Devoirs de Vacances (2/3)
Devoirs (& amusements) de vacances
« Le spirituel » (et non La spiritualité)...
Je l'ai écrit sans préméditation, probablement dans un souci latent de ne pas être démoli par le bon sens : Le même bon sens faisant de la sueur chaude un aphrodisiaque et de la sueur refroidie un répulsif...
J'ai songé à spirituologie ; le terme trouverait ainsi son pendant physique dans la physiologie et mental dans la psychologie. La métaphysique en deviendrait l'écologie et l'éthique – l’œcuménisme mondial (tant commercial que religieux). Et, peut-être bien notre besoin d'un minimum de foi de croyance, ce minimum pourrait-il se dire mytho-poïetique. Et, au fond, je me serais pas tellement que ça éloigné du sens du terme : psychologie venant de psukhê (âme) et Pneuma (littéralement Souffle) réservé à la philosophie de l'Esprit 'spirituel' ou, en théologie, à une réflexion sur le Saint-Esprit comme moyen de transmission du divin créateur (par le Père) et par l'Incarnation du Fils. (La particularité de la conception de la Grâce divine selon Alan Watts est qu'il n'y a aucune raison pour que l'Incarnation (l'envers de la déification) soit réservé au ''fils du patron''.
Schéma caricatural : le Fils de Dieu s'Incarne et nous, - ses frères et sœurs en humanité -, nous nous Déifions. Ceux qu'il nommaient les « dieux personnels » du monothéisme comme les « dieux comédiens » du polythéisme. Et aussi le « dieu impersonnel » du taoïsme par l'expérience de sa Grâce tout aussi « impersonnel » et naturelle qu'est le QI (t'si, ou Ki). Mais, laissons-les de côté pour le moment... comme Avalokiteshvara aux mille bras comme expression de la « grâce » du Bouddha.
Bien entendu, je pars du principe que mon visiteur est d'accord avec moi au sujet de la Sémantique général sur ce point précis : le mot n'est pas la chose, mais il peut être des choses uniques qui reçoivent des nom multiples (voire pas de nom du tout, mais ne compliquons pas). Et, pour ma part, mon devoir de vacances porte sur l'examen de la relation de la sudation et de la spiritualisation des consciences, d'accord ?
La planétarisation des consciences comme humanisme1 du XXI° siècle ; le premier effort portant prioritairement sur un fort souci d’œcuménisme entre l'humanisme athée et l'humanisme déiste, panthéiste ou polythéisme, sans oublier mon Seigneur et ses créatures que nous devons beaucoup remercier pour Sa Croissance (notamment celle de l'industrie cosmétique qui nous protège de la sudation intempestive) :
« Merci Seigneur pour toutes ces êtres humains, que je vais pouvoir manipuler et dominer grâce à la science sociale et politique,
« Merci Seigneur de nous apprendre les moyens technologiques de nous passer du Soleil, de dépasser la Lune et de partir à la conquête des étoiles,
«... le vent qui nous a permis de conquérir les Amériques, transporter les esclaves, remonter les fleuves d'Asie en crachant le feu de nos canons
« ...le feu de Hiroshima et celui du napalm
« ...la Terre dont nous vampirisons l’Énergie et dont nous gâtons les fruits de nos diverses prouesses chimiques, etc. etc. etc. litanies d'un infini Miserere !
Ou bien, s'il nous reste un choix... Louange de mon cœur à Celui de Dieu (seul, plusieurs ou impersonnel) !
mon Seigneur, avec toutes tes créatures, monsieur frère Soleil, (lequel est le jour, et par lui tu nous illumines. et il est beau et rayonnant avec grande splendeur, de toi, Très-Haut, il porte la signification), sœur Lune et les étoiles, frère Vent, sœur Eau, frère feu, sœur notre mère Terre, (laquelle nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe) comme disait François d'Assise.
Un mystique soufi d'Afrique noire pose en substance la question :
― doit-on déclarer fou ce St. François d'Assise en ce qu'il dérange la mondialisation économique et les lois de la compétition & cotation boursières ?
