettre. C'est dire !!!

L'aspect indien et « spiritualiste » m'était resté assez étranger. Ce qui m'avait accroché, c'était l'aspect que l'on qualifie aujourd'hui de sociétal. Imaginez l'impact émotionnel sur ma pauvre conscience d'adolescent attardé : des millions de personnes selon les normes de mon oncle , relevant d'une admission en « Maison de Redressement » ! (Quoiqu'il faille préciser que la position des différents gouvernements indiens à l'endroit des saddhus n'est pas éloignée de celle de feu mon oncle.)

En exagérant un tantinet, je me suis intéressé à la philosophie par souci de justifier mon inadaptation sociale et, ce faisant, de me libérer de l'emprise que la société avait sur moi (par la force mais aussi par de multiples moyens subtils d'aliénation, qu'adolescent ce temps là j'appelais de bourrage de crane).

J'insiste sur ces détails (de prime abord étrangers à mon propos), car à l'expression bien connue de « jeter le bébé avec l'eau du bain », je me demande s'il n'y aurait pas lieu de créer son pendant pour la Spiritualité, en émettant l'idée qu'elle est en danger d'être « noyée dans l'eau de son bain ». Une eau rendue noire opaque par l'accumulation de toutes les saletés de l'histoire religieuse du monde. Une eau sale et croupie, dangereusement impropre à la consommation ! L'eau d'une influence culturelle « spiritualisante » venue d'Orient ou née du contact ― parfois tout imaginaire, du reste ― avec l'Orient. Quand un psychothérapeute constate le rôle de compensation, de transfert ou de déni pur et simple d'aspirations religieuses, mystiques ou « spirituelles », ou n'importe quel usage dit névrotique ou « limite » de caractéristiques entrant dans le cadre religieux, il en fait des symptômes pathologiques et va tenter de les faire disparaître. A caricaturer la chose, il conseillera au nom de l'hygiène mentale à Van Gogh ou Salvador Dali de peindre un peu moins, à Gustave Eiffel de jouer un peu moins avec des vis et des écrous, au Padre Pio ou à Ste Thérèse d'aller un peu moins souvent à la Messe. En usant d'aussi grosses ficelles, je ne cherche pas à discréditer telle ou telle pratique clinique et/ou thérapeutique.

Le point que je veux souligner est l'introduction fréquente d'un jugement de valeur entre un grand peintre ou un grand scientifique, qui « eux au moins » sont créateurs, de beauté ou d'utilité ; et les religieux qui, pour leur part, ne serviraient à rien.

Le maître mot du modernisme est « ce à quoi ça sert », et sa notice explicative ajoute «comment et de combien ça rapporte ».

Quand Alan Watts publie son tout premier ouvrage américain, La Signification du Bonheur (1940), il croit bon de l'expliquer d'un sous titre « La recherche de la liberté spirituelle dans la psychologie moderne et dans la sagesse de l'Orient. ». Ce qui laisse entendre que le bonheur ne s'obtient que dans la liberté d'être (ce que l'on est) mais que la qualité de celle-ci ne peut être autre que « spirituel ».

Auteur de deux livres qui m'avaient passionnés en ce qu'ils liaient la pratique du corps à celle de l'esprit (plus précisément, le Yoga et la Spiritualité), l'approche d'Arnaud Desjardins m'avait accroché. Elle revenait à dire que « corporel » et « spirituel », en mouvement, dans la pratique de la vie (et/ou existence), ne sont qu'une seule et même chose, mettons, telle que la marche qui dépend de la solidarité constante de l'usage de deux jambes. (A en juger par certaines théories) Il n'y aurait que deux options philosophiques préférentielles : soit la jambe de gauche, corporelle et matérielle, entraîne et fonde la marche ; soit au contraire la jambe de droite, spirituelle et immatérielle, constituée de simples impulsions électriques (lesquelles mesurables sont donc matérielles aussi).

 

Donc, pour conclure tout provisoirement , le/les problème(s) de savoir si l'on peut et comment être soi-même, libre, heureux, etc. paraissent se poser en termes de société. Diverses disciplines intellectuelles s'en préoccupent, et chacune se définissant par son objet on aimerait bien savoir « où ça se passe », quel est le fin mot de l'affaire, notamment puisque nous en parlions quel est l'objet de la psychologie... si elle peut être d'utilité spirituelle.

