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La Philosophie d'Alan Watts

7 septembre 2015

Devoir de Vacances 08

L’Éveil et la parfaite Santé mentale (et/ou physique, en ce que la personne la plus équilibrée ne peut qu'être momentanément ou durablement affectée par la maladie ou un accident1) ne peuvent qu'avoir une définition quasiment similaire en Orient et en Occident.

Pour mes visiteurs pressés, qui auraient l'ouvrage sous la main, je puis recommander de se reporter au premier alinéa de la page 169 – tout y est dit. Sans toutefois qu'il soit précisé qui, du prêtre ou du thérapeute, ou les deux, peuvent être d'une utilité quelconque dans la quête de la liberté et du bonheur, et leur commun accomplissement dans la mort. Ni non plus – quand ils le sont, de quelle manière ils sont utiles. Étant par ailleurs supposé entendu qu'ils sont assez généralement sources d'oppression et de malheur ; qu'entre Le Grand Inquisiteur, inclus dans Les frères Karamazoff de Dostoievsky et Vol au dessus d'un nid de coucous, de Ken Kesey, la différence tient surtout à la stature littéraire des auteurs, et assez peu à la différence d'un message de dénonciation de l'oppression hypocrite et plus ou moins sadique des suiveurs de doctrines et/ou de la lettre plutôt que son esprit, comme source de malheurs multiformes.

Le sujet abordé par Psycho… me laisse suffisamment de pain sur la planche pour satisfaire mon intention de le garder l'automne venu.

A la rentrée, il me faudra faire la synthèse entre deux séries de faits qu'Alan Watts n'eut jamais à faire, d'abord en sa qualité de sujet de Sa Majesté la Reine et fidèle de l’Église d'Angleterre dont Elle est La Chef Suprême ; ensuite, comme citoyen d'un pays dont le Chef d'État doit rendre compte devant la Constitution et ses électeurs, mais aussi en regard de son allégeance à « Dieu ». De plus en plus d'américains se méfient de la « religion » institutionnel, mais continuent de juger impensable qu'un Président puisse être athée. Or, je suis citoyen français et j'ai toujours rendu à César ce que je lui devais. Je ne puis me contenter, comme le fit Alan Watts, d'ironiser sur la contradiction qu'il y a de se prétendre à la fois & simultanément démocrate en politique et monarchiste en religion. Sans compter la fâcheuse tendance de l'Instruction Publique (française) de faire commencer l'Histoire avec la Révolution Française, le début des Lumières et la « preuve » de l'obscurantisme avec l'Affaire Galilée. Dans un tel contexte, où placer cet ésotérisme de la Tradition pérenne, auquel nécessairement doit correspondre un exotérisme admissible ? Comment une société ou un groupe d'une société peuvent-il s'affirmer religieux après avoir divorcé de la Nature ? Surtout, comment poser ce type de problèmes (s'ils font problèmes) quand toute réalité, qu'elle soit « sociétale » ou « écologique » est devenu, en France, sujet à polémique politique ? En France, il paraît impossible de dire le moindre mot en sociologie ou en écologie, parfois en médecine, si l'on ne précise pas d'abord sa position « de gauche » ou « de droite » ! J'ai un certain tri à opérer…

&

Pour le moment, je vais poursuivre mes billets d’Été au gré des textes que je rencontre et selon la fantaisie de mes humeurs2. Juste pour interdire (m'interdire) un éloignement du vif de l’œuvre d'Alan Watts. Il dit en substance que la psychothérapie est une intégration sociale réussie, l'ascèse une intégration naturelle réussie – ascèse à attendre au sens d'effort produit3 pour se couler dans le mouvement de la vie et non pas de contraintes subies ou acceptées de bon cœur. Il tient compte cependant de ce que l'être humain est un « animal social – domestiqué », que la première libération ou la porte d'entrée dans la liberté est la prise de conscience du caractère conventionnel de cette distinction. Comme « animal », l'être humain est essentiellement naturel ; comme « social » il est producteur d'un langage le séparant du naturel. A un niveau plus basique, tout animal vit lui aussi en « société » et se conforme à un « langage ». Ce serait donc les spécificités du langage humain qui spécifierait l'Homme ; lesquelles seraient bien moins nombreuses qu'on ne le crut jusqu'aux découvertes de l’éthologie moderne. D'un autre côté, un aspect de l’éthologie m'a toujours amusé, qui justifierait scientifiquement la possibilité pour les saints hommes de vivre au milieu des fauves : l'étude des règles éthologiques de déclenchement de l'attaque. Celles-ci pouvant se résumer en deux mots : incompréhension/peur et agressivité.)

 

 

 

1Ce que Descartes reconnaît dans ses Méditations métaphysiques. Soit dit en passant, Descartes est le seul philosophe français dont je possède les œuvres complètes. Je ne manque jamais de le consulter lorsque je dois dire quelque chose au sujet du Yoga !

2Et, j'avoue mon plaisir malicieux, pour l'autodidacte que je suis avant tout, d'utiliser des termes tels que leçon, devoir, formation, rentrée, etc.

3Wei wu wei, action sans action, si vous y tenez, mais le « non-effort », le « sans-action », etc. sont sinon producteur, du moins gros utilisateur d'énergie vitale. Dans ces formules orientales, il est important de garder présent à l'esprit qu'il est tout aussi logique de dire que « le yang nait de la mort du yin » et son contraire puisque les deux processus sont simultanés et s'accompagnent et se soutiennent mutuellement. Les envisager en alternance n'a de valeur que descriptive. Ils sont intrinsèquement un seul Tao ! On utilise l'alternance du jour et de la nuit comme image du Tao, mais la nuit n'est nuit qu'en souvenir du jour précédent et du jour que nous croyons devoir revenir. Dogen en dirait probablement que nous « ne sommes pas présent au temps de notre présence »...

