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La Philosophie d'Alan Watts

1 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 2/3

(Bien entendu, ce que le précédent billet, citant Needlam disait : « ...à la science occidentale, non ! » s’applique à l’économie européenne; et, au sujet des particularités pathogènes propres à chacun des groupes sociaux, se concrétise également dans ce nouveau groupe qu’est la nomenklatura des institutions européennes.)

Les psychothérapies et les moyens de libération spirituelle ont en commun, nous dit Watts, une transformation de « la conscience du sentiment interne de l’existence personnelle ; ensuite, l’affranchissement de l’individu par rapport aux formes de conditionnement que lui imposent les institutions sociales. »

« La psychanalyse n’atteint son propre accomplissement qu’en se faisant analyse historique et culturelle. », ainsi que l’a formulé Norman O. Brown. L’efficacité de la conversation sur le divan trouve rapidement sa limite (de même que la sphère spirituelle ou la religiosité qui ne seraient que conviction individuelle isolé dans un clos privé et hermétique aux influences sociales et naturelles, qui s’interdirait toute action sur ses conditions de vie. Considérer une meilleure liberté d’action comme preuve de santé mentale ne peut qu’impliquer une exploration de l’ensemble des facteurs inconscients qui prétendent imposer, limiter ou manipuler les contextes d’exercice de cette même liberté d’agir et de se comporter au monde.

La perspective n’implique aucun esprit de nivellement ou de normalisation (autre que celle de qualité et de protection des falsifications diverses).

(« Dans la construction européenne, le principe de subsidiarité, est une règle de répartition des compétences entre l'Union et ses Etats membres. En dehors des domaines de compétences qui lui sont propres, l'Union Européenne n'agit que si son action est plus efficace que celle conduite au niveau des États ou des régions. »1)

On peut tenir pour assuré qu’il existe un « lien karmique » entre l’attitude des européens vis-à-vis de la pauvreté et de l’Islam, les attentats du Bataclan et d’Istambul, l’incurie des politiques qui semble vouloir s’étendre de plus en plus, la « crise européenne », la rivalité interne des anciennes puissances coloniales, la domination américaine, la remontée en puissance de points d’attraction tels que la Chine, le « monde arabe » et la Russie…

et le café noir que moi « je » prends au zinc du bistrot du coin.

Le tissu des liens karmiques personnels, des plus nobles aux plus triviaux sont intégrés au karma collectif, ses lois naturelles, ses fonctions, ses instrumentalisations sociales et ses manipulations politiques.

Cela ne veut en rien signifier qu’il faille (pour une bonne santé mentale ou une libération spirituelle) intervenir sur tous ces points, et beaucoup d’autres. Statistiquement, sur les sept milliards de terriens, le nombre des individus touchés par les balles au Bataclan, à l’Atatürk Airport d’Istanbul et ailleurs demeure infime. Pourtant, métaphysiquement & éthiquement, au niveau d’une conscience personnelle réellement planétisée, chacun, tout un chacun, est le tireur et la victime !

Cette constatation peut amener une sensation d’impuissance et de désespérance, susceptible de faire excellente litière à n’importe quel trouble mental personnel, provient – selon Alan Watts – de la méconnaissance du caractère conventionnel des règles du jeu de la Vie.

Le premier pas vers une bonne santé mentale et spirituelle est de ne pas prendre trop au sérieux les règles du jeu (et de l’ego), tout en sachant qu’elles sont aussi nécessaires que la grammaire, le système métrique ou le code de la route. Corrélativement, comprendre que la relativité de l’injonction de rouler à gauche ou à droite n’implique en rien qu’il soit bon de rouler indifféremment à gauche ou à droite, de passer au feu rouge et de s’arrêter au feu vert selon son bon plaisir, et cœtera !

1Source : http://www.toupie.org/Dictionnaire ; cf. Wikibéral, à l’entrée « subsidiarité ».

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24 juin 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 1/3

Mon idée était de filer le plus rapidement possible vers le dernier chapitre de Psycho. Je m'aperçois qu'il peut être fort utile de s'attarder un peu au tout premier chapitre.

En effet, pour fonder une psychothérapie vraiment scientifique, il faudrait imaginer un thérapeute qui puisse recevoir à son premier rendez-vous quelqu'un tel que le regretté Norbert E. Said (comme pourfendeur des arrières-pensées de l'imaginaire occidentale de l'Orient), au second quelqu'un comme V. Poutine (qui a su créer comme un pacte de non-agression mutuelle avec les Patriarcats de l’Église Orthodoxe, et, tacitement, toutes les religions de Russie et alliés russes), au troisième un Donald Trump (qui est une sorte de Bernard Tapie US ) ; au quatrième un Teng Xiaoping, qui découvrit le marxisme en France, en compagnie de Zhou Enlai, (un Teng qui fut d’abord farouchement anti-religieux et anti-spirituel, puis beaucoup plus libéral – sous réserve, assez logique, de s’assurer que la CIA ne se cache pas derrière cette liberté des cultes comme des expressions populaires « superstitieuses ».

L’ouvrage d’Alan Watts lève le canular ; mais un commentaire de celui-ci deviendrait inutile s’il ne montrait, ou suggérait, la différence de son début et de sa fin. Autrement dit le chemin à parcourir pour aller de l’un à l’autre.

