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La Philosophie d'Alan Watts

31 octobre 2018

Alan Watts et moi – & réciproquement ! (02)

Comme vous le savez sans doute : il est admis dans le Chan/Zen, ainsi que dans le Taoïsme premier que la « transmission/initiation s’effectue en dehors des écritures », que l’expérience personnelle & silencieuse est nécessaire. Pourtant, nombre de traditions mettent en garde contre les limites de l’expérience et le danger potentiel, à trop s’y fier, de se mettre le doigt dans l’œil. On pourrait dire qu’il y a plusieurs demeures dans les maisons du Chan/Zen comme dans la maison du Seigneur (monothéiste).

C’est un peu comme l’illusion de croire (pour l’avoir visité ou y avoir vécu) que, connaissant parfaitement bien une pièce, on connaît tout aussi bien un immeuble que son architecte et les maçons qui l’ont construit. Nombre de contradictions absolument inconciliables proviennent de là. Il est bien certain que votre opinion générale sur la voie ne peut qu’être différente selon que la pièce que vous habitez/connaissez d’expérience est située plein nord ou plein sud, plein est ou plein ouest. C’est en cela que l’échange philosophique, la dispute des idées, sont fécondes ; il ne peut qu’être fructueux de savoir que l’expérience de votre voisin, quoique aussi intense et extatique que la vôtre, se présente tout autrement.

Cela dit, le sujet de ce billet n’est pas de réfléchir sur les rapports nécessaires d’un « faire ce que vous voulez ou n’importe quoi pourvu que vous fassiez quelque chose » (le but et le sens du faire n’est pas dans l’objet mais dans l’âme du faiseur) ET le fait, pour emprunter à Watts (à la dernière page de son autobiographie In my own way) ; qui citait un Abbé de monastère japonais zen, que « n’importe quel livre convient et fait l’affaire pour étudier le zen, par exemple Alice au pays des merveilles. »…

Ce n’est pas plus le sujet, mais une occasion de remarquer l’ambiguïté du souci du patrimoine : le vrai bénéfice de l’entreprise est dans la formation de ceux qui s’en occupent. Pas pour le touriste, qui, lui, s’y abêtit. (Mais, restons pragmatiques, l’un ne serait plus possible sans l’autre – hélas !)

Dans mon esprit l’intitulé de mon blog alanwattsaposopha est une contraction qui signifie Alan Watts et l’apophatisme de la sagesse. Sophia comme sagesse & perception de l’essence des réalités et, bien sûr, comme philosophie & amour de la sagesse entendu en vie, vécu, art, expérience philosophique intime et non de compilation érudite.

Pour citer une seconde fois cet abbé zen, dont Alan Watts rapporte les propos pour conclure son autobiographie:Le son de la pluie n’a nul besoin de traduction.

On (« on ») est en droit de se poser la question : Alors quoi ? Est-ce Tetsugen, faisant de la cuisine son « étude » (ch. Xue => ) qui importe ou le fait qu’il était aussi un grand érudit ?

Finalement, avant de traiter d’Alan Watts, ne faut-il pas d’abord définir un peu ce philosophie, philosopher, vie philosophique, approche raisonnée, vision du monde (et moi dedans ou dehors celui-ci) ?

 

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26 octobre 2018

Alan Watts et moi – et réciproquement ! (1)

(Pour un anglophone qui s’intéresse, à un titre ou à un autre, à l’œuvre, au personnage, à l’audience, à l’image médiatique ou au messaged’Alan Watts, voire aux « leçons » pour ceux qui savent les lire en eux-mêmes et non dans son œuvre seulement, il existe un https://www.facebook.com/groups/AlanWattsFreeSpeech/

qui est une mine de documentation anglophone. Et, le Wiki US, directement ou indirectement, par l’indication de nombreuses pistes, peut satisfaire tout amateur de n’importe quel niveau ou angle de vue.)

Toutefois, moi, alors fort égo-centré, je n’ai affectivement « accroché» qu’en apprenant la fonction quasi initiatique qu’eut sur le jeune Alan (1929) le spectacle de Francis Croshaw, à St. Malo,buvant cul sec ses nombreux verres de vin français, et prenant aussitôt un air de souverain détachement des choses de ce bas monde (… toss down a whole glass, and then, with a haughty sniff, gaze up into the air in a gesture of total detachment from things of this earth.)