 

Ce sera tout le sujet de mon bouquin, de mon prochain billet, lequel ne pourra que demeurer assez énigmatique, car il est SIMULTANEMENT dans la vérité des deux koans précédemment cités :

1 le Cyprès (Éveil, Vérité, Liberté, etc.) est dans la cour

2 c'est mentir et calomnier les maîtres spirituels de colporter de tels ragots.

Enfin, en tout cas, pour ma part, je tiens à déclarer qu'il ne siège ni dans le corps/physiologie, ni dans l'esprit/psychologie, mais, peut-être, s'il est quelque part, en ce moment même, c'est qu'il siège dans le même fait que vous et moi regardons un écran d'ordinateur.

(à suivre)

1Sauf à tenir compte de la loi d'interdépendance, qui est toujours là, mais souvent lointaine et indirecte, indiscernable.

21 juin 2014

Un Intermède supplémentaire

(Je résume : je n'entreprendrai de traiter « à fond » de l'actualité d'Alan Watts qu'en fin d'Automne. Le motif est celui invoqué dès l'ouverture de ce blog : un roman que j'écris, lequel, pour de bon cette fois, appelle son achèvement.

Je nourris l'espoir d'encourager mes visiteurs à ne pas se lasser ...hum !... de tous ces délais et « intermèdes » divers, en sorte...hum !... que je les retrouve un jour ...hum !...comme lecteurs de l'ouvrage que j'entends tirer ...hum !... un jour ...hum !...de ce blog sur Alan Watts.

Hum ! Lecteurs aussi de mon roman, qui participe tout à fait de la philosophie d'Alan Watts.

D'où ces quelques notules de rappel de lieux communs... ou qui selon moi devrions avoir en commun !)

 

Une pensée philosophique est de son auteur ; la Tradition n'appartient à personne, pas plus que l'état de conscience spécifique (nommée par certains spirituel) permettant d'accéder à son « ésotérisme » universel.

La question soulevée, de la relation de l'âme humaine à l'Esprit cosmique, étant atemporelle attendra bien encore quelques mois mon humble avis, qui n'a strictement rien d'original sur le fond. Et, je suis bien sûr qu'en votre propre Voie, ou tel sentier y conduisant, votre marche restera indifférente à ce nouveau délai.

 

Divers auteurs du XX° siècle, ouvertement tel Camus ou dissimulé dans un repli de sa pensée tel Kazantzakis, de nombreux penseurs et théologiens également (ou encore Alan Watts, en son a-théologie et/ou post-théologie) se réfèrent à la « légende du grand inquisiteur » contenu dans le dernier roman de Fédor Mikhailovitch Dostoïevsky Les Frères Karamazoff. Pour ma part, adolescent distrait, je pensais purement et simplement que Dostoïevsky était un auteur du XX° siècle. Les divers thèmes de son œuvre sont tellement d'actualité qu'il est d'ailleurs possible qu'en ce moment même, un adolescent aussi distrait que je le fus, est persuadé que Dostoïevsky est une génial auteur d'un XXI° siècle, siècle lui-même en son début d'adolescence ! Sait-on jamais...

L'erreur est compréhensible. Dostoïevsky sort des frontières de la Russie du XIX° siècle et s'universalise chaque fois que l'esprit de liberté et d'amour est en butte aux tendances de normalisation, de standardisation et d'aliénation de la lettre supposée en transmettre toute la vitalité joyeuse et fraternelle. Car Jésus, savez-vous, était en son Incarnation un joyeux luron d'une affection débordante. Le Prince Mychkine, le héros de cet autre œuvre de Dostoïevsky – L'idiot – est une imitation de Jésus-Christ (un Jésus qui n'aurait jamais été induit en tentation).

Sans compter que ces deux là avaient en commun d'associer très étroitement à l'esprit de liberté et d'amour celui de vérité et de justice. Et ça, il faut l'avouer, c'est y aller un peu fort !

 

Ces notules sont bien loin, semble-t-il, de la préoccupation d'un Éveil au sahaja nirvikalpa samadhi, au Tao immortel ou au suprême Satori. Il est toutefois bon de savoir que la « santé mentale » ne saurait consister à se tenir au dessus de tous les soupçons de l'Inquisition normalisatrice, qu'elle soit religieuse ou laïciste. Et, avec prudence, qu'il est relativement admis que l'esprit de liberté et d'amour, de sensibilité à la souffrance ou au désarroi de l'autre, sont des facteurs d'homéostasie mentale.