Comme le dit Joseph Needlam (1900-1995)1: « Oui, à la science moderne occidentale ; à la science occidentale, non ! »

Ce qui implique que N.E. Said (1935-2003), V. Poutine (1952-?), D. Trump (1946-?) , Teng Xiaoping (1904-1997) – par-delà le temps et l’espace – venaient à devoir consulter un même thérapeute selon la science occidentale, en raison d’un quelconque malaise ou mal être, que la nosographie se chargerait, -soyons en sûr-, de cataloguer... Eh bien ! Cet hypothétique psychothérapeute occidental pourrait/devrait/serait supposé leur apporter un même réconfort moral sans tenir compte de la situation de guerre du Moyen-Orient, des intérêts de toujours de la Grande Russie, d’un rêve américain ressemblant parfois à des histoires de gangsters ou des modifications cruciales entreprises en Chine au plan économique, mais aussi de la liberté religieuse et démocratique2.

(Étant entendu implicitement qu’une situation de guerre, les sociétés moyen-orientales, les cultures russes, américaines et chinoises ‘profondes3’ ont chacune des agents pathogènes propres.)

&

À jeter un coup d’œil sur l’actualité très immédiate en Angleterre et en France, peut-on ignorer que les pays les plus farouchement pro-européens sont ceux pour qui l’UE est une garantie de leurs propres intérêts économiques et militaires nationaux ? Et, à l’intérieur de chacune des nations, l’existence de particularités identitaires basques, bavaroises, bretonnes, catalanes, corses, écossaises, et cœtera !

Alan Watts, à l’Académie des Études Asiatiques aimait citer A. David-Neel (1868-1969), en préalable de ses propres cours. A. David-Neel, qui comparait la pluralité des aspects et la désunion des instances du « Moi » au parlement de la 3° République.

À mon avis, nulle doute qu’aujourd’hui, elle prendrait la métaphore du Parlement de l’Europe (comme de l’incurie de certains de leurs dirigeants nationaux et régionaux).

&

La prise de conscience de notre ressenti envers la culture dominante comme envers la nature environnante est la première clef d’une « thérapie libératrice » qui soit autre chose qu’une simple conformité aux normes de la respectabilité sociale. (Laquelle se résume trop souvent au service des intérêts économiques de multinationales, indifférentes au respect des particularités culturelles nationales et régionales, tribales, claniques ou associatives. Dans ce domaine, caractéristique de la « Mondialisation », le ‘tout’ n’est pas un ‘plus’ que la somme de ses parties ; il est un moins. La Mondialisation économique n’est pas un ‘plus ‘ ou un ‘mieux’ dans l’existence de chacun – et de chacun dans ses appartenances de groupe. Elle est un ‘moins’, une soustraction du bonheur d’exister comme une dévaluation de la capacité de regarder en face le tragique de la vie.)

1La science chinoise et l'Occident, Paris, éd. du Seuil, 1973, pp 55, 113, 241.

2N’en déplaise à nos sinologues, qui feraient bien de relire dans les Évangiles, la parabole de la paille et de la poutre.

3J’utilise ce mot à la mode, synonyme, semble-t-il, de véritable ; mais en matière de « pathogénie » mentale, il est à noter que le ‘superficiel’ est tout aussi efficace que le ‘profond’. La « pathogénie » atteint son pic lorsque le ‘profond’ et le ‘superficiel’ (=affiché et verbalisé) sont en contradiction antagoniste.

27 mai 2016

Reprise Psy Or Occ - 02,2

Une large part de Psychothérapie se trouve déjà, à l’état embryonnaire, en 1940, dans Signification du Bonheur, clairement exprimée par son sous-titre « La Recherche de la liberté spirituelle dans la psychologie moderne et dans la sagesse de l’Orient. ».

 

Il est piquant et passionnant de mettre trois points en parallèles :

Sur la fin de Signification, Alan Watts cite St. Athanase1 : « Dieu s’est fait homme afin que l’homme puisse être fait Dieu. »

De 1939 à 1941, Watts côtoie fréquemment Sokei-an Sasaki, son second « maître zen », Ecole Linji/Rinzai, (le premier étant Chrismas Humphreys). Il ne peut ignorer que Sokei-an Sasaki (par ailleurs mari de Ruth Fuller Sasaki, belle-mère d’Alan Watts, pour son premier mariage) a écrit « qu’il n’y a pas de moi dans l’homme ni dans le dharma… C’est pourquoi ce qu’on appelle les deux sortes de non-moi signifie qu’il n’y a pas de moi en l’homme et pas de moi dans les choses. »

« Prétendue psyché » est l’expression utilisée en préface de Psychothérapie...2

 

L’avantage de Signification est sa simplicité, sa construction provenant d’un assemblage et d’une mise en forme de diverses conférences qu’il prononça à son arrivée aux USA, pour éviter de dépendre totalement de sa richissime belle-mère. Cela dit, une large part des thèmes de l’ensemble de son œuvre y sont présents : l’homme civilisé se croit divorcé de la nature, mais ce n’est que vaine prétention (p 263) car l’ego est une fonction et non un « soi », la véritable identité à la source de son petit « soi » étant infiniment plus profond et grand que celle de l’individu. Lequel demeure inconscient qu’en une seule cellule de lui-même se trouve tout l’univers. Son « âme » procède d’une seule et même énergie (p 266). LA religion n’est pas celle qui enferme dans les murs institutionnels, mais celle qui mène, amène et entraîne vers la liberté et le bonheur du royaume de Dieu, en nous, « microcosme d’un macrocosme », « par un acte de foi en son propre univers, lorsqu’il fait lever le soleil de son acception sur le mal et le bien qui sont en lui » (p 250).