Dans ce même ordre de contingences, lorsqu’un ami me reprocha implicitement la bondieuserie et la forte « localisation » de mes intérêts pour l’Orient, je lui passai Satori à Paris1, qui venait de paraître, au sujet de Ti Jean en quête de ses lointaines racines bretonnes.

Victime du jacobinisme bien français, je ne parle pas breton et, par ailleurs, mon anglais est bien sommaire. Avec dictionnaire, je le lis. Mais, lorsque je le parle, mélangeant un charabia d’élève de 6° avec, ici et là, une phrase prononcée avec un accent aristocratique (upper class).du plus bel effet… je fais beaucoup rire ! Bien d’autres motifs subjectifs pourraient être avancés : J’ai l’intention de créer sur facebook un groupe « d’apprentissage » Alan Watts, en janvier prochain, 2019.

D’ici là, mes devoirs d’été se transformant en devoirs d’hiver, mes billets tenteront de définir la nature, l’utilité et l’objectif de ce projet.

Pour en donner une première idée, je citerai ce qu’en disait le moine japonais Tetsugen, au 17°, « la cuisine est mon étude ». Le Dao, le Chan/Zen, la Contemplation comme la Vie Philosophique – qui sont une seule et même réalité, c’est une Pratique. Une sorte de poïésis, qui traverse mais dépasse la différence théorie et pratique. Non pas une croyance ou une étude livresque, ni une doxologie, mais un acte. Acte de manger, acte de copuler, acte de travailler, acte de gérer son compte bancaire.

1Jack Kerouac,, Gallimard, 1966

21 août 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 01,02 bis

Ce qu’on peut reprocher à la philosophie, c’est qu’elle ne sert à rien.

Disait Paul Valéry

A mon avis, car je n’en sais rien, Valéry voulait dire par là qu’il ne sert à rien de se jeter à l’eau avec son manuel de natation.

(Par contre, l’autre citation de Paul Valéry que j’emprunterai pour clôturer cette série de billets dits « de vacances » se suffira à elle-même.)

Auparavant, j’aurai probablement fait une brève présentation de La philosophie du Tao, Alan Watts, Ed. Du Rocher et rappelé aussi qu’Alan Watts, lorsqu’il donnait des cours (ressemblant un petit peu à ce qu’on attend d’un « cours ») prévenait ses étudiants qu’il prenait la parole en présupposant connu de son auditoire la teneur de l’ouvrage Lesenseignementssecrets des Bouddhistes tibétains, d’Alexandra David-Neel (sur la multiplicité du moi, par là son inexistence ontologique).

&

Et, par le fait, on ne peut que se ranger de l’avis fort pertinent de Pierre Dac : « Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir. ». Mentionné dans Le Mendiant (sensdutao.over-blog.com).

L’objectif n’est pas de choisir entre l’aphasie et la logorrhée. En deçà de ses pathologies, parler est une attitude d’ouverture réelle à l’autre. Mais, la valeur de parler comme aussi de se taire dépend sa propre attitude & intention. (La diffusion d’une vérité ne vaut que motivée par un souci de justice. Sens premier du mot « pravda » en russe, qui désigna la propagande de l’organe de presse du même nom, à l’époque stalinienne. Un minimum de culture slave peut être utile pour comprendre certaines tournures inhabituelles de phrases de plusieurs auteurs dits ésotéristes – Gurdjieff, par exemple.)

Résumons : tenir compte d’une vérité est toujours salutaire mais toute vérité n’est bonne à dire qu’en vue de la justice (relationnelle, économique, politique, qu’en sais-je ? Thérapeutique, pourquoi pas ? Par exemple, qu’un mal de tête peut provenir d’une cravate trop serrée, ou un mal de pieds de chaussures trop petites.)

Il y a également ce si fréquent hiatus entre le silence oral/buccal et silence mental. Hiatus qui peut avoir le même effet qu’un tuyau dont on presse le bout de sortie et y gagne en puissance – quand fermer ou sinon fermer, réduire l’ouverture du robinet arrangerait la difficulté. N’oublions pas la verbosité purement buccale se réduisant à la perméabilité d’un mental en imitation et citation spongieuses.

Avec ou sans passage par ces gaudrioles estivales, cette inutilité de la philosophie se révèle dans la quiétisme, l’apophatisme, la différence (intra quêteur de libération) de l’abrupt et du progressif dans la conception même d’une vision du Réel – observation, réflexion, méditation, contemplation, unification.