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30 août 2015

Devoir de Vacances 07

Avec Gary Snyder

(Petite parenthèse liminaire : Épicurisme, hédonisme et stoïcisme ont un point commun : la préférence d'obéir à la nature, accompagnée éventuellement d'une révolte à l'égard de toute intervention institutionnelle, donc sociale, qu'elle soit politique, philosophique ou religieuse. Ce sont, en somme quoique à nuancer, trois "ascèses" et "religions" de la Nature. Trois manières d'être refusant toute idée de "normalité sociale", de conformité politique, de toute image d'homme "standard" – psychologiquement sain – qu'agréent seules les exigences économiques. Les théologies ou "para-théologies" de la plupart des religions justifient le meurtre du Prince, si celui-ci vient à désobéir d'évidence à la Nature. Ce qu'il y a de diabolique dans la totalité des terrorismes divers qui sévissent actuellement de par notre planète, c'est qu'ils ne font aucun mal aux "décideurs", au contraire, mais à des innocents sans défense ou aux biens de ceux-ci. Les terroristes sont pires que des hyènes – les pires des pires fauves en cruauté et gratuité de tuerie, jusqu'à ce H.et J. Lawick Goodall ne viennent les déclarer « innocents » de cette accusation courante. Inversement, je n'ai pas entendu dire, ni pu lire, que les responsables de Tchernobyl ou de Fukushima ait été fusillés. Je conserve un petit espoir pour ceux de Tianjin… )

Nota : Je suis pacifiste, mais réaliste ; et, devant un fauve en comportement1 d'attaque, je ne vois aucune autre solution que de tirer vite et au but. Ce n'est pas "hors-sujet"2. La spiritualité, la religion, le satori, et l'éveil ne sont pas des contes de fée pour s'endormir le soir, séparés des « dures réalités de la vie » ; et ces « dures réalités » sont que, psychologiquement aussi bien que métaphysiquement, nous vivons en société autant qu'en nature. Qu'une distorsion, et puis une coupure se soient produites entre nature et culture, ce sont des faits. Ce sont des faits qui, dit-on, caractérisent l'Age Sombre, le Kali-Yuga, le temps de la destruction. Les esprits modernistes, scientistes et laïcistes s'en gaussent. (Ce qui est bien normal. Mais alors, pourquoi donc les scientifiques préparent-ils, le plus ouvertement du monde, une migration massive des terriens vers d'autres systèmes solaires?)

Tous les fantasmes et spéculations sont permis, mais il n'en demeure pas moins que la Voie, l’Éveil, Satori, kensho, jiànxìng, et tutti quanti ne sont pas supposés servir au déni de la réalité quotidienne, laquelle ne peut éviter une prise en compte du divorce de la Nature et de la Société, et aussi, intrinsèquement de celui d'un esprit humain devenu egolâtre et de l'Esprit cosmique (qu'on l'appelle Saint Esprit, Qi, Prana, Pneuma, ou autres dénominations). Il s'ensuit tout aussi naturellement que l'Or mystique le plus précieux continue de se cacher dans la boue et/ou au milieu d'amas en mica. Par les temps qui courent, le mica le plus pernicieux étant la publicité consumériste (à commencer par la propagande religieuse ou sectaire, bien sûr, bien sûr ! Nul ne peut avoir tout le temps tort, et au plan « bourrage de crane par les croyances religieuses » les laïcistes ne sont vraiment pas loin du tout d'avoir raison).

&

Mais ! Bon ! Pour revenir à des auteurs que j'ai qualifiés de « décapants », nous avons aussi, par exemple, un Gary Snyder et J. van de Wetering. Ce dernier, nous verrons plus tard. Pour Gary Snyder, je mentionnerai ce passage3 :

Le respect envers tous les êtres vivants fait clairement partie de [la] tradition. J'ai ainsi enseigné à d'autres comment méditer pour pénétrer les étendues sauvages de l'esprit. Comme je le suggère dans l'un de ces essais, le langage lui-même est finalement un système sauvage. (...)
Le Sauvage, synonyme dans la civilisation occidentale de sauvagerie et de chaos, est, d'une façon impartiale et implacable, fondamentalement libre dans sa beauté formelle. Et son expression - la richesse de la vie animale et végétale (non compris) sur le globe, les pluies torrentielles, les vents violents et les calmes matinées de printemps, la courbe d'un météore traversant l'obscurité - est la réalité authentique de ce monde auquel nous appartenons.

(Préface à l’Édition française de La Pratique Sauvage, par Gary Snyder, Essais en liberté pour une nouvelle écologie, Éditions du Rocher)

Sachons nous accepter tous égaux et habitants de la même terre. Abandonnons tout espoir d'éternité et arrêtons de lutter contre la saleté qu'elle qu'elle soit. On peut chasser les moustiques, se protéger de la vermine sans pour cela éprouver de la haine. N'attendons rien, soyons alertes et autonomes, attentifs et reconnaissants, généreux et directs. Calme et clarté sont au rendez-vous quand nous nous lavons les mains salies par le travail et que nous jetons un coup d’œil furtif vers les nuages qui traversent le ciel. S'asseoir pour prendre un café avec un ami, voilà une autre joie toute simple. L'espace sauvage nous demande d'apprendre à connaître le terrain, de saluer plantes, animaux terrestres et oiseaux du ciel, de franchir crêtes et rivières, pour ensuite raconter une bonne histoire de retour à la maison.
(…) Voici la portée ultime du mot "sauvage" dans son sens ésotérique le plus profond et le plus angoissant. Ceux qui sont prêts pour l'aventure y parviendront. Mais surtout, s'il vous plaît, ne le répétez à personne!  (extrait)

Alan Watts affirmait que Gary Snyder est ce que lui-même dit ; et que son grand regret est de ne pouvoir le déclarer officiellement comme son disciple, tout simplement parce-qu'il a tracé sa voie par ses propres moyens...

De les lire, ou de lire des articles sur leurs relations, j'ai rapidement retiré l'impression d'une très chaleureuse mais pudique amitié, bordée d'un profond respect mutuel. Une relation d'une qualité finalement assez rare.

1Quiconque s'intéresse à la vie animale sait que la plupart des animaux dangereux passent par une phase de menace avant d'attaquer, mais aussi qu'une attaque déclenchée ne peut être interrompue. La compréhension (& comportement adapté en découlant) peut stopper une menace, pas une attaque. Je rappelle les réactions atterrées d'Alan Watts et de son Maître D. Mitrienovic lorsqu'ils constatèrent la passivité de l'Europe face à la menace nazie, alors qu'elle n'était encore qu'une menace.

2Si j'en crois les réactions au fameux « Zen en guerre », ou, voici quelques mois, une réaction sidérante d'une personne s'étonnant qu'un viol collectif puisse se produire en Inde.

3Dont on peut trouver de plus larges extraits dans

24 août 2015

Devoir de Vacances 06

(petits et grands satoris)

chinois :wù – satori et jiànxìng voir la nature 

nota : le premier caractère de et dexìng est (le « cœur-esprit ») lorsqu'il s'accole à un autre caractère ; par « insinuation » plus que réelle analyse ou explication sémantique, on peut donc suggérer que le wù – (jap.)satori signifie un moment, ou une durée, au cours desquels le cœur-esprit s'unit au langage, en somme que « le mot et la chose » ne sont plus qu'Un ; que jiànxìng (kensho en japonais) est l'esprit humain qui devient, momentanément, durablement ou pour toujours une Conscience Cosmique. (Dans cet optique, la question de savoir s'il s'agit d'une extase ou d'une enstase en devient superfétatoire.)