Un an plus tard, les USA étant entré en guerre à la suite de l’attaque de Pearl Harbor, il n’est pas sûr que Signification aurait obtenu le même honorable succès. (Pendant la guerre, Alan Watts fit ses études de théologie. Sokei-an mourra dans un camp d’internement, l’influence de Ruth Fuller Sasaki n’y pourra pas grand-chose.)

 

Un autre avantage de Signification (par rapport à Psychothérapie) est son sérieux. N’ayant pas encore fait « le tour de la question », Alan Watts n’a pas encore à «contenir son envie de rire ». Il utilise bien des notions ésotériques, mais d’origine théosophique. Malheureusement, la difficulté « théosophique » provient du fait qu’à vouloir se centrer sur l’ésotérisme, elle a crée ipso facto un exotérisme nouveau (teinté de syncrétisme). Dans une première approche, on peut faire la même remarque à propos de Krishnamurti et de Chogyam Trungpa. Inversement, on peut constater qu’à vouloir tout démystifier (« exotériser », si je puis dire), on encourt le risque de devenir incapable de percevoir l’identique derrière ses formes multiples. Ou, corrélativement, par exemple, de percevoir qu’elle est le caractère exact du crime – métaphysique – dénoncé dans un texte tel que « Meurtre dans la cuisine » (contenu dans « Matières à réflexion »).

Nota : Ce dernier alinéa, car je viens de découvrir, avec une certaine tristesse, que le problème des conditions de l’élevage et de l’abattage des animaux est toujours d’actualité en France.

1Athanase d’Alexandrie (298-373), époque où l’on s’interrogeait sur la divinité du Fils de Dieu.

2« Prétendue psyché » peut être entendu au sens d’ahamkara (faux-moi, ou moi-qui-force-à-dire-je) ; ce qui renvoie aussi au yogacâra, lequel n’implique pas que tous nos objets de conscience sont faux, illusoires ou mystificateurs, mais seulement que notre conscience d’être un moi-je est une lunette d’observation dont les verres sont généralement embués ou rayés ou colorés, etc. C’est à ce « changement de lunettes » que fait allusion Alan Watts lorsqu’il dit que la part de nous-mêmes qui voudraient changer les choses est précisément celle qu’il faudrait changer !

3Dans la collection Médiations, chez Denoël-Gonthier.

16 mai 2016

Reprise Psy Or Occ - 02

Il est possible que ce ne soit qu’une « vue de l’esprit » de ma part : la difficulté de résumer cet ouvrage provient d’Alan Watts lui-même, dans son écriture : il a déjà vendu la mèche ! Il cherche une nouvelle expression littéraire (i.e. verbale), utilisant un « langage scientifique » pour énoncer une réalité évidente à ses yeux. De chapitre en chapitre, il explore devant nous les diverses possibilités (et les discours tenus à ces sujets), tout en se contraignant à ne pas laisser prévoir ses conclusions. Son écriture est un peu contrainte, tel un mauvais humoriste dont la difficulté à contenir son rire, en racontant une blague, est trop visible.

L’alternative et la convergence (supposées) ne sont pas entre Orient et Occident (au plan thérapeutique), mais celles d’une adaptation (et toute « guérison » n’est jamais qu’une « adaptation » de l’organisme à son environnement – permettant d’éviter la mort, et une relative autonomie du corps.)

Cette adaptation peut se faire par rapport à la nature ou par rapport à la société.

Adaptation ou adaptation + « libération ». La nature aussi bien que la société manifestent la ‘volonté’ d’imposer un « destin ». Toutes deux « aliènent » l’individu (du moins quand cette notion ou la réalité correspondante existent dans la culture locale envisagée).

Sous cet angle, la grande différence entre l’Orient dit contemplatif et l’Occident dit actif, est au final identique.

Le Christianisme, les monothéismes1 en général, furent réticents, ou opposés, aux « techniques orientales », notamment au Yoga, puis au Zen, précisément parce que l’acteur des dites contemplation & action entend se libérer, guérir, trouver son bonheur, sans l’assistance ou par-delà les lois habituelles de la nature et/ou de la société.

Petite difficulté connexe : dans cet ouvrage en particulier, Alan Watts ne peut ignorer ses lecteurs américains, lesquels doivent composer avec la réalité d’une société dont la clef institutionnelle est « Dieu », dont la pratique peut se traduire de toutes les manières possibles et imaginables, depuis le puritanisme des premiers migrants jusqu’aux églises dont le culte permet de multiplier son chiffre d’affaires ou le montant de son compte en banque. Les dénominations sont si nombreuses… (Ne parlons pas des sectes meurtrières, type suicide collectif de Guyana, mais n’oublions pas que ce phénomène existe… A mon avis, tirons-en la même conclusion qu’Alan Watts : une stricte a-politique. Laquelle ne signifie pas anti-politique, ni non plus notre franchouillard « gouverner au centre ».)