Pour résumer, on substitut l’habituelle triangle de la Signification

 

Signifiant Signifié

 

 

 

Référent

Rappel :

Signifiant => le mot

Signifié => le sens lexical

Référent => la chose

 

[L’ennui étant qu’Alan Watts reprend à son compte l’affirmation centrale d’Alfred Korzybski « La carte n’est pas le territoire qu’elle représente », simplifiée en Le mot n’est pas la chose.

(nama – rupa ; le nom et la forme)

On conseille de se défier de la corde dont la forme vous évoque un serpent.

(Mais, au fait, ne vous est-il jamais arrivé de botter une couleuvre qui faisait désordre tel un bout de corde abandonné au milieu du chemin de votre habituelle promenade. La vitesse de réaction de cette nommée corde est d’ailleurs saisissante.]

En tout cas, pour le moment, on peut constater qu’il y a une différence entre Signification lexicale et Signification existentielle – d’expérience directe.

 

« Nous pouvons en gros diviser les philosophies en deux branches : orientale et occidentale. Chaque branche peut à son tour se diviser en deux systèmes : indien et chinois en Orient, grec et juif en Occident. Au début, chaque système semble tout à fait indépendant ; puis, à partir du IIe siècle avant l’ère chrétienne, les systèmes juif et grec se rejoignirent, donnant naissance à la philosophie de l’Europe médiévale ; au même moment, le système indien rejoignit le système chinois, donnant naissance à la philosophie de la Chine médiévale. Aux temps modernes, le déclin de l’influence indienne et la remontée du confucianisme ont conduit au développement de la philosophie chinoise moderne tout au long d’une période s’étendant du XIe siècle jusqu’à aujourd’hui. De même, la pensée européenne s’émancipa progressivement de l’influence juive et développa la philosophie européenne moderne. Aujourd’hui, ces deux grandes branches (chinoise, occidentale) se rencontrent et s’influencent mutuellement. Il est possible que dans cinquante ou cent ans nous voyions l’émergence d’une philosophie mondiale, mais ce n’est pas encore le moment d’en dire plus. » schématisait Hu Shi.

(Hu Shi (1891-1962), qui, avec quelques autres, tentait de réhabiliter et contrebalancer le regard défavorable que le monde de fin 19° et tout début 20°. A l’aulne du pragmatisme de l’Amérique, dit-on.)

Ce fond de tableau, peint à grands traits, fortement lexical, assez politique mais peu existentiel, en vaut un autre. Sauf qu’il n’a pas grand rapport avec le Sens des Mots ponctués de longs silences, dont il est ici question.

Petite remarque en passant : ces chinois pan-modernisme américain paraissent ignorer qu’il y eut en Europe une « philosophie médiévale », qui connut son apogée au XII°siècle, avant de décliner jusqu’à la (prétendue) Renaissance, qui s’appellerait mieux « Certification de Décès ». « Philosophie Pérenne» qui se double d’un déchiffrage ésotérique et s’accompagne (en principe) d’une expérience (tantôt d’interprétation, tantôt vers un vécu pouvant être approximativement qualifié de « instinctif » que de « intuitif » : philosophie perenne de tous les jours, au jour le jour, pour tout le monde et tout un chacun, pas spécialement grand érudit, ni petit imbécile non plus.

 

 Citation extraite du Blog des penseurs

7 août 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 01,01

Entre système (discursif) de croyance et conversion du coeur, je suis à la recherche d’un thème qui ne relève pas de la séduction, ni du coup de foudre, quelque chose qui se rapproche d’une constance, dynamique et continu, qui a permis que des traductions du Laozi donne « tao constant » (ou des synonymes tels que permanent, stable, etc. ) pour le différencier du tao que l’on peut dire – et qui donc ne saurait être le « vrai » tao.

(Ceci ne cause pas cela, mais l’accompagne et l’en revêt :) Dès son enfance, et surtout à la puberté, le jeune Alan s’est trouvé dans l’obligation/compulsion de se conforter d’une certitude dans son existence. Ce désir semble avoir eu un caractère si pressant et urgent qu’il en devient inutile de chercher à lui trouver un qualificatif quelconque en grands mots tels métaphysique, foi religieuse, évolution psychologique, spiritualité ou le mot habituel du Boudhisme => Refuge.