 

Ma réflexion passe du coq à l’âne ; mais, elle reste dans la même cour de ferme, qui cultive et élève et/ou approfondit jusqu'à la Libération. Cultiver, en parlant de Libération, peut surprendre ; du moins, renvoyé à consumarisme et Contre-Culture

Que cette idée me vienne de Kœstler, de Watts, de Desjardins ou autres – qui sont nombreux, le schéma de la Voie, en tant que cheminement, me paraît TOUJOURS s'effectuer en quatre étapes + une, lesquelles sont susceptibles d'être interprétées au plan psychologique, auquel cas, selon moi, on érige une barrière à la transcendance. Pour moi, j'insiste sur cette subjectivité , tout auteur & explication qui se montrent « décapants » à cet égard est bon à prendre. Quatre étapes au sens où « marcher » signifie 1- lancer un pied vers l'avant en pliant le genou 2- le reposer par terre 3- faire immédiatement de même avec l'autre pied pour éviter de rouler par terre 4- continuer (ou s'arrêter). Mais, comme chacun sait ces 4 étapes s'appellent « marcher », et donc 1, 2, 3 et 4 s'appellent aussi « marcher ». Quand on sait marcher, on sait marcher, soudainement et pour toujours ! Mais, une qu'on sait marcher, il est encore une longue marche à effectuer...

Ceci dit, le grand Huineng lui-même, qui « pigea le truc » du premier coup alors qu'il était jeune, inexpérimenté et inculte, mit une quinzaine d'années retiré en forêt avant de se décider à transmettre sa « marche », sachant intuitivement le célèbre quatrain du Chan/Zen, que voici :

Le fondement de la Méthode, c'est son inexistence ;

Cette méthode sans méthode est encore une méthode.

Voilà qu'on me confie l'absence de méthode :

De toutes les méthodes, laquelle est la Méthode1 ?).

Il ressort des alinéas précédents que nous abordons la question du graduel et du subit, au prétexte de la violence de toute épiphanie (ou hiérophanie, dirait Mircéa Eliade). Mais cette violence, où ? En 1, en 2, en 3, en 4 ?

Pour mémoire, le graduel est attaché au moine Shenxiu et relève de la psychologie, cependant que le subit (ou déclaré tel) est attaché à Huineng. Il est piquant de rappeler que le grand propagandiste du subitisme est un certain Shenhui, qui crut bon d'y adjoindre des considérations politico-militaires, donc du « social », donc du « psychologique ». J'ai toujours suspecté Shenhui d'être un mélange chinois de Fénelon et de Richelieu. Je ne m'aventurerais pas néanmoins sur ce terrain, car sur Richelieu ma culture se limite à ce qu'en disent Les trois mousquetaires. (Pour aller plus loin, voir Quiétisme, dans Wikipédia, et en rapport avec les lignes précédentes de ce billet, le paragraphe sur Guénon :

« Mais il y a quelque chose de plus curieux ; c'est que la mentalité « laïque » des modernes retourne volontiers cette même accusation de quiétisme contre la religion elle-même, en l'étendant indûment, non seulement à tous les mystiques, y compris les plus orthodoxes d'entre eux, mais encore aux religieux appartenant aux Ordres contemplatifs, qui d'ailleurs sont tous indistinctement « mystiques » à ses yeux, bien qu'ils ne le soient pourtant pas nécessairement en réalité ; il en est même qui poussent la confusion encore plus loin, allant jusqu'à identifier purement et simplement mysticisme et religion. »)

PS- Psycho paraîtaux USA alors que naissent les premiers enfants-fleurs, et le quiétisme des hippies, que dévoieront rapidement les mauvais coups conjugués de la pègre et du F.B.I. Le XX° siècle a pris la mauvaise habitude d'attaquer d'abord, de déclarer la guerre ensuite. En matière sociétale, la bonne habitude serait justement de faire la paix avec soi-même, son voisin, toute étrangeté/différence nationale, culturelle, folklorique ou ethnique admise et respectée . La chose faite, une bonne déclaration de paix mondiale, en bonne et due forme, pourrait ensuite être signée. Et, mais il va sans dire ;-) qu'il conviendrait :- < de rétablir l'échafaud pour les récalcitrants :-( … !!!

PPS- Pour jargonner qu'un arbre se reconnaît à ses fruits, disons que toute métacognition contemplative ne vaut qu'en ce qu'elle perdure au-delà de son insight hiérophanique initial et/ou « initiant » !!!

PPPS- J'allais l'oublier : le « +une » ; c'est qu'il y ait quelqu'un n'importe qui2 pour le constater (que la transformation personnelle est inscrite dans la durée).

1Le Soûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche Houei-neng, de Fa-hai, traduction Patrick Carré, Point Sa99, 1995

2Que ce soit "n'importe qui" de préférence à une "personne autorisée" vaut mieux ; cela évite toute ingérence idéologique ou d'intérèt partisan.   

7 août 2015

Devoir de Vacances 05

J'aime beaucoup Arthur Kœstler, dont diverses études, analyses et assertions se rapprochent de près de celles d'Alan Watts. A la différence de ce dernier, Kœstler n'hésitait pas à aller mettre les mains de le cambouis, les scories et souvent détritus de nos sociétés modernes. La convergence des vues n'en a que plus de prix. Ils seront d'ailleurs jetés l'un et l'autre dans le même panier par les tenants du « square zen ». Il est vrai qu'affirmer que le « concept d'éveil est merveilleusement somnifère » est un brin provocateur… (Puis-je m'éviter de souligner qu'effectivement il importe de savoir si on cherche l'exactitude conceptuelle ou la réalité existentielle & expérientielle de la chose?) Satori, which is a burst of insight that leads to awakening and maga, the state in which the activy self ans the self-observing self become one and « mysterious 'it' has take charge, nous dit-il. Le sommet d'une prise de conscience qui conduit à l'éveil et l'absence de 'je'1, l'état dans lequel l'agent de l'action et la conscience de soi deviennent Un et qu'un mystérieux 'cela' prend place. (En fait, ces définitions approximatives renvoient aux caractères 無 我 無心 lesquels -assemblés ainsi- se traduisent aussi bien par « Sans je plus d'esprit » que par « Sans je ni esprit » mais aussi (aurais-je pu m'éviter cette facétie :) « Sans ego, plus d'ergo sum », sinon « sans ergo sum, plus d'ego »… pardi !). Ce qui ailleurs fait ajouter à Kœstler que Éros et Thanatos s'équivalent en ce qu'ils sont tous deux un profond désir de retour à l'organique plutôt qu'un superficiel principe de plaisir ou d'autodestruction de « soi ».