L’ouvrage ne s’adresse en rien aux croyants, ni aux incroyants du reste, mais aux chercheurs de « l’éveil au moi véritable », qui est une affaire intérieure et privée. Pourtant, pour toute intérieure qu’elle soit, la guérison du faux-moi passe par des moyens appropriés au cadre culturel et géographique dans lequel cet éveil il s’effectue. Il ne peut faire l’économie de l’ignorer. L’ensemble de ces concepts et réalités qui y afférent ne sont pas des produits d’import-export. Le transporteur n’offre aucune assurance de fret, ni même de garantie d’origine.

Conclusion et/ou confusion (de pause) pour ce billet :

A la manière de ce religieux2 affirmant que « la meilleure preuve de la Puissance du Diable est qu’il soit parvenu à nous faire croire qu’il n’existe pas. », je serais tenté de prétendre que la meilleure preuve de la souffrance de cette entité fictive qu’est l’ego est le spectacle de l’absence, à moins que ce ne soit la bougeotte, des positions politiques françaises, au sujet de la religion, de la morale, du sexe, de la guerre, etc. quand ce n’est le « sens de l’État » dont, logiquement, ils devraient se réclamer.

1Le matérialisme étant un monisme

2Cité par Jacques Brosse dans ses Grandes Personnes, si je ne m’abuse.

14 avril 2016

Reprise Psy Or Occ - 01

Alan watts l’appellera danse, en conclusion de son ouvrage. Reprenant son compte rendu sous un angle nouveau, je jetterai quelques idées en guise d’introduction. La santé mentale consistant à être et se ressentir en accord avec son environnement, ou encore que toute volonté de changement est pathologique (car prétention de posséder le Vrai et le Bien), que l’instance personnelle ou inter-subjective qu’il faudrait justement changer, ce n’est pas le consultant et/ou malade, mais sa propre volonté d’être autrement que ce que l’on est et/ou le psychothérapeute.

Pour faire image, ou peut-être même bien, pour établir une comparaison : vouloir changer ressemble à l’homme et/ou femme politiques qui a les capacités de parvenir au pouvoir mais aucunement les qualités de son exercice. Ses actions seront toutes influencées par un souci de conserver son pouvoir plutôt que par celui d’en user pour agir. En somme, ce qui était volonté de changement se transforme en volonté de conserver son pouvoir d’agir plutôt que d’entrer dans des actions qui risqueraient de le lui faire perdre. C’est un chien qui se mord la queue.

Et, ce ne peuvent être que de grands malades ces Grands de ce monde, qui veulent gouverner le monde sans être capable de se gouverner eux-mêmes.

Rappel, un adage : le gouvernement le meilleur étant celui qui gouverne le moins (dans le « gestion » de son/ses âmes comme celle de l’État).

Entrer dans la danse est une action, et toute action est intrinsèquement modificatrice de son acteur, certes. On peut l’admettre (ou non), il ne semble pas que ce soit une caractéristique majeure différenciant ou unifiant l’Orient et l’Occident1.

Par contre, il semble que la caractéristique majeure de l’Orient soit que la relation y prime ses éléments, chacun de ceux-ci étant sans cesse en changement. Le yin est indissolublement lié au yang, aussi étroitement que la nuit et le jour, mais leurs places réciproques s’inversent du soir au matin et du matin au soir2. Chacun, surtout en politique, devrait le savoir : le soir, il fait de moins en moins jour ; au matin, il fait de moins en moins nuit. Le soir/nuit/matin/soir est aussi bien un seul « système » que quatre en relation, desquels il est impossible de séparer d’autres systèmes amenant la variété des heures selon les latitudes, les saisons, etc.

(Ici, le gros inconvénient des malades de la politique est leur refus de pondérer la tendance de tout système à rester ce qu’il est, indifféremment des modifications de son champ d’application.)

&

Envisagée sous un autre angle d’approche, on peut songer à l’ordonnancement du tamis de Socrate, par lequel la première tâche est de s’assurer de la Vérité et son degré de crédibilité, la seconde de la Bienveillance et l’apport, le bénéfice pour l’autre, la troisième de l’Utilité et ses degrés. Roger-Pol Droit (dans l’un ou l’autre des deux ouvrages qui l’ont fait connaître du grand public, le premier sur l’Inde, le second sur le Bouddhisme) souligne l’inversion des priorités : dans l’advaïta comme le Bouddhisme, l’Utilité vient en premier, le Bon, l’action bénéfique en second, la Vérité et sa fiabilité en dernier.

Le Laozi, pour sa part, dit en substance que le gouverneur ne doit pas se poser en leader, mais se situer « derrière le peuple ».

Dans tous les cas, le bien et l’intérêt de l’autre est central, l’axe de la stratégie orientale – quelle qu’en soit la formulation et l’expression culturelles.

(Les prochains billets tenteront de tracer l’itinéraire du « changement » à l’adhésion au mouvement.)

 

1A un moment ou un autre, il faudra bien distinguer l’Orient (inclus Moyen-Orient) indo-européen de l’Orient vraiment Extrême de la Chine et des peuples de ses marches. Et aussi, ne pas négliger les influences de ce « monde » indo-européen sur le « monde » chinois, et réciproquement.