Sous bonne contenance britannique, ce fameux flegme que des auteurs comme Daninos ou André Maurois ont popularisé en France, l’enfance et l’adolescence du jeune Alan sont marquées du chaotique et la pagaille. (Même lors de la Première Guerre Mondiale, la bombe qui tomba sur Chislehurst, la petite ville natale où il naquit, fut larguée à la suite d’une erreur!1)

Entre le chaos du dehors et l’incertitude du coeur, il est difficile d’établir un lien (cognitif) et cependant de ne pas s’y ligoter, attacher et assumé comme une part d’ « en soi-même ».

L’Attention zen est supposé pallier à cette discontinuité entre le dehors et le dedans (et réciproquement!). Mais, à ce stade, je pars de loin : mon chien et le sifflement de reconnaissance. Je souligne car, à mes yeux, ses implications sont bien différentes d’une manifestation d’autorité (fut-ce un « prenez garde » hurlé que le mur d’’à côté s’écroule, ou, hum ! qu’un chien vient de s’élancer pour sauter à la gorge du voisin).

Rien n’est jamais exclusif, mais on peut admettre que la toute première démarche intérieure de la « vie intérieure » à son « moi-je », qui est le mien et pas celui d’un autre, et surtout pas celui d’une moyenne statistique… est de situer moi et non-moi. La résonance de ce qui n’est pas moi mais me touche moi, en mon for intérieur ; elle ne peut que jouer un rôle dans l’évolution de l’existence.

L’expression que l’on adopte dépend de son propre environnement, mais le schéma demeure le même, invariable ou de si peu.

Nous reviendrons à mon chien qui fut donc primé, avec ses compagnons (de concours ; ils ne s’étaient pourtant jamais vus, i.e. flairés, auparavant.)

Un interlude sera utile, auparavant billet à suivre

1Chislehurst ne faisait pas encore partie du Grand Londres, et s’en trouvait nettement séparé.

2 août 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 01

 

S’agissant du sens des mots, on comprendra que je consulte les dictionnaires. (Dans le cadre de ce blog, on pourrait dire qu’il s’agit d’une précaution.) Mon but est d’écrire des variations à partir des thèmes majeurs de la philosophie d’Alan Watts.

Mais, ai-je bien défini ce ou ces thèmes sur lesquelles je veux ajouter quelques variationscommentaires aurait convenu aussi, mais généralement il faut pouvoir disposer d’une très large culture pour en faire, qui soient valides et efficients ; le mot commentaires au pluriel est un genre littéraire majeur dans le « monde chinois » (même si comme le haïku japonais il veut ensuite en résumer les développements, à la manière où « prise de la Bastille » signifie la Révolution Française ; dans les faits eux-mêmes, chacun en conviendra, la Révolution est loin de pouvoir se résumer dans la prise d’une vieille forteresse/prison ?

Un révélateur n’est pas un détonateur – aussi déflagrant puisse-t-il être par ailleurs.

La question, pour moi, est rendu difficile (si j’en crois ma consultation de dictionnaires présents sur le Net) par le fait qu’en général « variation(s) » est entendu/posé par rapport à un thème musical ou un motif pictural et que, moi, depuis mon enfance, je l’entends au sens climatique & météorologique. (Dans le fameux Traité du Zen et de l’Entretien des motocyclettes, de Persig, un philosophe de formation, mécano par nécessité, père d’un fils par désir autant que réalité, il est expressement indiqué que Bouddha étant partout, « Il » peut aussi bien être1 dans les circuits électriques d’une motocyclette.)

La question, le point soulevé n’est pas d’une nature et/ou terre géographié d’avec une culture et/ou ciel spiritualisé – les deux ensembles s’excluant mutuellement. Elle/il est que « moi-je2 », il dépend les fluctuations météorologiques aussi bien que les circuits électriques accaparent un motocycliste.

*

Je dois dire en passant que je l’ai longtemps pratiqué moi-même (jusqu’à ce que j’en prenne conscience à le constater chez les autres & sachant que l’autre est moi3…) : sous un angle le syncrétisme est une bonne chose, qui facilite la compréhension de l’ésotérisme ; mais, sous un autre, sa propre intériorité, peut être une dérobade, une absurdité ou une annihilation réciproque. C’est ainsi que l’on a pu se moquer des nouvelles spiritualités en les qualifiant de mentaliltés « super-marché ».