Voire qu'à compatir, on reçoit plus que l'on ne donne !

 

Et, pour en revenir à mon « dada » personnel, je rappelle que la fin du Moyen-Age traditionnel est à chercher fin 13°/début 14° siècle, que la légende du Grand Inquisiteur est supposée se dérouler au 16° en Espagne, mais aurait pu l'être sous le Maréchal Franco, ou en Russie lors des procès staliniens. Le zéro et l'infini ou L'aveu, respectivement d'Arthur Koestler et d'Artur London, sont bien plus représentatifs de l'Inquisition moderniste que les ténébreuses affaires de l'Inquisition ecclésiastique. (Dont les condamnations d'avant la Renaissance furent, le plus statistiquement du monde, moins fréquentes qu'on ne le laisse généralement supposer.)

 

Mais, tout ça n'est qu'intermède récréatif à l'approche des départs en vacances.

 

Sauf peut-être, qu'il faudra bien reprendre certains points par le menu, à partir de plusieurs aspects.

Par exemple,

que le Nouveau Testament (I Cor. 15, 46) nous dit que « Ce n'est pas le spirituel qui paraît d'abord, c'est le psychique puis le spirituel. »

que la Légende du Grand Inquisiteur est racontée à Aliocha le plus jeune frère, par Ivan Karamazoff, un rationaliste convaincu dont la santé mentale se dégrade toutefois sous les coups de boutoir de 'contacts' avec le Diable

qu'Aliocha est un novice en formation sous la houlette du Starets Zosime, un surprenant personnage qui « loin d'être sévère, paraissait enjoué » et qui affirmait que « La vie est un paradis où nous sommes tous, mais nous ne voulons pas le savoir ! » (Ce que dit aussi Alan Watts, se référant au Tao)

que celui qui a l'expérience de l'authentique foi ne peut qu'embrasser ses accusateurs (tout comme le Christ le fait pour l'Inquisiteur) « Car, à la logique, il ne sait opposer que l'amour »

(cf. Dostoïevsky, par Henri Troyat, Arthène Fayard 1960, p 403)

que Dostoïevsky, à l'instar de nombreux auteurs du 19° et des débuts du XX° siècle, était grandement préoccupé par la crise de la philosophie occidentale. (De nombreux auteurs russes, mais aussi des Keyserling, Mitrienovic, Gurdjieff, Romain Rolland, Tagore, etc. auxquels il faut adjoindre les tenants de l’École Traditionnelle (dite aussi pérennialisme, si j'en crois Wiki)

 

 

4 février 2014

Trajectoire & Cheminement 3/3

Trajectoire & Cheminement 3/3

 

 

Deux-trois points sont à mentionner pour terminer cet intermède assez ludique.

Ensuite, je pourrai passer à ma joie de relire Psychothérapie... qui sera une occasion de reprendre l'ensemble des thèmes de la philosophie d'Alan Watts sous l'angle d'une œcuménie et écologie planétaire, commençant par un rejet de toute psychothérapie comme « gendarme de la conformité aux valeurs ambiantes1 », se poursuivant et se développant par une immédiate modification d'approche de la vie quotidienne comme d'une possibilité de tourner la clef d'une Porte (réellement) de Paix spirituelle (et donc inter-personnelle).

 

Il ne peut y avoir de bateau sans coque, ni de maison sans toit. Ce sont comme les «fondamentaux» qui les différencient, tout comme la présence d'une idée ou d'un symbole de transcendance est nécessaire pour ce qui est du sacré et/ou du religieux. Conditions nécessaires mais insuffisantes pour naviguer, avoir une maison qui soit un abris ou une vie intérieure qui soit mystique (déification et/ou spiritualisation du corps) et communiante (religion et/ou compassion).

On peut alléguer sans trop de risques qu'il y a une ressemblance entre ces mécanismes et l'établissement spécifique d'une trajectoire de vie et son insertion contingente2.

On peut aussi couper court en prenant sans attendre un sentier de traverse : derrière son masque de signe d'une transcendance royale, la Reine d'Angleterre, à 85 ans, n'a toujours pas abandonné son ego de passionnée du cheval, ni de «garçon manqué» qui, voici une vingtaine d'années mettait encore la main dans le cambouis du moteur de ses automobiles, qu'elle conduisait elle-même à un train d'enfer, etc. Ou, se demander si la rapidité de l'incident ne proviendrait pas d'un simple souci d'explication au vu de cette curiosité que serait une cérémonie officielle organisant le plongeon d'un cavalier et de sa monture dans la Tamise ! Pourquoi pas se demander si mon interprétation du vif mouvement de sémaphore des bras de la Reine est bien exacte, en dépit de l'exactitude de l'importance vitale qu'a toujours joué la Tamise et le Port de Londres dans la puissance économique et militaire de l'Angleterre... ?