2Vrai pour le mouvement du Dao/tao des taoïstes mais aussi des confucéens et néo-confucéens : la jeune fille devenant épouse doit obéissance à sa belle-mère, mais seulement jusqu’à ce qu’elle devienne belle-mère à son tour.

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28 mars 2016

Reprise Psy Or Occ - 00

A la réflexion, je ne puis entamer mes « Variations wattsiennes » sans avoir terminé mon incursion dans Psycho or et occ. Elle pourrait d’ailleurs esquisser le plan de ma toute première « Variation ». Ce qui est une bonne surprise (pour moi), plusieurs entrées dans la philosophie d’Alan Watts étant possibles et légitimes. Je ne parvenais pas à choisir l’une plutôt que l’autre.

Pour ne plus avoir à y revenir, mon avis sur les attentats consiste à la fois à déclarer que je suis de ceux qui pensent que la peine de mort doit être rétablie pour les terroristes (tout comme pour la récidive d’un homicide) ; mais aussi qu’il est criminel de bombarder des populations civiles. L’État étant supposé agir au nom des citoyens qu’il gouverne, je me sens très mal à l’aise à l’idée que je suis – par délégation – un tueur d’enfants et de femmes sans défense alors que personne n’accepte de recevoir la délégation que je veux bien lui accorder de tuer les tueurs ! Les deux devraient, en bonne justice, être indissociables : tuer les tueurs ; éviter de tuer des innocents.

Je passe et n’y reviendrai plus1.

 

Alan Watts, étudiant pour son compte, philosophant par lui-même, pratiquant selon son inspiration, vivant « de ses dons », était un free lance. Un anarchiste libertaire bien différent d’un fonctionnaire appointé. Fonctionnaire soumis à un programme, qui, de bon ou de mauvais gré, doit faire appel à ce que proscrit toute philosophie libre, vraiment libre : l’argument d’autorité et la norme académique. Laquelle se caractérise principalement par le fait de demeurer au niveau du discours. Sans aucun conseil d’hygiène de lecture : par exemple la boisson dont on peut se désaltérer en cours d’étude. Le thé et le café ou le chocolat, le vin selon qu’il est rouge ou blanc, l’eau pure ou gazeuse, etc. qui ont chacun des effets différents sur l’humeur, la perception, l’appréhension et la compréhension des choses. (Pour ne citer que des psychotropes et drogues du cadre légal, aux USA et en Europe de l’Ouest. Passant du grec au latin, Le divin par la « dive bouteille », en somme.)

 

Son dernier livre proprement théologique (Être Dieu2) aura été une préparation théorique à ses ultérieures assertions apophatiques & soulignant la priorité du contenu existentiel sur le contenant doctrinal. Il y inaugurait sa présentation d’une théologie négative, mystique mais pratique, concrète, abordant tous les problèmes, et surtout « faux problèmes » qui empoisonne l’existence. Par exemple, il tente de montrer, de faire sentir, ressentir, que traiter de l’Incarnation conduit notamment à parler de la Rédemption, et réciproquement ; de l’Immaculée Conception, également. Mais, que parler de l’un ou l’autre dogme, ne peut être que du verbiage s’il ne permet pas de saisir, dans son expérience personnelle, que tous ces dogmes, et leurs corollaires immédiats, ne traitent que d’une seule et même réalité. La première caractéristique de cette réalité étant que nous (en tant que conscience d’un « je ») vis dans un corps qui vit lui-même dans un environnement physique, avant même d’accéder au langage articulé. La première des disciplines en devient naturellement de s’immaculer soi-même de tout concept sur la réalité.

C’est sous cette ligne de départ que je voudrais reprendre mes commentaires de Psycho or oc, laissés en plan.

 

Le Dieu des chrétiens (des chrétiens seulement ?) s’est incarné justement pour apporter la rédemption de la chair, l’identité de la chair et de l’esprit dans la divinisation, ou déification de l’homme. Du coup, la question de savoir si Marie est restée vierge à la suite de sa coucherie avec l’Ange en devient une dispute byzantine. La forme du vocabulaire utilisée peut choquer les rationalistes ; le fond de nature à choquer les « croyants en biblio-latrie » sans aucune expérience du contenu des mots auxquels il « croit », mais se persuadant qu’ils DÉTIENNENT le bon discours. (Le détenant & lui étant donc extérieur.) Les manipulateurs politiques peuvent s’en servir à leurs fins.

(Ainsi Al Hallaj fut crucifié le 27 mars 922, ayant osé déclaré ANA AL HAQQ, « je suis la Vérité », pour des motifs plus politiques que théologiques ou – encore moins ! – spirituels.

NOTA : c’est la traduction la plus courante. Variante => « dans le vrai ». Il est bon d’envisager une connotation de type « Moi en réalité » ou « Moi-je dans sa réalité »… laquelle, bien sûr, puisque « réelle » ne peut être que « vraie ». Illustration, sous un autre aspect, de l’avertissement d’Alan Watts de bien discerner « Dieu qui se prend pour moi »

incarnation « divine » en chacun ; et « Moi qui se prend pour Dieu », un ego-centrisme un tantinet schizo et/ou parano… On peut noter aussi que, derrière ce « Dieu qui se prend pour moi », le référent est la présence du divin en soi-même, au minimum l’enfançon taoïste appelé à grandir jusqu’à exclure le moi humain, dépasser les limites du corps et s’en aller voler par le ciel plus haut que les grues, ces oiseaux magnifiques à la fidélité « conjugale » absolue et définitive.