Mais le seul réel intérêt de spirituologie serait d'affirmer qu'il y a des discours jusque ce domaine spirituel, et puis un langage du Silence et du Mystère... On pourrait ainsi distinguer (au titre d'adaptation d'une paire de jumelles à sa propre vue) le/les discours sur l'Esprit et tous ses risques d'attrape-nigauds et de toutes les vulgarités de l'esprit (mental) partiel et partisan.
La philosophie est largement devenue un jeu de mots dont il importe d'en comprendre les règles afin de mieux les déjouer... Tout comme la langue de bois en politique, dont tout l'art consiste dans la capacité de dire des choses fort intéressantes sans jamais répondre précisément à des questions aussi simples que « Quelle heure est-il ? »2.
Car cette splendeur solaire qui porterait la signification du divin pourrait peut-être s'aller chercher (et trouvée) dans ce qu'en dit Gary Snyder : « Mon propre chemin relève d'une sorte de bouddhisme authentique dont les racines plongent naturellement dans les pratiques animistes et chamanistes. Le respect envers tous les êtres vivants fait clairement partie de cette tradition. J'ai ainsi enseigné à d'autres comment méditer pour pénétrer les étendues sauvages de l'esprit. Comme je le suggère dans l'un de ces essais, le langage lui-même est finalement un système sauvage. (…) Le Sauvage, synonyme dans la civilisation occidentale de sauvagerie et de chaos, est, d'une façon impartiale et implacable, fondamentalement libre dans sa beauté formelle. Et son expression - la richesse de la vie animale et végétale (non compris) sur le globe, les pluies torrentielles, les vents violents et les calmes matinées de printemps, la courbe d'un météore traversant l'obscurité - est la réalité authentique de ce monde auquel nous appartenons. »3
Sans le dire explicitement, Gary Snyder renvoit ainsi à la notion de
QI – 气– (prononcer t'si) ou de Shen 神 lequel ressemble à 禅 ou 禪, qui désigne le Chan/Zen.
— me semble-t-il, tout simplement parce-que ces deux notions chinoises (& japonaises) sont les plus proches de spiritus. (Pour l'Inde, prana ou soma)
Au plan pratique, il resterait à démonter le mécanisme d'une sueur érotique dans un cas et répulsive dans l'autre, presque aussi ambiguë que l'immobilité du mouvement ou le mouvement centré dans son immobilité : le moyeu évidé de la roue du karma universel, si le mentionner ne nous renvoyait à la métaphysique alors que le point de départ de ma note est physiologique. A ceci près que l'image de moi-je (ahamkar) que m'a renvoyée le miroir de ma salle de bain entrant dans le cadre de la ''représentation de soi'' et que l'idée de séduction entre dans le cadre d'une relation (amoureuse ou de conquête sexuelle) nous sommes en pleine psycho-logie et plus du tout en physio-logie. N'est-ce pas Alan Watts lui-même qui remarqua qu'il ne faut pas se tromper sur le sens des mots : Moi-je pue et vous, vous sentez !? Bon ! D'accord ! Il n'est peut-être pas très pertinent, lorsqu'on se trouve en situation amoureuse, de consulter son glossaire de métaphysique ou de physiologie de la sudation ; le loisir de prendre une douche ensemble avec son partenaire demeure bien plus approprié... A défaut, plonger dans une rivière (du moins si vous la savez de source sûre pas trop polluée – le jeu de mots est involontaire)...
Évidemment, tout ça n'est pas très poli. Il est même franchement inconvenant d'entrer dans un pièce en affirmant catégoriquement : « Holà ! Ça pue ici, je le sens. »
Il est permis de dire que l’Éveillé bouffe et chie comme tout le monde, que c'est un homme ordinaire. Mais seulement quand on veut faire le malin dans une assemblée de doctes personnes qui sont des gens du Chan/Zen. A ma connaissance, s'il est irrespectueux de dire que Jésus-Christ urinait et déféquait, voire baisait comme tout le monde, ce n'est pas hérétique (sauf, bien sûr, par rapport à la notion de son Ascension... en son corps glorieux... son Être lui-même débarrassé de son enveloppe charnelle. L'idée d'enfançon taoïste s'en rapproche. (Le corps spirituel ayant atteint les limites du corps charnel s'en affranchit et ''s'en va voler aussi haut que les grues sauvages dans le ciel...'')