D’un point de vue culinaire, je ne vois pas très bien l’intérêt de « syncrétiser » la recette de la Soupe aux choux et des merguez en grillade, encore moins du Petit Salé et celle de la Sauce au poivre. Quoiqu’il y ait pire : acheter du baba-au-rhum industriel, à s’en défoncer l’estomac, par nostalgie de ceux de grand-mère, qui ne les faisait d’ailleurs au rhum mais à l’eau-de-vie parfumé de framboises fraiches…

C’est un fait.

*

Zut ! J’ai oublié l’argument (son fonctionnement dans l’infrastructure de mon raisonnement) du sifflement de reconnaissance pour chien.

Il reviendra bien… le moment venu… l’Esprit soufflant où il veut...

1Ou non-être.

2ahamkar

3La projection psychologique, correctement utilisée, est un excellent moyen de connaissance de soi.

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31 juillet 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 0,2

Un dernier point pour déblayer le terrain (non pas le cerner, tout demeurant en vrac) :

Le danger que pointe Alan Watts, très tôt après son arrivée aux USA est qu’à ne pas savoir mettre en relation (& fonction) les concepts, dogmes, valeurs, etc. l’étudiant et/ou l’apprenti chercheur spirituel s’interdit par avance toute expérience (toute prise sur le référent d’un signifié privé de signification pratique, « opérationnelle »).

Pour caricatural qu’il soit, mon exemple de la pioche et de son manche, montre bien qu’on peut étudier une pioche (ou la pelle d’un excavateur) séparément de son manche (ou de l’engin et son bras mécanique), on n’apprendra jamais comment s’y prendre (un « comment » assimilable à l’âme vivante de la chose, quelle que soit la nature de la dite chose, son genre divin, humain, animal, végétal ou … numérique et/ou robotique, etc.)…

Incidemment, il en devient impossible de renvoyer dos à dos, les essentialismes et les existentialismes, ainsi que le simple bon sens de la vie et ce que son quotidien nous invite, voire nous contraint à faire.

(Pour les visiteurs pas trop jeunes => c’est toute l’histoire du comique Fernand Raynaud « C’est fait pour ! ». Un enfant demande à son père pourquoi ceci, pourquoi cela, comment ça peut bien marcher, etc : rapidement dépassé, le père finit par se borner à répondre que « c’est fait pour ». Avec humour, quoique ne connaissant pas Fernand Raynaud, Alan Watts s’en moquait en le disant en français => la raison d’être.)

Au bout du compte, tout paraît dépendre de celui qui tient le manche !

Le point de vue de l’enfant, ou de l’animal, est toujours interessant : une grande part des questionnements de Wetering proviennent de la rapidité avec laquelle, lors de la Deuxième Guerre, des amis et quelques autres condisciples de classe, passèrent au statut de « pas hollandais comme les autres », à celui d’ « ennemis », à celui de « à embarquer dans des camions ». Pourquoi ? Parce-qu’ils étaient juifs ! En somme, des gens qui sont faits pour être mis dans des camions. (Pour l’enfant qu’il fut, je souhaite qu’il ne parvint pas à imaginer la descente des camions – tout moyen de transport ayant une destination ; c’est fait pour.)

Svabhoga et svadharma, c’est bien beau, mais ça devient quoi, dans ma pioche et mon manche ? Et, mon sifflement perçu au milieu d’un véritable vacarme, et qui ressuscite toute la force et la beauté de mon chien, où le situer ? Du côté du manche ou du côté de la pioche, ou bien du côté du terrassier ?

On peut se poser les questions. Sauf que je tiens à dire qu’en Tao, rien n’est fait pour ; ni n’a donc de raison d’être. (Autre que celle d’être là).

Inconvénient, je veux dire inconfort ou franc désagrément de parler ainsi :

je n’ai jamais entendu parler d’un terrassier qui se dirait, en lui-même, que « tiens creuser un trou, ce n’est pas une mauvaise chose pour se mettre en appétit avant l’heure de l’apéro » !

Ou, Bouddhâ se disant « tiens mettre en mouvement la roue du Dhârmâ, ça ne peut pas nuire avant la Délivrance » !

Et, ce mouvement qui carbure au Ki, pour l’univers, pourquoi indiquet-t-il à l’esprit humain de se stabiliser dans l’Immobile ?