Maintenant, tout cela dit, un vif pincement de mon orteil gauche vient de m’apporter la preuve existentielle & expérimentale – en ce qui me concerne – que je ne suis pas prêt à rejoindre le vol céleste des grues !)

&

Je voudrais pour terminer ce billet citer Albert Einstein (1879-1955) A propos de l'Univers...

« Un être humain est une partie d'un tout que nous appelons: Univers. Une partie limitée dans le temps et l'espace. Il s'expérimente lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose qui est séparé du reste, une sorte d'illusion d'optique de la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous restreignant à nos désirs personnels et à l'affection de quelques personnes près de nous. Notre tâche doit être de nous libérer nous-même de cette prison en étendant notre cercle de compassion pour embrasser toutes créatures vivantes3 et la nature entière dans sa beauté. »

Selon « The New York Times » (29 Mars 1972) et « The New York Post (28 Novembre 1972), cette citation provient d’une lettre écrite par Einstein en 1950. (citation trouvée dans le site Psycho-textes, basé à Montréal)

 

1Mais, j’apprends, par hasard, comme d’habitude, que le rétablissement de la peine de mort pour certains délits serait une position d’extrême-droite. L’énonciation d’une nécessité ne pourrait-elle se positionner « au dessus » ?

2Titre original Beyond Theology. Ce qui, au final, veut dire « Au delà de tout discours sur la divinité de dieu » ;

ce qui est presque le reproche fait à El Hallaj. Il ne s’est jamais prétendu Dieu, ou incarnation du divin, mais uni à la Vérité de l’Amour (porté à) Dieu.

3Par exemple, un enfant qui se trouverait au mauvais endroit d’un mauvais moment du passage d’un éclat de bombe larguée par un avion français venant le tuer ou l’estropier. Qui, dans un tel cas, prononce la sentence de mort ou d’estropie ? Ponce Pilate ?

18 novembre 2015

Fluctuac nec mergitur

(Pause)

Faute d'avoir l'envergure nécessaire pour traiter les actuels événements ''en philosophe'' ou « avec philosophie » (mon argumentation risquerait bien trop de paraître impertinente, si ce n'est indécente et/ou offensante pour les victimes ; celles de France, celles de l'avion civil russe, celles des populations ''locales'' prises en otages), j'ai décidé d'en arriver directement à ma conclusion visée : la manière par laquelle Alan Watts exprime la supercherie de l'upaya bouddhique.

Il nous raconte que la population d'un petit village de pêcheurs, d'une topographie semblable à celui de Fukushima, est occupée sur la plage à divers de ses travaux habituels. Un villageois est contraint de remonter au village pour remplacer son outil endommagé, ou quelque autre obligation équivalente.

Il aperçoit au loin un tsunami de grosse importance (invisible depuis la plage).

Il allume promptement une torche et met le feu à sa maison.

Pour renforcer la force du message, il met également le feu aux maisons voisines.

En quelques minutes, le village est un immense brasier.

Les villageois voyant la catastrophe remontent au plus vite pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore.

Tous les villageois sont sauvés d'une noyade certaine & absolument inévitable.

L'histoire ne dit pas si l'incendie est finalement limité dans ses dégâts ou si le village est entièrement à reconstruire – mais par de solides bras préservés de toute blessure directe ou indirecte due au tsunami !

Dans le contexte, c'est une métaphore à la fois d'ordre mental et spirituel, qui pourrait donner lieu à plusieurs « moralités ».

Je voudrais relever l'analogie pouvant être faite avec le rapport des moyens et des fins.

Le moyen est ici pleinement justifié par l'urgence de la situation comme par l'immédiateté & efficacité de sa fin, et un résultat dépourvu de tout « dommage collatéral ».

 

Ma pause devrait se poursuivre jusqu'en février 2016.

23 octobre 2015

Petit billet d'humeur

Je voudrais faire une confidence : je n'appartiens, ni n'ai jamais appartenu aux Services Secrets. Pas plus qu'à un quelconque organisme de renseignement. Mais, j'ai eu cette chance inouïe (en classe de 4° ou 3°, plus probablement 4 que 3) qu'un professeur nous enseigne (en une dizaine de minutes!) que le meilleur moyen d'acquérir une culture politique est d'apprendre à lire les journaux, d'aller trouver les informations fiables et/ou significatives au milieu du fatras des actualités et des controverses d'articles dits d'analyse, de réflexion ou d'opinion (pas toujours affichée telle). Un peu plus tard, il se peut dans le même temps, via les romans de gare (en un temps où prendre le train laissait le loisir d'en lire), également par la lecture de revues d'histoire, j'ai pu suivre une formation complémentaire en traitement de l'information. Et son domaine connexe : l'art de l'intox. Ce dernier peut servir aussi dans la voie spirituelle: la seule différence est la victime, qui n'est plus l'autre, mais soi-même1. Toutes choses constituant un pilier majeur du Renseignement…

J'ai bien envie de déclarer que le grand public français cultivé un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout n'a aucune culture politique et qu'il est remarquablement mal renseigné. On me fera remarquer que cela n'a rien d'une caractéristique nationale, sinon la gué-guerre droite-gauche – et réciproquement, surtout quand on voudrait se faufiler par le milieu! (Lire : sans dépendance politique partisane).