Concrètement, cela veut dire que lorsque vous baissez « instinctivement » la tête pour éviter un jet de pierre bien ajusté, vous êtes dans la plénitude de l'état dit « sans ego », de satori, etc. Rien de moins, mais -malheureusement pour notre fierté humaine- peut-être aussi rien de plus !

PS Naguère, un jeune moine o.s.b (=bénédictin) me déclara qu'il admirait le respect que les bouddhistes peuvent avoir pour le moindre brin d'herbe, mais qu'il était rebuté de les voir ne pas mieux respecter l’âme humaine que celle d'un brin d'herbe ! (On remarquera, une fois de plus, la terreur chrétienne face au « danger » du panthéisme.)

 

 

1Je rends maga par 'absence de je', tout simplement parce que s'identifier à son 'je' revient à s'identifier à son identité sociale, laquelle provient donc de la société - et de l'éducation qu'elle donne, tant au plan émotionnel que professionnel ou « culturel »!

2 août 2015

Devoir de Vacances 04

Alan Watts dit textuellement (Psycho, p 106) que « l'équivalent occidental de la réincarnation est représenté par notre obsession de l'histoire, cette recherche du temps perdu dans l'avenir, cette vaine tentative de progresser vers un avenir satisfaisant grâce à la logique d'un passé appauvri. Car l'histoire est « l'enregistrement de la frustration », et ses premières sources sont les monuments où les hommes ont commencé, selon la phrase d'Unamuno, à mettre leurs morts en réserve. L'histoire est le refus de « laisser les morts ensevelir leurs morts ». L'histoire, ou mieux : l'historicisme, est une thésaurisation chronique de détritus, amassés dans l'espoir qu'ils pourront un jour « servir ». C'est un état d'esprit pour lequel l'enregistrement de ce que l'on fait devient plus important que ce qu'on fait, et qui réserve de moins en moins de place à l'action à cause de la place de plus en plus importante qui est faite aux résultats de l'action. C'est pourquoi la Bhagavad-Gîtâ décrit la libération comme une action qui ne s'attache pas à ses propres fruits, car lorsque la vie et la mort sont vécues complètement, elles se déroulent sans laisser de traces dans un éternel présent. »

Alan Watts (p 168) nous dit aussi que « la vie ne va nulle part, parce qu'elle est déjà là ».

A mon avis, cela n'implique pas une quelconque parousie, ni Bouddha de l'avenir pour la société ; il n'est pas logique que d'un état « mal » puisse sortir un état « bien »  : au plan métaphysique (et scientifique) l'avenir n'existe pas (les astronomes lisent notre passé, pas notre futur), au plan logique « un chien ne sera jamais le fils d'un chat ». Mais, il est vrai que d'un « bien peut sortir un mal » ou « qu'à tout malheur quelque chose est bon », car il s'agit d'un autre niveau sans rapport avec le temps ou la durée mais avec la paralysie mentale (psychologique) qui aliène notre comportement et/ou conduite (éthique) via le resserrement de perception que constitue l'identification (l'oubli du contexte, le refus d'une vue large de l'existence). La vie ne va nulle parce-qu'elle est déjà là, mais la quintessence de la vie est mouvement et élargissement… culminant dans la dilution finale de la mort. Éros et Thanatos1 marchent la main dans la main, tout comme la libération (de la répression) sexuelle va avec celle de la libération (de la répression) spirituelle.

La maladie mentale peut aussi bien provenir d'une « répression » spirituelle que d'un refoulement sexuel.

NOTA : La disparition/libération de la répression ou de l'oppression exercées sur une activité ou un comportement n'implique en rien la libération de cette activité et/ou comportement. La levée d'un interdit n'autorise nullement la capacité de l'exercice de son objet.

1Au sens utilisé par N.O. Brown, que cite Alan Watts dans Psycho.

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31 juillet 2015

Devoir de Vacances 03

L'être humain s'attache à l'histoire telle une mauvaise habitude (et/ou masturbation) par crainte de son propre devenir final. L’obsession des « Monuments Historiques » en résulte comme une horreur de perte d'identité -un néant. Laquelle ne saurait exister sans être statufiée. On préfère ainsi les Bouddhas de pierre à sa propre libération, la croyance et la dévotion à la propre prise en charge de soi par soi et l'immobilité à la Vie en perpétuelle changement. L'idée de conservation du patrimoine, tant matériel qu'intellectuel ou culturel en général, n'est pas en elle-même nuisible. Elle le devient par sa sacralisation indue et par l'importance prioritaire qu'elle prend. J'aimerais savoir combien d'authentiques bouddhistes se sont scandalisés lors de la destruction des bouddhas de Bâmiyân, Afghanistan. La conservation des pyramides d’Égypte, le déplacement des Temples d'Abou Simbel sont choses excellentes. Le sort des nubiens le serait-il moins ? 

29 juillet 2015

Devoir de Vacances 02

Aux parallèles Comparaison et Tradition – bien que ce puisse paraître déjà empiéter sur mes futures Variations Wattsiennes – j'ajouterai Entre-Aide et Compétition. Ce faisant, je sors un tout petit peu de l’œuvre proprement dite, mais pas de son esprit. Je rappelle la déception qu'éprouva le jeune Alan quand il constata la vanité & l'impuissance de son Maître à agir pour la Paix1. Également, qu'un « Tao » chinois n'est pas le Tao, sans nom, ni attributs.

A mon sens, nous avons là une sorte de mission simultanément ésotérique et écologique, qu'il faudra bien accomplir s'il en est encore temps. Nous avons encore trois siècles pour cela, si l'on en croit ce que de grands Rishis de l'Inde communiquèrent à Alain Danielou.