20 juillet 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 00,1

(Heureusement, l’upaya est précisément là pour tromper samsara dans ses prétentions D’Être le Nirvana ; l’upaya est même le principal moyen pour lier le samsara au nirvana. Traduit par « moyen habile », on pourrait dire qu’il est une illusion instrumentalisée au service de la « vraie » réalité. Mais…)

Aujourd’hui, je voudrais dire quelques mots sur la méfiance que les mots, entendus comme moyen de communication, peuvent et/ou doivent inspirer au chercheur de sagesse.

Au tout début du Tao Te King (dao de jing), il est indiqué que la seule légitimité & utilité & vertu de la vérité d’un mot, d’un Nom, tient à sa constance, sa permanence, sa solidité ai-je envie d’ajouter. On pourrait peut-être en déduire que la vérité & vertu d’un nom est sa totale indépendance quel que soit le contexte sémantique ou la situation du locuteur en relation avec son auditeur.

Très concrètement, c’est nécessaire pour une bonne éducation des enfants.

Malheureusement, je n’ai pas d’enfants. Mais, j’ai eu des chiens et, avec ou sans mot, ils avaient confiance en moi. Quoique je fasse, quelles que soient les circonstances. Pour indiquer ma présence, j’avais une manière spéciale de siffler. C’était un simple son qui n’impliquait aucun ordre, mais seulement que j’étais là.

L’un de mes chiens, un Beauceron au maximum du standard, avait été sollicité pour un concours de chiens en groupe. Mon chien n’avait pas l’habitude de côtoyer tant de chiens différents, ni, encore moins, de se trouver au milieu d’une foule et de bruits si inhabituels. Au moment de sa présentation, il était visiblement effrayé et donnait l’impression de vouloir se cacher au milieu de quatre autres Beaucerons, qui constituaient le groupe soumis aux juges & vétérinaires. Au milieu des spectateurs, j’étais découragé (et je n’osais pas crier son nom ; il aurait pu l’interpréter comme l’ordre de venir au pied. La catastrophe!). Par une céleste inspiration, à n’en point douter, je me suis mis à siffler… à siffler mon nom et le sien, à siffler notre unité de vie. Aussitôt, au moment même où le vétérinaire arrivait à la hauteur du groupe, il se dressa, aux aguets, cherchant où j’étais. Nous eûmes le premier prix de présentation groupée. (Le propriétaire des autres chiens m’avoua que lui aussi s’était senti désespéré et impuissant, juste avant mon sifflement de reconnaissance.)

La différence est immédiatement saisissable : pour le chercheur spirituel, le « signal constant » n’est pas dirigé vers l’autre mais vers soi-même, s’interrogeant sur son inclusion en Tao (j’adore l’expression affirmant qu’en Tao, le premier pas est également le dernier.) Toute réponse est la bonne, ce qui explique les innombrables « wu » (sans et/ou « en absence de ») l’action, l’effort, l’esprit/mental, pensée discursive, etc.)

Selon Alan Watts, tout concept qui renvoie à d’autres concepts est stérile s’il n’est pas nécessaire. Sauf divers cas, lesquels différencient la nature même des autres concepts : par exemple, la fonctionnalité opérante d’une pioche dépend de son manche, bien qu’un manche de pioche puisse servir à d’autres fonctions que piocher : assommer son voisin, tuer son chat, casser le fenêtre de sa voisine, etc. Mais, j’avoue mon manque d’expérience en la matière, n’ayant jamais assommé mon voisin, tué mon chat ou cassé le fenêtre de ma voisine.

La pioche sert à piocher,

mais un manche de pioche peut être détourné de sa destination,

un peu comme la religion qui sert à relier, libérer et apaiser :

mais sert parfois à séparer, oppresser ou faire la guerre.

Un point (d’interrogation) s’ensuit, assez vexant pour quelqu’un qui comme moi s’est assez tôt méfié des « belles paroles » : Comment parvenir à l’unité de sa propre personne sans parvenir auparavant à la cohérence de son discours… (?)

Complémentairement, s’il faut utiliser le sens des mots chez Alan Watts comme signification, il faut aussi, surtout, et du premier parvenir au second : comme perception sensible, comme foi de confiance totale dans la sensation.