La dispute est un plaisir intrinsèque de la philosophie. Elle est un lieu de relation d'exubérance & sympathie confondues, de même émotion d'allégresse du désir partagé d'explorer la différence des idées et points de vue. L'un des avantages de la dispute est d'en apprendre la tromperie de l'identification aux mots, les insuffisances et carences du discours comme celles des non-dits ou de la « langue de bois ».

Je viens seulement de prendre connaissance de diverses disputes ayant eu lieu ces derniers mois. Purement verbales et quasi exclusivement franco-française, voire «Paris-province», d'aucune utilité pratique immédiate. La notion de Village global, du milieu du xx° siècle2, semble bien n'y tenir aucune place. Si aucune empathie n'est permise entre gens de gauche et gens de droite d'un même pays…. Alors, entre pays, cultures, religions, civilisations, vous pensez !.… autant se taire !

Découvrir et disputer des concepts et idées, notions ou valeurs et pratiques extra-européennes serait pourtant bien utile aux «rapprochement entre les peuples 3».

L'«esprit» de Paix mondial commence par une compréhension empathique et sympathique (pourquoi pas ?) des autres civilisations.

&

D'autre part, en juxtaposition/opposition/contrefort & marge de mes propos directement inspirés de l’œuvre ou de la vie d'Alan Watts, consulter

http://www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-505_fr.html

 

 

1Mettons comme Adolf Hitler qui s'auto-intoxiqua sur un débarquement allié dans le Pas de Calais, alors que celui de Normandie s'achevait.

2 Ou Village planétaire, expression de Marshall McLuhan, dans The Medium is the Message, pour désigner la mondialisation des esprits.

3Expression signifiant trop souvent : rejoignez mon camp, ou tel ou tel camp occidental ! Un néocolonialisme mental.

28 septembre 2015

Devoir de Vacances 10 (et dernier)

(Théodore Roszak 2)

A partir de Roszak, je suis parvenu de fil en aiguille à relire Un bonheur insoutenable, d'Ira Irving. Ce roman, d'un avis qui semble général, ne vaut pas au plan littéraire Orwell (1984 et son Big Brother), ni Aldous Huxley (Le Meilleur des Mondes), mais en constitue comme l'aboutissement logique au niveau d'une Science-Fiction « sociétale ». Voici une quarantaine d'années, je lisais beaucoup de S-F, deux ou trois par semaine. Je rêvais d'une humanité qui unirait un cerveau de moine et yogi tibétains à un appui technologique selon les lois de la robotiques (Isaac Asimov).

Théodore Roszak m'y a renvoyé, mais une anecdote m'est revenu en mémoire, (In my own way, p 156), au sujet l'évitement de toute doctrine dans les propos que tient Krisnamurti, Aldous Huxley disant de celui-ci que « Personne ne lui rappelle autant le Bouddha que Krishnamurti » à quoi Jano (la troisième et dernière épouse d'Alan Watts) lui rétorqua

« Pourquoi, vous l'avez connu ?

Non, mais que dire1 d'autre ? »

De cet échange, Alan Watts commente qu'il est moins puriste, et considère que les doctrines (le dire), etc. sont des outils à utiliser (une Connaissance à pratiquer) mais que qu'ils n'obligent pas à en devenir des fidèles (adopter un système de croyance presque exclusivement verbal).

Le titre original du roman d'Irving est This perfect Day, qui signifie implicitement que le But de l'Histoire humaine est atteint et qu'il n'y a donc plus rien à espérer de l'à venir, ni à modifier, mais seulement à se féliciter du jour présent et à se congratuler mutuellement de l'immense chance que nous avons de le vivre. Cette satisfaction du présent peut faire penser à quelque chose de l'ordre d'un accent ou d'une teinture bouddhiste2. Cette ressemblance est trompeuse : la voie spirituelle ne vise pas à changer le monde, ni même soi-même en tant qu'agent social et politique dans le monde, mais la manière d'être au monde tel qu'il est et va, ET dont « je » fais intrinsèquement partie. Il faut bien voir que cette partie de soi qui veut changer mais qui est précisément celle qu'il faudrait changer, que brocarde parfois Alan Watts, est cette part de nous-même qui ne s'acceptant pas dans ses échecs et ses insuffisances, qui aimerait, grâce à la spiritualité devenir un type tellement nec plus ultra qu'il lui suffirait de s'asseoir en lotus à n'importe quel coin de rue pour que les passants s'assemblent alentour et se prosternent. Toute volonté de perfection (psychologique) est nuisible. Mais, largement véhiculée par la publicité, etc. et……. les utopies sociales3.

On notera au passage que toutes les utopies et dystopies sont post-médiévales et exclusivement occidentales4.

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Disons que ce bonheur est insoutenable, car tout bonheur humain est inséparable de la liberté et de la créativité.

Et aussi, que le plus insupportable de cette Ordi (nateur central et unifié) Dictateur est sa prétention de qualifier, caractériser, modifier éventuellement, la nature personnelle (psychologique) de chacun des membres de la société en fonction des besoins de fonctionnement. Jadis, on commentait l'adage « la fin justifie les moyens ». Dans le roman d'Irvin, comme la technocratie dénoncée par Roszak et Watts, les moyens se justifient par leur efficacité, sans qu'il y ait lieu de s'interroger sur leurs besoins, leur utilité pour le développement humain, etc. bref sans questionnement du sens et des fins de cette utilité.