Ce pourrait être aussi une manière de séparer psychothérapie et moyen de Libération spirituelle : la « normalité » psychologique se juge à sa conformité avec le tradition sociale & culturelle particulière à laquelle on appartient ; et à laquelle on réserve un esprit d'entre-aide, donc au dessus de la compétition interpersonnelle. Un moyen de Libération, en tant que « moyen », reconnaît l'autre dans sa qualité d'autre & différent de soi-même sans prétendre le modifier en quoi que ce soit (à plus forte raison, le « convertir » à soi… ses propres croyances, goûts, raisonnements, etc) ET un moyen de Libération, en tant que « visée » ou perspective finale de la Voie, comporte l'acceptation de se fondre dans n'importe quel aspect de la manifestation cosmique du vivant… par exemple, cette coulée de lave en fusion qui va anéantir sa propre existence terrestre dans trois ou quatre secondes2 ! La Tradition suit la voie de la Nature (et celle de la Culture s'y conformant) ; l'humanisme se veut contre la nature, ou la dominant. La « religiosité » est considérée par la Tradition comme « naturelle » ; les animaux sont « religieux ». On pourrait dire que la spiritualité est naturelle, que la Conscience cosmique est, par définition, naturelle. C'est la société (et les institutions religieuses sont aussi « sociales » que les athées & laïcistes purs et durs!) qui, -par le langage et les lois-, qui s'en retranche et vient « mettre de l'ordre dans tout ça » (ou la pagaille, selon les cas) ...

NOTA : C'est la raison pour laquelle, à chaque occasion, je précise la discrimination que chacun devrait être libre de faire entre « catastrophe naturelle » (= manifestation 'cosmique', donc à accepter comme destin 'cosmique', volonté divine, etc.) et résultat de l'incurie politique ou de ses corruptions. On continue, au sujet de Fukushima, d'utiliser l'expression « catastrophe naturelle » alors même qu'il s'agit là de l'exemple type de ce qui devrait s'appeler « conjonction d'actes criminels organisés » ou « manque de vérification de possibilités alternatives ». Ce tsunami aurait pu ne faire aucune victime, en dehors des marins embarqués, ni dégâts matériels en dehors du port.

La Paix mondiale passe par la compréhension & comparaison des diverses cultures du monde (de la planète Terre) jusqu'à la perception et l'action (sur soi-même et les autres) de la Tradition ésotérique unique qui s'y cache. C'est regarder avec empathie les particularités locales qui s'y inscrivent et/ou s'y limitent ; et c'est regarder avec sympathie les vérités et valeurs universelles qui s'en dégagent. C'est regarder l'autre dans sa différence sans lui plaquer le système de valeurs qui est mien. Être Bouddha, c'est inclure l'autre en moi, constater qu'il est « moi » autant que « moi-je »… sinon ce Bouddha là, ne vaut pas tripette ! Je dis « bouddha » mais j'entends aussi bien ce Christ là ou tout autre grand chamane ou Daoshi là !

Cette différence a parfaitement été rendu par le traducteur en français, qui a rendu « Behold the Spirit » par Face à Dieu3 et « Beyond theology » par Être Dieu. Le thème de la « déification de l'homme » est récurrent au Moyen-Age, le distinguo théologique du XII° et XIII° siècle (« ce que Dieu est par nature, l'homme le devient par grâce »), à force d'être renforcé a fini par faire que le mot « Amour » en devient dévitalisé ou complètement dénaturé, « amour sexuel » inclus. Si l'homme ne devient pas femme par amour de son épouse et si la femme ne devient pas homme par amour de l'époux, quelle connaissance peuvent-ils bien avoir de l'autre ? (Le mécanisme psychologique d'adhésion à l'autre que l'on devient est sans doute le même dans l'homosexualité.)

 

 

1Ainsi son Maître Dimitrije Mitrienovic écrivit une lettre ouverte à Hitler, en 1933, qui n'était pas encore le grand Führer du nazisme mais en train de le devenir à grande vitesse ; ce dont tout esprit averti et responsable aurait du tenir compte – autrement qu'en allant se réfugier en dehors du théâtre des opérations militaires prévisibles.

2Pour renouveler l'image & expérience que citait G. von Durckheim d'un sifflement de bombe à pic au dessus de votre tête, dont on réchappe vivant.

3« Nul ne peut voir Dieu sans mourir », dit la Bible et Michel Lancelot, au sujet du rêve californien écrivit un « Je veux regarder Dieu en face ».

10 juillet 2015

Devoir de vacances 01

Ce sont deux axes, parallèles ou superposés, de l’œuvre d'Alan Watts : la Comparaison et la Tradition. Son dynamisme est la modification de la conscience, appelée « transformation » ou « libération », qui n'est pas exactement un changement de soi, mais plutôt de la perception de soi permettant un élargissement de soi au Soi, ou, autrement dit, d'une conscience égotique à une conscience cosmique. Il est généralement admis que cette modification s'effectue progressivement mais que l'on peut y accéder dans sa plénitude en un instant, en divers instants, d'intensité et de durée variables. Tel est la cadre général du tableau de la Voie, la carte de son territoire ou, pour utiliser l'expression chinoise, du cheminement « en peinture ». Toute « l'affaire » consiste à quitter la « peinture » pour la réalité peinte, la carte pour l'exploration effective du territoire, les concepts et valeurs pour ce qu'ils indiquent… jusqu'à la disparition totale de l'observateur et de l'observé, de ce que l'on voit et de ce qui est vu, etc. Comme le point de jonction de deux parallèles à l'horizon, cette unité absolue paraît s'éloigner au fur et à mesure qu'on s'en approche. (D'où l'expression « non-deux », l'Un étant lui-même une illusion, tout autant que le Deux. La manifestation commence avec le deux, l'Un et le Néant sont bonnet blanc et blanc bonnet...)

Aussi bel et bon que ce soit... la bonne question, le bon sujet du moment est celui de cet Été.

Pour ma part, ça va. Et vous, ça va ?

Je vous souhaite d'aller aussi bien que moi, hum ! mieux si possible.

PS Pour préparer la suite, sans donner de programme… puisque je me trompe chaque fois que je tente de le faire ! … je rappelle néanmoins qu'Alan Watts

par Comparaison, entendait une sorte d'extension, à tous les aspects d'une culture, de ce qu'Étiemble appelait « invariants » en littérature, c'est-à-dire « ce qui fait que l'homme est homme ».

Il est à remarquer qu'Étiemble entendait Comparaison au sens américain du terme, donc identique à celui utilisé par Alan Watts, c'est-à-dire sans européocentrisme, ni colonialisme, ni « condescendance ethnologique », ni justification « impérialiste » ou économique.

Pour qui ne connaîtrait rien de lui, aller par exemple à

URL : www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2002-1-page-97.htm.