Il est également permis de penser : qu'est-ce que ces galimatias du toit d'une maison sans murs, de navire sans voilure ni moteur, d'une transcendance ou d'un sentiment religieux sans religion instituée ?

J'ai déjà eu l'occasion, ailleurs, de déclarer qu'on « ne peut envisager de saborder deux ou trois escadres pour diminuer la population féline britannique »3.

Qu'attendre de telles notations, et quelle réflexion peut-on en tirer qui se fasse elle-même puissance de lancement et poids d'une trajectoire spirituelle ?

La naissance et la mort sont deux réalités antagonistes, mais qu'en est-il de la Vie et de la mort, l’Éveil ayant été obtenu ? Qu'est-ce qui meurt, qui était apparu à la naissance ; et qu'est-ce qui ne meurt pas qui n'était déjà/ou n'était pas là dès la naissance ? La mort était-elle seulement le retour au statut d'avant-naître ? Notre existence n'a-t-elle strictement aucune raison d'être4 ?

 

Korzybski et son « le mot n'est pas la chose » est un écho moderne de lointaines manières de voir....

L'avancée sur le territoire réserve des surprises que le tracée sur la carte n'indique pas...

Il en va un peu de même entre le cheminement et la trajectoire... A moins qu'on ne dise qu'une trajectoire est d'ordre épistémologique, dont la véritable visée est de faire de chaque pas du cheminement un éternel présent... Ce sera à vérifier (pour le confirmer ou le démentir).

 

« C'est grâce au doigt

Que vous pouvez montrer la lune.

C'est grâce à la lune

Que vous pouvez comprendre le doigt.

La lune et le doigt

Ne sont ni différents ni identiques.

Cette parabole sert simplement

A conduire les adeptes vers l'éveil.

Une fois que vous avez vu les choses telles qu'elles sont,

Il n'y a plus de lune ni de doigt. »

Écrivit le poète et moine japonais Ryökan (1758-1831)

comme pour rappeler Zhuangzi affirmant que les mots doivent être abandonnés une fois que la réalité qu'ils désignent a été saisie.

 

Post-scriptum : Il est normal et légitime que l'amateur/amoureux/pratiquant s'intéresse plus aux règles du jeu de pétanque ou de billard, etc. qu'à l'ésotérique « balistique ». Et, tout aussi bien sûr, s'il n'y avait un jeu à pratiquer ou un tracé sur une carte, irions-nous vérifier sur le terrain/territoire ce qu'il en est vraiment, dans le cheminement de chacun ?

 

 

 

 

 

 

 

1Se souvient-on qu'il exista (ou existe encore, mais en secret) une Agence de psychologues chargée d'intervenir dans les Entreprises pour « soigner » les patrons atteints de Paternalisme ; très grave névrose patronale conduisant la personne atteinte à une «inhibition à supprimer des emplois», voire pire encore (!) préoccupée du sort des familles dont l'un des membres est employé dans son entreprise ? Dieu merci, cette maladie mentale est en voie d'éradication totale quasiment sur toute la surface de la planète Terre !

2Dans le Christianisme insertion et/ou incarnation, c'est beaucoup plus l'aspect intégration/action sociale qui est connectée que l'incarnation comme unité du corps et de l'âme. Dans l'expression « l'Esprit s'est fait chair », il faut entendre bien sûr que l'Esprit s'est fait « corps et âme », et pas seulement un assemblage physiologique...

3Ne faisant que reprendre les démonstrations pleines d'humour de Willy Matthey dans son intervention, p 115, L'Homme moderne et son image de la nature, Ed. de la Baconnière, 1975.

4Alan aimait donner cette expression en français. Titrer La Signification du Bonheur, était alors (1940) possible, mais guère un sous titre « La raison d'être du Bonheur, Recherche de la Liberté spirituelle dans la psychologie moderne et la sagesse orientale » (Je souligne toutefois la proximité des mots Bonheur et Liberté, dès 1940, sans attendre l'ambitieux Bonheur-liberté de S.C. Kolm, pour définir le Bouddhisme profond.)

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