Pouvez-vous imaginer la frayeur et l’impression de perdition de mon chien (qui ne s’était jamais trouvé au milieu d’autant d’autres chiens, de gens, de bruits, de divers autres stimuli nouveaux) ; et le soulagement d’entendre ces notes du maître – perdu dans la cohue, au milieu de tous ces brouhaha, tohu-bohu et charivari ?

Un Satori canin, quoi !

Tout comme il advient à notre conscience ordinaire la perception de l’Éveil qui est déjà en nous (et/ou la Voie dans laquelle nous sommes déjà). Tel nirvana au milieu de samsara.

Ps- Ce qui n’épuise d’ailleurs pas le sujet… En consultant des dicos, à vue de nez, il y a environ 500 items relatifs à ce dont je viens de faire allusion.

(L’ésotérisme vivant, dans le cœur aussi bien que l’esprit (entendu généralement, peu ou prou, comme d’abstraction, est supposé, en principe, permettre de saisir l’ensemble de tous ces éléments, à partir de la compréhension de quelques exemples.)

 

 

 

 

20 juin 2018

Alan Watts & le sens des mots - 00

Devoir des Vacs d’Été 18 – 00

 

Je ne sais plus où, Alan Watts se plaignit de constater que nombre de ses étudiants, inclus ceux qui participaient à ses séminaires privés ne saisissaient pas d’emblée qu’un mot n’a aucun sens par lui-même – avant même d’envisager son/ses contextes de lieux et temps.

Plus tard dans l’Été, je reviendrai sur ces questions contextuelles.

Mais, je commencerai par la constatation qu’aucun mot n’a aucun sens du tout par lui-même.

Nous avons les mots qui sont inséparables de leur contraire : le jour sans la nuit, et réciproquement, par exemple. J’y reviendrai probablement aussi.

Pour commencer, je voudrais partir d’un point de vue minimal de l’appartenance d’un mot isolé.

Non pas en tant que catégorie disciplinaire : débrayage > terme de mécanique ;

fig = synonyme d’arrêt

Allons sur le site du CNRTL, à l’entrée bateau.

Nous trouvons : « ouvrage flottant » (ce qui me suffit dans le cadre de ce billet)

Puis, une trentaine ou une cinquantaine d’usage analogique ou comme image/figuré. Je les laisse de côté pour le moment.

Pour le moment, voyons la chose en tant que perception « de l’intérieur » de l’absurdité/incompréhension d’un mot.

Qu’est-ce que l’océan pour un touareg ?

Mais aussi :

Qu’est-ce qu’un bateau sans océan pour y voguer ?

Qui inclut que l’on veuille se déplacer sur l’eau (au risque de se noyer!), dans un but quelconque (donc un mobile, une volonté ou une contrainte).

Nota ; l’idée d’écrire (en chantier ouvert comme pour le reste de ce blog <=> en rectifiant mes erreurs s’il y a lieu mais jamais en me corrigeant ; c’est une recherche d’idées, pas des idées toutes faites)

l’idée d'une rechercher sur le sens existentiel du mot m’est venue en constatant de certains croient que « Samsara Est Nirvana » et que ça puisse expliquer quelque chose ou servir à quelque chose dans la vie d’un chercheur spirituel ou la vie philosophique indépendante de toute institution académique – ou contre-académique du reste.

La première association d’idées est immanquablement : si Samssara Est Nirvana, pourquoi donc chercher un hypothétique Nirvana ?

Samsara + un solide compte en banque = le plus grand des bonheurs possibles. Et n’en parlons plus.

 

27 mars 2018

essai technique 04

Paris, la garde républicaine joue du tambour Arc de Triomphe

5 décembre 2017

Fermeture de ce blog, 1/3

Depuis 2009, dans ce blog, j’entendais réunir le maximum d’éléments divers en vue de « construire ma philosophie ». La particularité de ces dits « éléments » étaient la possibilité d’utilisation par d’autres pour construire, ou aider, à leurs propres philosophies. J’ai mentionné ou indiquer le lien de tout texte en rapport avec Alan Watts, sans faire de différence entre ce qui me plaisait et ce qui me déplaisait. A titre d’exercice, lorsque j’entamais un billet, j’allais jusqu’au bout, même lorsqu’il était évident que j’étais entré dans une impasse. Philosopher, c’est aussi être en recherche, « en exploration » et la mener jusqu’au mur.