Mais, à franchement parler, je dois avouer que – pour ma part – je ne sais trop où j'en suis de mon incarnation et de mon ascension. Ce qui est sans doute préférable à tous points de vue du reste.... Le savoir risquant soit de me décourager soit de m'infatuer et de me renfermer dans la boite à malice de l'égocentrisme...
Pour en rajouter dans le jeu de mots : la sudation est une homéostasie quant au corps humain et une autopoïèse quant à la personne du séducteur (ou de la séductrice, il va tellement sans dire que je me demande pourquoi je le dis).
« Il n’y a ni victoire, ni défaite dans le cycle de la nature… Il y a simplement le mouvement de la vie » dit P. Coelho4
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Chacun pour soi peut ainsi se demander : vivons-nous pour ainsi dire à la périphérie de nous-mêmes, recevant tous les chocs et cahots de notre existence bien terrestre, et incarnée ? Vivons-nous imperturbablement centré dans l'axe de notre vie ? Constatons-nous un rapprochement de l'axe de notre vie, du moyeu de nos actions (stimulées de notre Désir ou de la situation qui « poussent à la roue ») ou dans la dispersion centrifuge de nos énergies ?
Ce serait une manière d'introduire l'inséparabilité de la contemplation et de l'action... laquelle nous rapprocherait de la spiritualité entendu comme Libération de soi. (Nous en sommes d'accord, n'est-ce pas ? => libération de la prison qu'est soi-même et point du tout libération de l'ego par rapport aux aléas de l'existence. Le « moi » spirituellement libéré de son moi-je/ego n'est plus affecté par les contingences quotidiennes. (Dire que le Chan/Zen consiste, notamment, à porter Attention aux choses ordinaires de la vie quotidienne n'implique pas d'en être affecté ; l'Attention à l'instant présent5 est d'ailleurs, par elle-même, une sorte de ''libération conditionnelle'' des réactions émotionnelles.)
1On notera que mon billet comporte beaucoup de suffixes en 'ition' et en 'isme' ou 'iste'. Simplifions, autrement dit par esprit de simplification, disons que les premiers sont des constatations et les seconds des prises de position, voire une militance de désirs idéologiques tels le communisme ou le fascisme ou le catholicisme, bouddhisme, voire spiritualisme, végétarisme ou automobilisme... au hasard ! Mais, n'allons pas trop loin, et ne confondons pas jugement de valeurs, grammaire et métaphysique (même si tout étant illusoire, l'agencement de mots illusoires en discours logiques sur des phénomènes grammaticaux ne saurait désigner, référer ou signifier... je ne sais quoi).
2Je me suis laissé dire que dans tel ou tel parti britannique, l'épreuve pour accéder à une responsabilité de militant est de parvenir à intéresser un auditoire pendant ¼ h en réponse à la question « Quelle heure est-il ? » sans jamais la donner.
3Préface de Gary Snyder à l'édition française de son ouvrage La pratique sauvage.
4Je n'ai rien lu de cet auteur, mais une correspondante m'a fait remarquer que certaines de mes assertions ressemblent fort aux miennes. Je me suis donc informé. Il semble, en effet, qu'il soit une sorte d'Alan Watts d'Amérique du Sud. Une chose est certaine : Coelho est aussi in-orthodoxe que Watts, et à braver la lettre il se peut qu'il ne fasse rien d'autre que d'en insuffler l'esprit...
5Instant présent qui n'implique en rien une identification de sa conscience au stimuli du moment : si vous êtes dans le silence d'un dojo et que retentit le gong, il envahit la totalité de la conscience, mais vous pouvez être face à vaste panorama, ayant mal aux pieds alors que deux libellules bleus dansent ensemble un indéchiffrable ballet. Et, cet « instant » = mal aux pieds+sensation esthétique global+ce ballet de libellules bleus. Si l'envie louable d'en écrire un poème vous vient, vous demeurez peut-être « présent » mais non plus à cet « instant » seul. Si vous songez aux acides remarques que vous compter faire à votre cordonnier au sujet de vos maux de pieds, idem ; mais, à mon avis, en beaucoup moins poétique...