 

 

 

 

 

 

 

1C'est moi qui souligne ; effectivement la Voie n'est pas dans le langage, ni dans la direction qu'il peut indiquer.

2Le fait est qu'il existe un « bouddhisme social et politique » qui, lui, en écho, possède des tonalités utopiques. C'est oublier que toute volonté de transformation sociale implique l'absolue nécessité d'admettre la possibilité de l'usage de la violence.

3La Paix monastique peut fournir un certain modèle de structures sociales et économiques, dont la société civile ferait bien selon moi de s'inspirer, mais fondamentalement elle une évocation/invocation/cérémonie de Retour à l'état adamique et/ou une préfiguration du paradis céleste dans le cœur de chacun.

4Les historiens peuvent signaler divers mouvements quasi messianiques en Orient, donc peu ou prou « utopiques », tout au long des 5000 dernières années. Sauf erreur, tous se sont terminés dans un bain de sang ! Au fond, à des degrés divers, tout prosélytisme est virtuellement porteur de violence.   

12 septembre 2015

Devoir de Vacances 09

(Théodore Roszak)

Théodore Roszak (1933-2011), romancier et sociologue, a été professeur émérite d'Histoire à la célèbre Université de Berkeley, San Francisco, où il a vécu la majeure partie de sa vie. Il a passé plusieurs années à Londres comme Rédacteur en chef des Nouvelles de la Paix (Peace News), qui pourrait – quant à son esprit – se traduire aussi bien pas « Informations sur la Paix » ou « Les actualités de la Paix ». (J'ai toujours été étonné de constater qu'à lire les journaux, on pourrait croire que notre planète vit dans un immense bain de sang, dont ne sortent indemnes que les magouilleurs économico-bancaires. Pour ma part, j'aimerais lire des nouvelles du style le Colonel X et le Colonel Y sont parvenus à un cessez-le-feu local provisoire permettant à leurs régiments de se repositionner en évitant de se massacrer mutuellement.)

Mais, à Seigneur tout honneur, je voudrais rapporter ici ce qu'il dit d'Alan Watts, dans l'ouvrage qui l'a rendu célèbre Vers une Contre-Culture, Stock, 1970 (The making of a counter culture, 1968,1969), p157-158) : « Outre Gary Snyder, il y avait Alan Watts, qui avait commencé depuis peu à enseigner à l'école des Études asiatiques de San Francisco, après avoir quitté son poste de conseiller anglican à la Northwestern University. Lorsqu'il avait gagné San Francisco, Alan Watts qui n'avait que trente-cinq ans en 1950 avait déjà publié au moins sept ouvrages sur le zen et le mysticisme religieux. (…) Des deux (avec D.T. Suzuki), je crois que c'est Watts qui a eu la plus grande influence car, souvent au risque d'une vulgarisation excessive, c'est lui qui a fait le plus pour traduire les vues du zen et du taoïsme dans le langage de la science et de la psychologie occidentales. (...1) les travaux de Watts comprennent des réussites aussi incontestables que son livre psychothérapie orientale et occidentale2. ...(le zen) une illumination personnelle qui se produit à l'improviste, sans préparation proprement intellectuelle. La meilleure manière d'enseigner le zen semble donc être de parler de tout autre chose... »

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Par ce parler d'autre chose pour « dire » vraiment que « la voie » (et tutti quanti) consiste à n'être ni pour ni contre rien, mais ce n'est évidemment jamais mis en pratique, la chose étant considérée comme aussi illogique que de prétendre être d'extrême-droite, d'extrême-gauche, parfois de droite, parfois de gauche, mais le plus souvent au centre, et jamais – au grand jamais ! –. sans-opinion. (C'est seulement depuis une quarantaine d'années que j'ai compris que Gautama le Bouddha, lorsqu'il recommande de « cesser de chérir les opinions », inclut dans « opinions », les « valeurs », tout jugement de valeur, donc tout système de valeurs. Il est assez bizarre et incongru, me semble-t-il, que des milliers de gens aient pu mourir ces dernières années pour « la défense des valeurs bouddhistes ». Comment s'étonner ensuite qu'un Arthur Kœstler, par exemple – simple exemple, puisse déclarer que « leurs valeurs » d'Orient ne valent pas mieux que « nos valeurs » d'Occident ?)

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Pour en rester à Roszak, personnellement, je trouve intéressant qu'il traite les sujets d'actualité en sociologue et d'éléments intemporels en historien – sans jamais pour autant se réfugier derrière les frontières de l’École Traditionnelle ou «guénonienne», à la française. Comment concevoir un espace à parcourir sans temporalité ? A priori, c'est idiot ! (Sans compter que le langage s'en trouverait banni, quasiment !3)

 

à suivre...

1Ici est rapporté l'opposition et/ou résistance des « square zen ».

2Indiqué simplement Psycho… dans ces présents billets.

3D'un autre côté, le zen est dit « sans pensée », être une conscience sans pensée… Mais, bien sûr, si vous êtes étudiant en Sciences Humaines, utilisez des expressions et termes tels que doxa ou Noble Silence !

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