(Encore à l'intention de qui n'en saurait rien, et inciter d'en savoir un peu plus, il est permis de d'apprécier Étiemble à la manière dont beaucoup s'inspirent de l'existentialisme sartrien nonobstant ses errements et quelques aberrations politiques ; on peut dire aussi qu'il fut une sorte de Michel Onfray de la génération précédente. Ils ont en commun, d'ailleurs, de voir rouge à toute apparition de cléricalisme & bondieuserie. A mon humble niveau, je ne puis me permettre de les critiquer de ce chef… alors que la queue de détente de mon revolver démange mon doigt face à tout signe de « laïcisme », considéré comme un « cléricalisme athée ».

par Tradition, pour faire court, que ces « invariants » sont intrinsèquement « religieux » mais indépendants des cultures, dogmes ou religions spécifiques.

est mort en 1973, donc avant que ne disparaisse définitivement (via divers troubles sociaux et raciaux) ce qui fut quelques années le « rêve d'un paradis californien » ; rêve partagé par un grand nombre d'américains eux-mêmes et pas seulement par les beatniks et hippies du monde entier). 

22 juin 2015

Devoir de vacances 00

 

Donner pour titre « devoirs » à mes billets d’Été s'accompagne d'un humour ou d'une (auto) dérision que je suis (ou étais) seul à percevoir : Je n'ai jamais été très appliqué à l'exécution de mes devoirs, même en dehors de la période des vacances scolaires. Toutefois, je conserve un souvenir ébloui d'une jeune « bonne sœur », une novice, qui m'aida un Été dans cette obligation de rattrapage des écoles buissonnières du reste de l'année. Ébloui n'est pas exactement le mot, enivré est mieux puisqu'il s'agit des senteurs enivrantes de son corps, senteurs chastes et pures, lesquelles m'ont toujours préservées par la suite d'avoir un regard salace à l'endroit du corps ou des postures de femmes. (Le regard qui vient se substituer au sens olfactif, souvent déficient chez les humains.)

Est-ce bien « Le livre des fondations » qui rapporte que Thérèse d'Avila était prompt à déceler chez ses « filles » le passage de l'exaltation à l'exultation, laquelle glisse presque immanquablement dans la pâmoison ?

(Nota : Je ne m'écarte pas du thème central : l'exaltation relève déjà de la spiritualité, l'exultation relève de la psychologie, la pâmoison de la psychothérapie… Sainte Thérèse eut au reste des crises d'épilepsie ; elle sait de quoi elle parle…1)

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L'un et l'autre en contre-allées des projets d’Édition auxquels ils correspondent, je me suis donné comme défi de cet Été la rédaction de billets qui pourraient, à quelques phrases près, correspondre aussi bien à la Philosophie d'Alan Watts qu'à mon Roman du Tard. Et si, ici et là, je pourrai paraître m'éloigner de mon sujet, je ne manquerai d'indiquer en quoi la frontière en est proche. Exemple type : Alan Watts n'a jamais cité explicitement des auteurs surréalistes, mais il a récité et chanté des « Poèmes sans sens » et divers « Ring a Ding »2. Autre exemple : mes allusions, ou citations directes d'André Malraux, qui tient une place importante dans la 1° et 3ieme partie de mon roman. André Malraux, seul Ministre d’État français à exprimer dans la teneur de discours officiels des accents typiquement « guénoniens » au sujet de la différence Tradition et Monde Moderne. On le qualifiera de « délirant » sur la fin de sa vie (tout comme Salvator Dali), car ses allusions ne faisaient pas images pour les non-initiés, alors qu'elles sont parfaitement claires pour qui a fréquenté un minimum d'ouvrages de l’École Traditionnelle3, laquelle jouera un rôle de pivot de l’œuvre d'Alan Watts, dont le taoïsme sera l'aboutissement. (Je ne voudrais pas l'affirmer trop fermement, mais il me semble que le gros, l'énorme avantage du taoïsme sur tout autre courant de pensée est précisément de pouvoir s'appliquer aussi bien aux « Temps modernes » qu'aux Mondes et Sagesses anciennes sans rupture aucune, comme si son schéma fondamental d'entropie4 transcendait la cassure historique & géographique Orient-Occident.) L'opposition n'est pas entre nature et culture, elle est entre un être humain naturel & spirituel d'un seul tenant auquel les autres dimensions du vivant s'ordonnent et s'harmonisent et le rejet de la nature aussi bien que du spirituel au profit d'une conception de l'Homme exclusivement sociale et économique.

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Un ami m'ayant demandé quelle était l'utilité de ce blog, je lui ai répondu en premier qu'il m'était utile, à moi, comme notes de brouillon, manière de jeter quelques idées sur le papier en vue d'un travail un peu plus approfondi destiné à la publication5. En second lieu, j'ai ajouté qu'il pouvait en aller de même pour des visiteurs qui se voudrait militant de la Paix sur Terre, qui voudrait approfondir leur réflexion, et éventuel engagement à cet égard, sans que cette « militance » ne s'inféode à une action politique partisane. Alan Watts, à l'instar de son Maître, était un pacifiste. Chaque fois qu'il parle de l'action de Dmitri Mitrienovic à ce niveau, il manifeste un humour inhabituel, une « politesse du désespoir ». L'incapacité des penseurs, religieux, intellectuels et « personnalités » diverses à jouer un rôle d'évitement de deux Guerres Mondiales fut un échec pour Mitrienovic, qui désespéra le jeune Alan et le dégoutta à.tout jamais de la politique quoique, par boutade, Timothy Leary évoqua l'idée qu'il se présenta comme gouverneur de Californie. (Il est beaucoup plus facile d'exciter les foules à la violence qu'aux embrassades, tout comme défendre la valeurs de compétition que celles d'entre-aide.) Son œcuménisme global se voudrait justement le premier fondement d'une Paix Mondiale. Un œcuménisme mondial comme exotérisme de l'unité spirituelle première (la philosophia perennis, « ésotérique ») de cette planète Terre.

Force est de constater que les religions, sans exception, ont toutes été à un moment ou un autre des facteurs de guerre, voire de persécutions. Curieusement, la guerre a trouvé ses lois de l'honneur, mais, il semble qu'il n'y ait aucune loi de l'honneur de paix, fut-elle qualifié de « paix dans l'honneur ». Le Chan/Zen, par définition synonyme de la « paix intérieure » que procure toute contemplation, a aisément viré à sa version « bushido ». Le Bushido, la voie du guerrier, par définition est une voie d'action envers laquelle Alan Watts exprima sa réserve avant que n'entre dans le domaine public la moindre allusion au « Zen en guerre ». (L'ahimsa/non violence, d'ailleurs étroitement associée au satyagraha/défense de la vérité, étant à envisager dans un registre différent que celui d'une alternative guerre et paix. Mais, au fond, pour aller au plus court : la quintessence du Bushido est non-violente. Ou Action sans Action. Et, elle est acceptation de sa propre mort, avant d'être l'acte de tuer un quelconque adversaire.)