Évidemment, ne pas vouloir donner de leçons, à quiconque, j’ai été insuffisant sur un thème central de la philosophie d’Alan Watts : à quoi sert de lire les menus, si l’on ne les mange pas les repas indiqués ; et/ou, à quoi sert de collectionner les recettes, voire les livres de recettes, si l’on ne passe jamais derrière les fourneaux ?

Plus encore, dans ce qui en dérive, je n’ai pas suffisamment dit que les grandes toques sont l’exception, mais que manger à sa faim et, autant que faire se peut, à la pleine, complète et entière satisfaction de ses papilles gustatives – et tout ce qui peut bien aller avec, telle que l’amitié de convives, est proposé à tous.

Fassent les dieux, de tous les cieux, que je ne néglige pas cet aspect dans mes Variations wattsiennes.

Pour assurer la transition, je voudrais dire, par commodité, depuis longtemps, j’ai dégagé les quarante « items » de l’existence et de la pensée d’Alan Watts, lesquels pourraient aisément se dédoubler de leurs compléments ou opposés, ou encore connexes. Totalisons : entre 80 ou 12O éléments majeurs, ça vous donne « Alan Watts, tel qu’en lui-même en ses taos du Tao » (sa propre manière de vivre le mouvement de La Voie).

Les besoins de connexion entre ce blog et le suivant peuvent toutefois se limiter à six thèmes, parmi lesquels j’ai choisi celui qui constituera le fer de lance, ou, pour prendre une image moins guerrière, la colonne vertébrale de ma réflexion : La Paix sur Terre.

 

La vie d’Alan Watts se partage en quatre grandes parties :

la jeunesse anglaise

— l’arrivée à New-York

— l’Université Northwestern

— San Francisco

Mais, il s’avère indispensable de subdiviser la première et la quatrième en deux.

La période anglaise entre Zen et la relation à son Maître spirituel.

La période franciscaine entre péniche SS Vallejo, d’où il connaîtra les sommets de sa notoriété ; et les Monts Tamalpais, ces montagnes sacrés sur lesquelles il achèvera son cheminement «en sa propre voie ».

J’ai remarqué que chacune de ces parts d’itinéraire spirituel suscite ses « fans » comme ses « étudiants » qu’ils soient en admiration ou en désapprobation – et parfois directement de condamnation !

Je reviendrai sur l’ensemble de ces « items », dans telle ou telle de mes Variations.

Pour clôturer ce blog et faire transition, je voudrais simplement dire que mon « item », à moi, suit le regret d’Alan Watts lui-même au sujet de l’oubli des vains efforts que fit son Maître, Dimitrije Mitrinovic (ou, Mitriénovic), pour empêcher la Seconde Guerre Mondiale. (Personne ne voulut l’entendre, et surtout pas certaines personnalités d’Orient, qui, faute d’informations complètes, regardaient avec indulgence ou sympathie le fascisme et le nazisme1.) Cette douloureuse déception du jeune Alan n’est pas pour rien dans sa décision de quitter l’Angleterre, au moment même où il devenait discernable pour tous que la guerre était devenue inéluctable.

À suivre 2/3 et 3/3

PS – Je clos ce blog mais ne le supprime pas – et si je glanais une information toute nouvelle sur ou autour d’Alan Watts, c’est ici que j’en retransmettrais la teneur.

 

 

1Pour comprendre cette attitude, il faut rappeler que jusqu’en 1937 au moins, Mussolini aimait se faire filmer en train de participer aux moissons et que certaines photos de propagande nazie représentaient des rangs de jeunes soldats torses nus une bêche à l’épaule et non pas un fusil. Cet aspect pro-nature, ou du moins « campagnard », ne pouvait que plaire à tout orientalisant et tout oriental opposé aux conséquences sociales de l’urbanisation et de l’industrialisation à outrance. Cette image fleur-bleue fut nuisible à la gnose et « l’ésotérisme » mal compris. En France, ce type d’attitude est jugé d’autant plus sévèrement que le régime de Vichy et la collaboration reprirent ces thèmes – sans prendre en considération que les fusils avaient remplacés les bêches et les obusiers les moissonneuses. On ne peut que noter que cette vision idyllique de l’Orient (souvent opposée à nos sinistres guerres de religion, inquisitions et répressions comportementales bornées & stupide) n’a pas disparue de nos mentalités, induisant des sympathies fantasmatiques de mauvais aloi.

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