L'écologie de la Terre est nécessairement appelée à devenir la préoccupation principale des êtres humains, qui devront bien cesser d'être en guerre inter-spécifique, avec les autres êtres vivants, l'environnement naturel en général. Un bon entraînement, en supposant que ce ne soit pas une urgence vitale, serait de cesser d'être en guerre INTRA-spécifique, de cesser de se battre entre membres de l'espèce humaine, de modérer les valeurs de compétition au profit de celles d'entre-aide. La « religion » comme facteur de Paix ou de Guerre ne peut qu'y avoir un rôle à jouer, sous réserve que le plus grand nombre découvre le rôle de la « religion », comme voie d'accès à la transcendance…. Étant entendu que Dieu-Esprit est Unique mais nommé de divers noms dans ses diverses incarnations et « avatars », ou Sans Nom comme dans le Taoïsme. Que la plupart des institutions sont structurellement liberticides est une autre affaire.

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Pour une fois, nul ne pourra m'accuser de vouloir me singulariser en allant à contre-courant. Je me sens même « dans le vent », dans le sens positif d'un « vent du karma » général. C'est à la suite de la publication de Pacem in Terris que j'avais effectué une incursion dans la théologie (avant même de savoir le moindre concept de « religion comparée » ou d'ésotérisme).

Avec Laudato si’ !, « Loué sois-tu ! », l'actuel Pape manifeste d'emblée la concomittance de son encyclique avec Pacem in Terris. La Paix avec la nature et tous ses vivants, en tant qu'elle est le prolongement naturel de la Paix entre les membres de l'espèce humaine... Je ne l'ai pas encore lue. J'espère qu'elle m'apportera autant de joie et d'espérance que le fit Pacem in Terris. Je n'ai plus treize ans. Je conserve mon Espérance d'enfant.

Nota : Espoir/désespoir et espérance/désespérance et/ou inespérance ne sont pas bien synonymes. L'espérance permet de vivre dès à présent ce qui ne fait qu'advenir mais est en cours. Je serais tenté de supposer que l'espoir/désespoir est de l'ordre de l'ego et de ses avoirs, l'espérance/inespérance de celui de l’Être.

1La manière de s'accoupler décrite dans Amour et Connaissance, qui est une sorte de danse allongé permettant l'échange des regards aussi bien que l'exultation des cinq sens ne me semble pas pouvoir entrer dans le cadre de la pâmoison. Le couple réalise spontanément son union, sans qu'il lui soit besoin de « tomber » en pâmoison. Le coït amène un moment de cessation du mental – l'abandon – mais pas de la conscience de l'activité ses sens. Sans cette cessation, ben quoi, faut dire les choses telles qu'elles sont : il s'agit d'un comportement de beau salaud ou de belle salope ! La fameuse « conscience témoin » a pour objet l'activité des sens, pas une attitude fantasmatique ou de voyeur, dans laquelle le corps de l'autre est simple instrument masturbatoire. 

Le Kâma-Sûtra précise d'ailleurs que « Lors de l'acte sexuel, si les pensées des deux partenaires sont différentes, c'est comme s'il y avait l'union de deux cadavres. »

2Cf. Nonsense, A Duton Paperback, New York

3Ou a vécu personnellement l'obligation de rejoindre le Monde Moderne comme un éxil...

4Entropie qu'un non scientifique tel que moi peut interprêter au sens de dispersion, de désordre ou de dilusion incontrolée de l'énergie... Ce qui fait dire à beaucoup que le "taoïsme chan" n'est vivable qu'équilibré & encadré d'un solide néo-confucianisme.

5Laquelle dans mon cas, me permettrait de m'éloigner du "seuil de pauvreté" sur lequel je campe, lequel représente néanmoins un progrès relatif : voici trois ou quatre ans, j'étais en dessous !

16 juin 2015

Faire sans faire sa voie 3/3

Je n'ai pas reçu de validation, ni non plus d'invalidation, de la gare de Perpignan Centre Cosmique, mais, tout en sachant garder un cadre paranoïaque-critique & anarchiste anti-social, je dirai donc, ou redirai, que sans en être leurs disciples, je regarde Alan Watts comme mon Maître à philosopher et Arnaud Desjardins mon Maître à vivre ma voie… Quelles que puissent être les causes et conditions, interdépendances en tout genre, qui la font mienne. Qui la font mienne, sans que j'y sois pour grand-chose.

Être iconoclaste jusqu'à ses propres convictions, également – chaque fois que possible et supportable pour son mental – jusqu'au plus intime de ses expériences vécues (« spirituelles », ou pas d'ailleurs), est le meilleur antidote à la confusion de la croyance et de la Foi de Confiance1. Je ne pense pas généraliser ma propre expérience en mettant en garde à l'égard de la tentation d'étendre une expérience de Foi solidement vécue à la croyance qui (logiquement) va avec… Confondre Beyond Theology/Etre Dieu, invitation à l'expérience incarnée du divin et Two Hands of God/Les Deux Mains de Dieu, ensemble d'assertions métaphysiques sur la bipolarité du monde lui-même comme de nos attitudes ambivalentes de « moi au monde »… deux ouvrages qu'Alan Watts écrivit d'un même mouvement. (Diverses personnes ont malicieusement fait observer qu'Alan Watts, en plusieurs occasions, au lieu de publier un seul ouvrage divisé en Partie Une : théorie, et Partie Deux : pratique, publiaient deux ouvrages différents en sorte de toucher double droits d'auteur. Sans m'en faire l'avocat, je ne vois pas comment, la plupart du temps, Alan Watts aurait pu faire autrement. Je note du reste que ses préfaces sont quasi similaires, en ces occasions. Certains sujets ne peuvent être traités de la même manière, quand l'auteur autant que l'éditeur savent pertinemment qu'ils ne seront pas lu par un même public.)

Revenons au « faire sa voie », que nous y soyons guidés par la main du « Bon » Dieu ou par celle du « mauvais » Satan. Petite digression, si c'en est bien une : l'un des prête-nom du Diable et/ou Satan (non scripturaire et le plus récent, si j'ai bien compris) est Lucifer, qui s'accorde parfaitement à notre monde moderne (& post-industriel) la tentation du brillant, du clinquant ; le « toc » pour attrape nigauds de la Consommation, qu'il s'agisse d'objets ou d'expériences trompeuses ou de ce « matérialisme » mal nommé, qui n'est que trompe l’œil. La voie de chacun ne peut s'exclure totalement de ce « mal » moderne, ni éviter de s'y faire, de faire avec, de faire sa voie avec Lucifer (du plus loin possible à mon avis, mais inévitablement avec). Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes, mais il faut bien se dire aussi que la plupart de nos lumières proviennent de vessies.

A propos, n'est-ce pas Mao Zedong qui disait que la puissance occidentale n'est qu'un « tigre de papier »… version chinoise de « vessie » ?

(Dans la ligne de mon renvoi précédent à « La richesse et l'argent », qu'est-ce que cette économie luciférienne, qui promet de supprimer le chômage mais pas les suppressions d'emplois ? A ce jour, la seule explication serait que les banquiers et boursicoteurs ne sont pas d'accord!)

&

Un point nécessitera des éclaircissements ultérieurs : l’insuffisance du refus de se plier à l'idéologie dominante pour parvenir à une modification de son état de conscience. Quels sont les moyens de libération (« thérapeutiques » ou « supra thérapeutiques ») pour y parvenir ? Dans mon roman, je note que Léopold S. Senghor utilise le terme de « surréel » pour qualifier ce qu'il est devenu d'usage courant d'appeler « spiritualité », sans qu'il s'agisse d'une référence directe à l'effet hypnotique des tambours africains, dans certains de leurs rythmes. Pas plus qu'il ne fait directement allusion au surréalisme (quoique le surréalisme trouva dans les cultures africaines une part de ses sujets d'inspiration.) Non plus à l'usage de drogues, bien qu'il n'y ait aucune culture traditionnelle qui omette son usage exceptionnel & initiatique, ponctuelle ou régulier.

La pratique du yoga, du zen, du Taiji etc. visent aussi une modification de la conscience en agissant sur l'attitude, la gestuelle et le mouvement du corps.

En résumé : affirmer que l'on est en désaccord (intellectuel, d'opinion intellectuel ou de refus émotionnel) avec la culture ambiante, l'idéologie dominante, etc. ne provoque aucune modification de conscience. Elle y invite et peut indirectement y conduire par un changement progressif de style de vie, mais nous sommes loin du Satori, d'une Illumination ou d'un puissant insight amenant un prise de conscience telle que cette dernière en soit modifiée.

Que dit Alan Watts sur cette question ?

La même chose, en substance, que la citation d'Aldous Huxley que j'aime utiliser : « Toute formule verbale – même une formule qui exprime correctement les faits – peut devenir, pour l'esprit qui la prend trop au sérieux et l'adore avec idolâtrie comme si elle était la réalité symbolisée par les mots, un obstacle sur la voie de l'expérience immédiate2. »

Aujourd'hui, je pondérerai en précisant bien que c'est l'esprit sachant, et/ou conscient, de faits qui ne doit pas se prendre trop au sérieux et non les faits eux-mêmes (ni l'état de conscience qu'on en a, lequel peut varier, peut-être même doit varier au long d'un cheminement).

En conséquence, en parallèle ou de façon concomitante – je ne sais trop quel mot convient, je crois qu'il faut se situer entre deux bords : une « culture livresque » des faits, du type « Qu'est-ce que le Zen ? Vas faire la vaisselle ! » (MAIS celui qui me dira que « ce n'est pas ça », ne fera que faire montre de culture livresque.) ET, d'autre part, la réalité vécue d'une érudition faisant obstacle à la culture vivante. Ce que je tente d'exprimer en pointant que « Notre-Dame de Paris » n'est pas seulement un bel édifice religieux de style gothique, cadre d'un roman de Victor Hugo et lieu d'une révélation pour Paul Claudel, etc. ; « Notre-Dame de Paris » est un cathédrale, située à Paris, où le public est admis. Il peut visiter ; il peut même y aller à la messe ! Inspiré des réflexions sur l'Art d'André Malraux, il peut même en ressortir en ayant appris qu'elle témoigne de la « conversion des chrétiens au Christianisme », la Cathédrale s'étant élevée du milieu du XII au milieu du XIVième siècle.

Affirmer que Notre-Dame de Paris est bel et bien à Paris, située à l'est de l’Île St. Louis, recouvre au moins deux sens, d'un symbole qui peut être réellement connu, comme chose & expérience personnelle ; d'un livre de pierre, qui raconte le passage triomphant à la suprématie du politique sur le religieux. Le rappeler nous ramène à l'ésotérisme d'un état d’Être à une identité socio-religieuse de chrétien. Et, logiquement, nous renvoie à la question de notre identité personnelle (intérieure) comme à celle de ses multiples identités culturelles régionales, linguistiques, politiques. Suis-je terrien, européen, français, basque, breton, corse ? Question très aisément transposable à chaque continents…

En spiritualité, on peut aisément vérifier comme une nouvelle réaffirmation du principe3 « Le message, c'est le médium ». Quand tel instigateur d'un courant, abusivement -parfois- qualifié de lignée, traite de son expérience Zen, en Chine, en Corée, en Inde4, aux USA ou au Japon, transmet-il une expérience spirituelle proposée en partage ou la communication de données culturelles chinoises, coréennes, etc. ? (Une fois de plus posée, la question de l'esprit et de la lettre, dont message-médium n'est que l'application technologique. On notera aussi que là où Mac Luhan parle de « village planétaire » des philosophes chinois contemporains disent « jardin planétaire », privilégiant « l'organique » esthétiquement ordonné mais ouvert aux aléas écologiques sur « le construit », de maisons fonctionnellement ordonnées à la protection contre les intempéries… et les gangsters !

Post-scriptum : Je rappelle que mes « billets » sont réellement des brouillons, des notes en vue d'un ouvrage que j'espère réellement écrire un jour. Il revient à ses visiteurs de les utiliser à ses propres fins, dans l'agencement (mental) de sa propre philosophie, en (pratique de) sa propre voie.

 

1À entendre comme l'un des nombreux sens donné au fameux xin xin ( ) du Xin xing ming (jap. Shin jin mei) ; sans sortir du sujet central de ces billets, Alan Watts disant en substance : allongez vous avec confiance sur le sol de la Terre, vous constaterez qu'elle est aussi réelle que vous. Elle ne va pas s'écrouler, s'anéantir à votre contact. Dans la ligne des diverses notations de mes derniers billets, en parallèle ou perpendiculaire (!), je suis tenté d'ajouter « allez vers l'objet de vos perceptions qu'il soit une corde ou un serpent & voyez et constatez » !

2Les portes de la Perception, Ed du Rocher, p 218

3cf. Mac Luhan

4« dhyana » - « zen » provenant de l'Inde et de la Perse ancienne...

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